Résurgence de la fièvre catarrhale ovine - La Semaine Vétérinaire n° 1642 du 18/09/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1642 du 18/09/2015

ÉPIZOOTIE

Pratique mixte

L’ACTU

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Le 11 septembre dernier, le ministre de l’Agriculture confirmait un foyer de FCO dans l’Allier. Depuis, c’est l’état de siège.

Septembre 2015 : un bélier manifeste des signes cliniques évocateurs de fièvre catarrhale ovine (FCO) dans un élevage de l’Allier, à Louroux-de-Bouble. Le 11 septembre, la maladie est confirmée. Le sérotype 8 du virus de la FCO frappe de nouveau, a priori le même que celui qui a circulé en France entre 2006 et 2010 : les premières analyses montrent 99,9 % d’homologie génétique. Le résultat du génotypage complet sera connu à la fin du mois. Le virus n’avait plus été mis en évidence en France continentale depuis 2010. Contrairement aux cas détectés fin 2014 et au printemps 2015 chez des animaux importés, il s’agirait bien cette fois d’un foyer autochtone, d’une résurgence indiquant une circulation dans la faune sauvage, ou du moins dans la population de vecteurs. Une enquête épidémiologique est lancée afin de déterminer l’origine, si c’est possible, la durée de présence du virus et sa diffusion en fonction des mouvements d’animaux, la présence et la distribution des vecteurs. L’impact sur le statut sanitaire de la France, indemne depuis 2012, n’est pas encore clairement défini (encadré). Les conséquences sont de nature économique, un statut non indemne se répercute directement sur les possibilités d’exportation des animaux sur pieds, mais aussi sur les embryons ou la semence.

Un seul foyer clinique, mais pas un cas isolé

Dans le premier foyer, tout le cheptel est testé : 27 bovins sont positifs sur 147 présents, et 6 ovins sur un troupeau de 175. Autour, 14 cas positifs sont détectés dans un rayon de 2 km. Ce ne sont pas les seuls. Après l’annonce du foyer, les 123 animaux issus d’élevages situés dans les zones réglementées sur les 400 inscrits au concours national charolais organisé pendant la foire de quatre jours du Mans (Sarthe) ont été contrôlés : cinq se révèlent positifs par polymerase chain reaction, deux sont issus de l’Allier, un de la Creuse et deux du Puy-de-Dôme. Des analyses sérologiques et virologiques sont prévues dans les jours qui viennent sur les autres, afin de déterminer s’il y a eu transmission du virus malgré la désinsectisation des véhicules et des bovins. En Vendée, un animal serait positif en virologie et sérologie dans un lot de jeunes bovins attendant d’être exportés. Le Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (Cnopsav) s’est réuni le 14 septembre, et un rendez-vous est prévu avec le ministre de l’Agriculture et les représentants des filières d’élevage, le 17 septembre, pour déterminer une stratégie de lutte1.

Des effets immédiats

Après la confirmation du foyer dans l’Allier, une zone de protection2 est déterminée, ainsi qu’une zone de surveillance, 50 km autour (carte). Dans ces périmètres, des restrictions de mouvements sont imposées, associées à une interdiction de rassemblement. Déjà, plusieurs marchés au cadran ont été annulés, ainsi que des concours. En pleine période d’exportation des broutards, cet épisode sonne comme le glas pour les éleveurs : une année de sécheresse, durant laquelle les charges (notamment liées à l’alimentation) sont élevées, garder les animaux plus longtemps que prévu augmente significativement le coût de production et risque de grever les trésoreries déjà bien mises à mal des exploitations. Si une campagne de vaccination est décrétée (uniquement contre le sérotype 8), ce qui est probable, les animaux ne pourront quitter les exploitations avant leur immunisation complète, ce qui prendra plusieurs semaines. Le protocole vaccinal (vaccins inactivés) prévoit deux injections à trois semaines d’intervalle chez les bovins. La mise en place d’une vaccination est plus que probable, reste à savoir quels animaux seront vaccinés (priorité aux exportations ou totalité des cheptels), dans quelles zones, et à quel prix. Le stock de doses vaccinales (1,3 million), annoncé par le ministre de l’Agriculture, ne permettra pas de vacciner tout le cheptel présent dans la zone réglementée. Les spéculations s’accordent sur une forte probabilité que la vaccination concerne la zone d’interdiction et les animaux destinés à l’export en priorité. La réunion du 17 septembre devrait lever une partie du voile sur la stratégie choisie. La zone réglementée devrait évoluer dans les jours à venir, notamment la zone d’interdiction, en fonction des résultats des analyses menées depuis vendredi 11 dans plusieurs régions et départements.

  • 1 À l’heure où nous mettions sous presse, cette réunion n’avait pas encore eu lieu.

  • 2 Arrêté du 11 septembre 2015 définissant les zones réglementées relatives à la fièvre catarrhale du mouton, paru au Journal officiel n° 0212 du 13 septembre.

CONSÉQUENCES SUR LE STATUT SANITAIRE DE LA FRANCE

La France continentale était indemne de fièvre catarrhale ovine depuis décembre 2012, après plus de deux ans sans détection du virus. Avec ce foyer, le risque est qu’elle perde ce statut. Cela va dépendre de l’extension de l’épizootie, évaluée cette semaine par des contrôles dans plusieurs exploitations dans toutes les régions, en plus des tests effectués chez les ruminants ayant eu des contacts avec des animaux provenant des zones réglementées. En fonction de ces résultats, si le virus apparaît circonscrit à une zone géographique localisée, il sera possible de conserver un statut indemne sur une partie du territoire, comme c’est le cas en Italie, par exemple. Par contre, si la maladie a diffusé largement, la perte du statut sanitaire concernera l’ensemble de la métropole.

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