BILAN 2014 DU RÉSAPATH - La Semaine Vétérinaire n° 1651 du 20/11/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1651 du 20/11/2015

Décryptage

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Le Résapath publie un rapport annuel sur l’évolution des résistances des bactéries pathogènes chez les animaux.

Qu’est-ce que c’est ?

Le Résapath1 est un réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales. C’est un système de surveillance passive, fondé sur la transmission volontaire des données d’antibiogrammes par les laboratoires adhérents au réseau (69 en 2014). Il est animé par deux laboratoires (Lyon, en Rhône-Alpes, et Ploufragan-Plouzané, en Bretagne) de l’Agence de sécurité sanitaire (Anses). Il apparaît sous sa forme actuelle en 2001 par l’union du réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes des bovins (le Résabo, créé en 1982) et du dispositif de surveillance des bactéries pathogènes des porcs et des volailles mis en place à partir de 1998 à la demande de la Direction générale de l’alimentation (DGAL).

Quel est son objectif ?

Le réseau suit l’évolution de la résistance des bactéries prélevées dans le cas d’affections chez les animaux, et participe au bon usage des antibactériens. Il est pilote de la mesure 11 du plan ÉcoAntibio 2017. Il dégage des tendances d’évolution des résistances, participe à la confrontation des données observées chez l’homme et l’animal au sein de l’Observatoire national de l’épidémiologie de la résistance bactérienne aux antibiotiques (Onerba), collecte et conserve des souches d’intérêt en vue d’études approfondies, et apporte un soutien scientifique et technique aux laboratoires adhérents.

Comment fonctionne-t-il ?

Les laboratoires adhérents (publics et privés) transmettent les données des antibiogrammes effectués à la demande des vétérinaires à partir de prélèvements pratiqués chez des animaux malades. Le nombre d’antibiogrammes collectés est en augmentation constante : 36 989 en 2014, environ 5,5 fois plus qu’en 2005, essentiellement grâce au recrutement de nouveaux laboratoires au sein du réseau. Afin de disposer de données comparables, les antibiogrammes sont effectués selon la technique référencée dans la norme Afnor NF U47-107 (diffusion en milieu gélosé), et interprétés selon les recommandations du Comité de l’antibiogramme de la Société française de microbiologie (CA-SFM humain et vétérinaire).

Quelles espèces sont concernées ?

Historiquement, il s’agissait des bovins, puis des porcs et des volailles. À partir de 2007, le champ d’action du réseau est étendu à toutes les filières animales : bovins, volailles, porcs, chiens, chats, chevaux, lapins, poissons, etc. En 2014, 27,7 % des antibiogrammes proviennent des bovins, 22,2 % des volailles, 18,9 % des chiens, 8,9 % des chevaux, 7,6 % des porcs, 5,2 % des chats, 3,5 % des lapins, 1,9 % des ovins, 1,2 % des caprins, 0,5 % des poissons et 2,4 % d’autres espèces (rongeurs de compagnie, oiseaux de volière, poissons d’aquarium, serpents, etc.).

Que contient son rapport annuel ?

Tous les ans, le Résapath publie un bilan des données collectées durant l’année précédente, une fois écartées les données incomplètes ou inexploitables. Il se présente sous la forme d’un rapport partagé en trois parties :

– les résultats par espèces animales avec les faits marquants et les grandes tendances ;

– des focus sur des points particuliers : tendance de la résistance d’Escherichia coli, multirésistance, etc. ;

– les indicateurs de performance du réseau.

En annexe est présentée en détail la répartition des antibiogrammes, par espèces et catégories d’animaux et selon le type d’affection, avec la proportion de bactéries sensibles à chaque antibiotique testé. Par exemple, 100 % des souches de Pasteurella multocida isolées en 2014 chez de jeunes bovins dans le cas d’affection respiratoire étaient sensibles à la Marbofloxacine et 89 % à la Danofloxacine, pour un nombre total de 169 antibiogrammes.

Bovins

93 % des antibiogrammes effectués pour des adultes concernent des mammites. Chez les jeunes, il s’agit de troubles digestifs dans 72 % des cas (12 % concernent les affections respiratoires). Escherichia coli est le germe testé dans la moitié des cas, dont 53 % lors de maladie digestive (veaux) et 17 % lors de mammite. Les profils de résistances diffèrent selon l’origine : les souches digestives d’E. coli (veaux) sont à 83 % résistantes à l’amoxicilline, à 8 % au ceftiofur et à 15 % à la cefquinome, alors que respectivement 29, 2 et 3 % des souches de mammites sont résistantes. La résistance au florfénicol continue de baisser : 21,5 % en 2014 contre 25 % en 2012. Les streptocoques (S. uberis à 83 %) concernent 19 % des antibiogrammes et les staphylocoques à coagulase positive, 7 % (surtout des S. aureus).

Porcs

48 % des antibiogrammes concernant l’espèce porcine proviennent de prélèvements effectués chez des porcelets, 17 % chez des truies. 35 % sont issus d’affections digestives, 17 % respiratoires, 13 % urinaires et 11 % septicémiques, avec une prédominance des E. coli (56 %), Streptococcus suis (13 %), Actinobacillus pleuropneumoniae (6 %) et Pasteurella multocida (5 %). 43 % des E. coli sont sensibles à l’amoxicilline, 97 % au ceftiofur, 89 % à l’enrofloxacine et de 28 à 47 % vis-à-vis de la tétracycline, du triméthoprime et de son association avec des sulfamides.

Volailles

Les poules et les poulets regroupent 61 % des antibiogrammes, les dindes, 18 %, et les canards, 14 %. 72 % des bactéries sont des E. coli (77 % en poules et poulets, 50 % pour les canards). 51 à 68 % des E. coli sont sensibles à l’amoxicilline, 29 (canards) à 55 % (poules et poulets) à la tétracycline, et 90 (canards) à 95 % (poules et poulets) à l’enrofloxacine. 4 % des Staphylococcus aureus sont résistants à la méticilline.

Chevaux

46 % des antibiogrammes concernent la reproduction, 22 % les affections respiratoires et 18 % celles de la peau et des muqueuses. Streptococcus est le genre le plus fréquemment testé (34 %), suivi par E. coli (21 %, dont les deux tiers en pathologie de la reproduction) et les staphylocoques à coagulase positive. 5 à 7 % des staphylocoques dorés sont résistants à la méticilline (c’est la plus forte proportion parmi les espèces animales en France).

Chiens

75 % des antibiogrammes sont effectués chez des adultes, et l’âge n’est pas précisé dans 20 % des prélèvements. Il s’agit d’otites dans 20 % des cas, de maladies de la peau ou des muqueuses dans 21 % des cas, et d’affections urinaires et rénales pour 20 %. 29 % des souches sont des staphylocoques à coagulase positive (otites, dermatites), 19 % des E. coli (isolés dans des affections urinaires et rénales), 10 % des Pseudomonas et 8 % des streptocoques. Les taux de résistance à la pénicilline G des staphylocoques isolés chez le chien sont élevés : 64 % dans les otites, 75 % en dermatologie, et 69 % en pathologie urinaire.

Chats

Dans 90 % des cas, les antibiogrammes sont effectués pour des adultes, les affections urinaires étant les plus fréquentes (38 %), ainsi que les maladies respiratoires (20 %). Les bactéries les plus souvent testées sont E. coli (25 %, surtout dans les affections urinaires et rénales), les staphylocoques à coagulase positive (13 %) et les staphylocoques à coagulase négative (12 %, là aussi surtout dans le cas d’affections urinaires et rénales). Pour E. coli, la résistance est la plus élevée vis-à-vis de l’amoxicilline (36 %), la streptomycine (41 %) et la tétracycline (38 %).

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr