FauneVet : une structure itinérante qui se développe - La Semaine Vétérinaire n° 1644 du 02/10/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1644 du 02/10/2015

ÉQUIPEMENT

Éco

GESTION

Auteur(s) : Frédéric Thual

Experts en médecine vétérinaire pour les NAC, les animaux de la faune sauvage et zoologique, Emmanuel Risi et Romain Potier ont fondé FauneVet, une structure itinérante, appuyée sur le plateau technique du CHV Atlantia à Nantes.

Ce jour-là, au centre hospitalier vétérinaire (CHV) Atlantia à Nantes, c’est une hyène arrivée tout droit du zoo du bassin d’Arcachon que Romain Potier et Emmanuel Risi s’apprêtent à opérer. Âgé de 10 ans, l’animal souffre d’une hernie consécutive à une césarienne. L’intervention durera 2 h 30. Une dizaine de personnes vont se relayer autour du fauve. L’anesthésiste, d’abord. Les ASV. Le dentiste… « Nous bénéficions des équipements et de l’ensemble des compétences de spécialistes déployés par le CHV », reconnaissent Emmanuel Risi et Romain Potier, fondateurs de FauneVet en juin 2014, en collaboration avec le CHV Atlantia au sein duquel ils interviennent. « Ce ne serait pas possible dans un cabinet de quartier. Le coût des équipements impose des flux importants », ajoutent-ils.

L’idée de ce service itinérant, c’est l’histoire d’une rencontre. Celle d’Emmanuel Risi, collaborateur libéral au CHV Atlantia où il fait face à une explosion du nombre de nouveaux animaux de compagnie (NAC), et de Romain Potier, ex-vétérinaire du Zooparc de Beauval, passionné par la faune sauvage. Un an à peine après leur premier exercice, le duo a déjà recruté la jeune vétérinaire Tatiana Loucachevsky, diplômée de l’école vétérinaire Oniris en 2013, pour les épauler.

Plus de dix contrats signés avec des zoos

Si l’activité repose pour moitié sur les soins pour des NAC (furet, poule, perruche, lapin, etc.) et des petits animaux exotiques (comme le singe) amenés au CHV, l’objectif de FauneVet est surtout d’aller soigner sur place les pensionnaires imposants des zoos et autres parcs animaliers. À la demande ou sous la forme de convention annuelle de manière à pouvoir assurer un suivi sanitaire des collections, déployer des actions de prévention, gérer les reproductions, la mise en place des rations, mettre en œuvre des prophylaxies, etc. À ce jour, plus d’une dizaine de contrats ont été signés avec, entre autres, le zoo de La Boissière-du-Doré, Planète sauvage à Port-Saint-Père et le Sentier des daims de Frossay (Loire-Atlantique), le Bois aux daims du Center Parcs de Poitiers (Vienne), le Natur’zoo de Mervent et le grand parc du Puy du Fou (Vendée), le Tropical parc de Saint-Jacut-les-Pins (Morbihan), l’Aquashow d’Audierne et Océanopolis à Brest (Finistère), ainsi que le parc zoologique de Paris.

Des formations nécessaires

FauneVet intervient aussi auprès des animaleries qui ont une clientèle grand public. « Nous pouvons aussi intervenir en appoint de procédures vétérinaires. Là où le praticien a besoin d’une expertise supplémentaire. Mais nous avons surtout vocation à rayonner sur l’ensemble du territoire français et même au-delà, en Belgique, en Italie ou en Afrique », précise Romain Potier, appelé au zoo de la Boissière-du-Doré pour soigner un loup souffrant d’une tumeur et un oryx mal en point. Le mois dernier, c’était pour s’occuper d’un guépard. Ce pourrait être aussi un phoque, un tapir ou un rhinocéros, plus difficile à déplacer. « Une diversité qui nous oblige à nous tenir au courant et à nous former sur de nombreuses espèces et pathologies qui ne sont pas enseignées dans le cursus vétérinaire traditionnel », indique Emmanuel Risi. « Une nécessité pour être en phase avec la problématique de l’approche globale des élevages européens », ajoute Romain Potier.

Doubler son équipe

Si le degré de collaboration se négocie au coup par coup, la formule semble séduire les professionnels des parcs qui peuvent ainsi alléger leur masse salariale, tout en bénéficiant d’une expertise pointue. Pour répondre favorablement à la demande et poursuivre son expansion, FauneVet voudrait, à terme, doubler tous ces postes. « Car, qu’il s’agisse des NAC ou des animaux des zoos, toutes les espèces méritent d’être soignées selon les standards les plus élevés de la médecine vétérinaire, rappelle Romain Potier. Même si cela peut encore en étonner certains, la médecine et la chirurgie des animaux des parcs et des zoos est une discipline à part entière ! »

CARACTÉRISTIQUES

• Statut juridique : société d’exercice libéral à responsabilité limitée (SELARL).

• Création : juin 2014.

• Activité : conseil et médecine vétérinaire pour NAC (petits mammifères, oiseaux, reptiles), animaux de la faune sauvage et de zoo.

• Horaires : 24 h/24, 7 j/7.

• Effectif : deux vétérinaires associés, deux vétérinaires salariés, une ASV.

• Chiffre d’affaires : 480 000 € en 2014. Objectif 2015 : 600 000 €.

• Équipements et moyens : 60 000 € TTC d’investissement (véhicule de transport autonome, échographe, monitoring d’anesthésie, endoscope, etc.) et un accès au plateau technique du CHV.

• Zone de couverture : France, Europe et Afrique.

POINTS FORTS

• Compétences exclusives.

• Activité qui ne rentre pas dans la masse salariale des parcs et des zoos.

• Différents degrés de collaborations possibles.

• Le plateau technique du CHV offre une multidisciplinarité et favorise les échanges entre les vétérinaires.

• Autonomie de gestion.

• Savoir-faire exportable.

POINTS FAIBLES

• Déplacements fréquents et perte de temps en transport.

• Une planification rigoureuse pour le matériel est indispensable.

• Être tributaire de l’organisation interne des parcs et des zoos.

• Nécessité d’avoir un soigneur référent dans les établissements où ils interviennent.

• Les équipements du CHV sont conçus pour les carnivores domestiques de petite taille seulement.

• Pas de site internet dédié.

CARTES D’IDENTITÉ

Diplômé de l’École nationale vétérinaire de Nantes (ENVN) en 1999, Emmanuel Risi est diplômé en microchirurgie. Ex-praticien hospitalier en médecine des animaux d’espèces inhabituelles à l’ENVN, il est vétérinaire du centre de soins de la faune sauvage et consultant pour de nombreux parcs zoologiques, élevages d’oiseaux et reptilariums, avant de rejoindre le CHV Atlantia, où il a pris en charge, en 2008, le département de médecine et de chirurgie des nouveaux animaux de compagnie et des animaux exotiques et sauvages.

Diplômé de l’École nationale vétérinaire d’Alfort en 1998, Romain Potier s’est rendu aux États-Unis (Houston Zoological Gardens et Minnesota Raptor Center) pour parfaire sa formation. Il est intervenu dans de nombreuses associations internationales, avant de rejoindre le Zooparc de Beauval comme responsable vétérinaire de 1999 à 2013. En 2009, nommé directeur de recherche de l’association Beauval conservation et recherche, il coordonne le projet Frozen Dumbo, à l’origine de la création de la première banque mondiale de semences congelées d’éléphants d’Afrique.

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