Échinococcose : le rôle du chat dans le cycle parasitaire paraît négligeable

Le chat, comme le chien, est un hôte définitif d’Echinococcus multilocularis. Mais, « à l’inverse des canidés, [son] rôle dans le cycle du parasite demeure ambigu, malgré une fréquence de prédation de rongeurs généralement beaucoup plus élevée », indique le laboratoire national de référence (LNR) Echinococcus spp. (Anses) dans son dernier bulletin¹. De précédents travaux expérimentaux montrent un développement retardé des vers et une excrétion d’œufs minime chez le chat. Pour vérifier ces données en situation naturelle, 321 fèces de chats domestiques ont été prélevées en zone de forte endémie². La présence d’ADN d’E. multilocularis a été identifiée par polymerase chain reaction (PCR) en temps réel dans 3,1 % des échantillons (une prévalence supérieure aux données précédemment obtenues, qui s’explique par la technique employée³). Toutefois, aucun œuf n’a été observé. Des prélèvements ont également été effectués sur 19 chats victimes de collisions routières. Seuls deux étaient porteurs du parasite, mais seulement sous forme de vers immatures, et ce en grande quantité (7 040 et 680 vers). « Les fortes charges parasitaires de vers immatures représentent a priori le début de l’infection et il est très probable que le développement de ces vers soit retardé (car stade de développement très rarement observé chez le renard), conduisant probablement à des charges beaucoup plus faibles de vers matures, expliquent les auteurs. Les données d’infestations naturelles obtenues dans cette étude sont similaires à celles obtenues expérimentalement, avec un développement difficile des vers induisant une absence ou une excrétion minimale d’œufs. De plus, les œufs obtenus par infection expérimentale de chats n’entraînent pas de lésions larvaires hépatiques après ingestion orale par les souris, même si des œufs totalement développés ont déjà été retrouvés dans des fèces de chats mais sans réalisation de test d’ingestion. Donc, si on ne peut pas totalement éliminer le risque zoonotique pour E. multilocularis lié au chat, celui-ci doit être considéré comme très faible avec un rôle insignifiant dans le cycle parasitaire comparé au renard et au chien. »

• 1 http://bit.ly/1jlQl5c.

• 2 Umhang et coll. E. multilocularis detection in the intestines and feces of free-ranging domestic cats and European wildcats from northeastern France. Vet. Parasitol., 2015, in press.

• 3 Le diagnostic est généralement réalisé par PCR après un premier screening par copro-Elisa ou flottaison. La possibilité de détection dans les fèces pendant la période prépatente, due à la présence d’ADN des vers et non des œufs, explique grandement cette différence.