Morsures canines : des critères de prévention à revoir

L’approche classique concernant la prévention des morsures canines consiste à penser que la plupart d’entre elles sont prévisibles, donc évitables. En conséquence, la communication à l’intention du grand public va dans ce sens et enseigne le langage corporel des chiens, l’évaluation du risque et le comportement à adopter pour empêcher la survenue d’une morsure. Deux chercheuses de Liverpool¹ (Grande-Bretagne) se sont penchées sur la pertinence de cette approche. Elles ont réalisé une étude qualitative reposant sur l’expérience de huit personnes, victimes de morsures au cours des cinq dernières années.

Des agressions inattendues

Au travers d’entretiens, les auteurs ont mis en évidence que les agressions n’étaient pas si prévisibles. Par exemple, la plupart des personnes mordues dans un espace public n’avaient eu aucune interaction avec le chien auparavant. Dans ce cas, il était impossible d’évaluer le comportement de l’animal et donc de l’adapter en conséquence. Ici, l’éducation fondée sur la lecture du langage corporel des chiens n’était pas d’une grande utilité.

D’autres victimes auditionnées avaient vécu des expériences plutôt positives avec les chiens, qui l’emportaient sur la conviction que tout chien peut mordre. Globalement, les personnes interviewées ont montré une faible capacité à détecter le danger. Elles ont aussi présenté des réactions défensives consistant à nier la sévérité ou l’existence même de la menace. Pour les auteurs de l’étude, le fait que les personnes ne se sentaient pas en danger avant que la morsure ne survienne est la barrière la plus importante aux actions de prévention.

Changer sa perception du risque

Les auteurs recommandent pour les campagnes de prévention une approche du type “cela peut m’arriver”, souvent utilisée dans la prévention d’autres types de risques comme l’alcool au volant. Ils recommandent également d’essayer de minimiser la sévérité de l’agression en apprenant comment se comporter en cas d’attaque. Une des limites de cette étude réside dans la taille de l’échantillonnage et dans le manque de diversité des personnes interrogées, qui sont toutes des femmes adultes. La prise en compte d’expériences décrites par des hommes ou des enfants pourrait apporter un éclairage supplémentaire.

• 1 Westgarth C., Watkins F. A qualitative investigation of the perceptions of female dog-bite victims and implications for the prevention of dog bites. J. Vet. Behav. doi: 10.1016/j.jveb.2015.07.035.