Dermatite atopique canine : mise à jour du consensus international - La Semaine Vétérinaire n° 1640 du 04/09/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1640 du 04/09/2015

DERMATOLOGIE

Pratique canine

L’ACTU

Auteur(s) : Valentine Chamard

L’Icada a publié la mise à jour des recommandations pour le traitement de la dermatite atopique canine. Deux nouveautés sont à souligner : l’intérêt de l’oclacitinib lors de poussées aiguës et des dermocorticoïdes en usage proactif. Pascal Prélaud, coauteur de ces guidelines, en livre les points forts.

L’International Committee on Allergic Diseases of Animals (Icada) a pour vocation d’améliorer les connaissances sur la dermatite atopique canine en analysant la littérature et en diffusant ses travaux auprès de la communauté vétérinaire. Il est ainsi prévu qu’un guide complet soit rédigé tous les dix ans, avec des réactualisations tenant compte des avancées, principalement thérapeutiques, tous les cinq ans. C’est dans ce cadre qu’a été publiée, en août 2015, une mise à jour1 en anglais des recommandations émises par ce comité en 20102, qui restent la référence. Elles sont disponibles en ligne gratuitement3. Notre confrère Pascal Prélaud, qui participe à la rédaction de ces guidelines, revient sur les notions incontournables du traitement de la dermatite atopique canine.

Dans quel contexte cette mise à jour s’inscrit-elle ?

Pascal Prélaud : Depuis les premières recommandations émises en 2010, de nouvelles études et de nouveaux traitements sont disponibles. La mise à jour tient donc compte de ces données, en rappelant, pour chaque traitement abordé, le consensus de 2010, suivi de son actualisation, en précisant les éléments sur lesquels elle repose. Ces recommandations s’appuient sur une analyse d’articles ayant un haut niveau de preuves scientifiques. Il convient ainsi de préciser que certains produits, comme les topiques non médicamenteux, qui ne font pas l’objet de tels articles, ne sont pas mis en avant dans les guidelines de l’Icada, ce qui ne signifie pas qu’ils sont inefficaces, en particulier sur les formes modérées, pour lesquelles ils peuvent apporter un confort.

Quelles sont les nouveautés notables dans le traitement des crises ?

P. P. : Un antiprurigineux se révèle efficace avec un haut niveau de preuves : l’oclacitinib4, inhibiteur de janus kinases, est ainsi le traitement systémique de choix lors de poussées aiguës. Son utilisation est toutefois déconseillée en cas d’infection grave. Par ailleurs, les dermocorticoïdes se montrent intéressants lors de formes modérées non infectées, qui sont celles sur lesquelles s’appuient la majorité des essais cliniques. Ces traitements ne doivent pas occulter celui des infections associées aux crises aiguës.

Et en ce qui concerne le traitement de fond ?

P. P. : La ciclosporine est confortée dans son emploi en première intention, lorsque la voie générale est requise, en traitement de fond et en association avec les autres traitements recommandés. L’oclacitinib peut être utilisé sur le long cours avec d’excellents résultats, lui aussi en association, mais les données sont encore inexistantes quant à son emploi sur une durée supérieure à trois ans et aux risques liés au surdosage. Par ailleurs, lors de formes bénignes, les dermocorticoïdes sont indiqués dans le traitement au long cours, dans un cadre proactif. Il s’agit ici de les appliquer deux fois par semaine lorsque le chien n’a plus de lésions, sur les zones qui étaient concernées, dans le but de limiter les récidives.

Les soins locaux peuvent-ils suffire ?

P. P. : Dans les formes modérées, les shampooings, les sprays, les mousses, les pipettes d’émollients, voire d’antiseptiques si besoin, associés ou non aux dermocorticoïdes, peuvent suffire. En revanche, s’ils se révèlent inefficaces ou lors de formes graves, le traitement par voie générale est indispensable.

Quel bilan tirer du consensus de l’Icada ?

P. P. : Le traitement repose sur la combinaison de plusieurs stratégies. La désensibilisation, le traitement contre les puces, une alimentation hypoallergénique et la supplémentation en acides gras essentiels restent les piliers de la prise en charge de la dermatite atopique canine, souvent occultés par les nouveautés pharmacologiques. La ciclosporine reste une molécule de choix en traitement de fond. Enfin, le suivi au long cours est essentiel.

  • 1 Thierry Olivry et coll. Treatment of canine atopic dermatitis: 2015 updated guidelines from the International committee on allergic diseases of animals (Icada). BMC Vet. Res. 2015;11:210.

  • 2 Thierry Olivry et coll. Treatment of canine atopic dermatitis: 2010 clinical practice guidelines from the International task force on canine atopic dermatitis. Vet. Dermatol. 2010;21:233-248.

  • 3 Sur les sites internet de BMC Veterinary Research et de Veterinary Dermatology.

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