Consommer des insectes : l’Efsa n’est pas alarmiste, mais… prudente - La Semaine Vétérinaire n° 1647 du 23/10/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1647 du 23/10/2015

SANTÉ PUBLIQUE

Actu

Auteur(s) : Nathalie Devos

Comme dans beaucoup d’avis scientifiques, les rapporteurs jugent que d’autres études seront nécessaires pour affiner l’estimation des risques potentiels de cette source alimentaire.

La Commission européenne cofinance actuellement un projet de recherche destiné à étudier la faisabilité d’utiliser des protéines d’insectes d’élevage pour l’alimentation animale, mais aussi humaine. C’est dans cette optique qu’elle a sollicité un avis scientifique de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) sur les éventuels risques liés à la production, à la transformation et à la consommation de cette source alternative de protéines. L’Efsa a rendu public son avis le 8 octobre dernier1.

Sa principale conclusion est que « si des insectes non transformés sont nourris avec les aliments pour animaux actuellement autorisés, l’apparition potentielle de contaminants microbiologiques devrait être similaire à celle observée dans d’autres sources non transformées de protéines ».

Les scientifiques ajoutent que « la présence de prions devrait être égale ou plus faible que celle observée dans les sources traditionnelles de protéines animales, si le substrat ne comprend pas de protéines humaines (fumier) ou issues de ruminants ».

En revanche, l’avis met en exergue qu’il existe très peu de données disponibles sur les contaminants chimiques susceptibles d’être transférés depuis les différents types de substrat vers les insectes eux-mêmes, ainsi que l’impact de ceux-ci sur la santé des animaux et des humains.

Encadrement spécifique des conditions d’élevage

Les rapporteurs soulignent que les substrats utilisés et l’environnement influençant fortement le microbiote des insectes, les mesures de protection habituellement employées dans l’univers de l’élevage doivent, par conséquent, être appliquées à l’univers des insectes.

Le rapport pointe enfin un élément qui méritera des études supplémentaires : le pouvoir allergénique des insectes via l’alimentation, pour lequel les données sont peu disponibles.

Les scientifiques préconisent donc que, dans le cadre de la production de protéines ou de matières grasses, les insectes fassent l’objet d’un traitement thermique, au même titre que les sous-produits animaux. Ils se réfèrent, pour ce conseil, au règlement communautaire du 21 octobre 2009, dans lequel il est précisé que « les sous-produits animaux non destinés à la consommation humaine constituent une source potentielle de risques pour la santé publique et pour la santé animale ».

L’ AVIS DE LA FRANCE

En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a, pour sa part, donné son avis sur les dangers potentiels liés à la consommation d’insectes, en avril dernier. Cette liste pointe notamment des substances chimiques (venins, facteurs antinutritionnels, médicaments vétérinaires utilisés dans les élevages d’insectes, pesticides ou polluants organiques présents dans l’environnement ou l’alimentation des insectes, etc.), des agents physiques (parties dures de l’insecte comme le dard, le rostre, etc.), des allergènes communs à l’ensemble des arthropodes (acariens, crustacés, mollusques, etc.), des parasites, des virus, des bactéries et leurs toxines ou encore des champignons. Enfin, l’Anses met en exergue les conditions d’élevage et de production, pour lesquelles il conviendrait de définir un encadrement spécifique permettant de garantir la maîtrise des risques sanitaires.

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