La douleur, une notion difficile à appréhender pour les éleveurs

Afin de mieux connaître la manière dont la douleur est perçue en élevage, des entretiens ont été menés auprès d’éleveurs de porcs de plusieurs régions françaises. Il ressort, d’une part, que la nature de l’élevage (conventionnel, sous label ou de production biologique) ne préjuge pas de l’attitude des éleveurs face à la douleur de leurs animaux. D’autre part, les éleveurs répertorient diverses formes de douleur : celles associées aux pratiques d’élevage (castration, caudectomie, etc.), aux accidents (boiteries), les douleurs physiologiques (lors de mise bas, par exemple) et psychologiques (comme le stress du sevrage).

Une grande variabilité dans la notation

Lorsqu’il s’agit d’évaluer l’intensité du phénomène sur une échelle de 1 (pas de douleur) à 10 (douleur intense), les appréciations varient considérablement selon les situations : des notes de 1 à 9 sont attribuées dans certains cas (caudectomie ou diarrhée), de 1 à 6 pour d’autres (bouclage, injection) ou encore de 3 à 9 lors de castration et de boiterie. Ramenées à des notes moyennes, il ressort que les boiteries (6,9), la castration (5,9), la mise bas (5,1) et les diarrhées (4,8) sont perçues comme les situations les plus douloureuses. Cette étude a aussi permis de mettre en exergue le fait que les éleveurs attachent surtout de l’importance à l’état général de leurs animaux, mais peu d’entre eux s’interrogent réellement sur la douleur potentiellement ressentie, qui est un facteur de dégradation de cet état. Ils sont preneurs de solutions pour identifier les causes des douleurs et tenter de les éviter, plutôt que devoir soulager les animaux par des moyens médicamenteux. Le rôle de conseiller du vétérinaire est donc primordial.

• Courboulay V. La question de la douleur en élevage. Ifip, 2014.