La brebis et l’agneau

L’histoire de l’Éthiopie est ponctuée de famines. Celle de 1984 et 1985 a touché 8 millions de personnes, en a tué un million et beaucoup de bétail. En dépit de son prodigieux potentiel et de son importance économique (moitié du PIB, 80 % des emplois), l’agriculture éthiopienne reste sous-développée, entravée par les dérèglements climatiques et la dégradation des sols (due à la déforestation et aux surpâturages). Une réalité paradoxale et cruelle dont ce premier film nous aide à prendre la mesure sans misérabilisme, à travers un récit d’apprentissage attachant à hauteur d’enfant.

Depuis la mort de sa mère (emportée par la famine), Ephraïm, 9 ans, vit seul avec son père et une jeune brebis stérile dont il ne se sépare pas. Pour fuir leur misère, le père décide d’aller chercher du travail en ville et confie son fils et son mouton à des parents dans une région plus verte du pays. Le jeune garçon peine à trouver sa place dans cette nouvelle famille où l’oncle autoritaire impose le modèle patriarcal traditionnel et ne tolère pas que l’enfant, aux grands yeux tendres, préfère cuisiner avec les femmes plutôt que d’aller travailler aux champs. Apprenant que sa brebis sera sacrifiée pour la prochaine fête, Ephraïm élabore un stratagème pour s’enfuir avec elle. Tsion, l’ainée de ses cousines, autre figure rebelle, l’aidera. Une fable sensible et somptueusement filmée dévoilant un monde archaïque fascinant mais inadapté et dont Ephraïm et Tsion sont à la fois les victimes et l’espoir.

Lamb de Yared Zeleke, avec Rediat Amare, Kidist Siyum, Welela Asefa, France-Éthiopie-Allemagne-Norvège, 1 h 34, sortie le 29 septembre 2015.