Tests génétiques et sélection en cinq questions - La Semaine Vétérinaire n° 1639 du 28/08/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1639 du 28/08/2015

MALADIES HÉRÉDITAIRES

Pratique canine

L’ACTU

Auteur(s) : Charlotte Devaux

Des tests ADN sont maintenant disponibles pour aider à identifier les animaux porteurs de certaines mutations connues pour provoquer des maladies graves. Il incombe au vétérinaire de s’assurer que cette technologie est utilisée au mieux.

1 Pour.quoi des tests génétiques en médecine vétérinaire ?

Les chiens et les chats ont été sélectionnés sur des caractéristiques physiques et comportementales fixées durablement en accouplant des individus de lignées familiales proches entre elles pendant des années. En effet, à l’origine de chaque race, on trouve un petit nombre d’individus, auxquels sont apparentés tous les animaux de la race. Cette pratique a provoqué, outre une homogénéité, l’émergence de maladies héréditaires puis l’augmentation de leur fréquence dans de nombreuses races. Par exemple, environ un tiers des sharpeïs présentent une amylose rénale.

2 Quelles sont les caractéristiques des tests génétiques ?

Les tests génétiques existent principalement pour les maladies monogéniques (encadré page 25, en haut) et, pour l’instant, seulement pour un nombre réduit d’entre elles. Chez le chien, une centaine de tests génétiques sont commercialisés dans le monde ; environ une vingtaine pour le chat. Chaque test n’est utilisable que pour une race donnée (ou un groupe de races restreint), car les mutations génétiques sont spécifiques à chaque race. Ils sont réalisés à partir d’un simple frottis buccal et peuvent être effectués précocement, dès l’identification de l’animal. Le résultat est fiable à plus de 99 % et valable à vie pour l’individu testé.

3 Quel est le rôle du vétérinaire ?

Les tests génétiques ont donné l’espoir aux éleveurs de pouvoir éliminer les allèles délétères de certaines lignées, mais il incombe au vétérinaire de s’assurer que cette technologie puissante est utilisée au mieux en aidant l’éleveur à faire ses choix reproductifs en fonction des résultats des tests ADN. D’un point de vue réglementaire, le vétérinaire est aussi le seul habilité à authentifier que le prélèvement génétique correspond à l’animal indiqué sur la fiche de prélèvement, première étape de la traçabilité du processus. Dans une optique de sélection, le test génétique et l’examen clinique sont des outils complémentaires.

Le résultat du test n’est qu’un critère de sélection supplémentaire, il ne peut justifier à lui seul le choix d’un reproducteur. En effet, éliminer tous les reproducteurs porteurs sains d’une maladie risquerait de réduire la variabilité génétique dans les lignées, d’augmenter la consanguinité, ce qui pourrait s’accompagner d’une hausse de la prévalence d’autres maladies génétiques non encore dépistables. Pour ne pas mettre en danger la diversité génétique, les lignées entières ne peuvent être exclues des programmes de reproduction et la fréquence d’une anomalie génétique au sein d’une race ne pourra être réduite que progressivement.

4 Comment interpréter un test ?

Pour les maladies récessives (certaines atrophies progressives de la rétine, ichtyose du golden retriever, ataxie cérébelleuse de l’american staffordshire, etc.), les tests permettent de dépister les porteurs sains qui transmettront statistiquement la mutation à la moitié de leur descendance, d’éviter les accouplements à risque, par exemple entre deux porteurs sains, et donc de prévenir la naissance de chiots ou de chatons atteints. Cependant, les tests détectent une mutation, pas une maladie : un animal testé négatif pour une mutation pourra tout de même développer une forme acquise de la maladie ou une autre forme génétique due à d’autres mutations non testées. Pour les maladies dont l’expression clinique est variable, le test ne renseignera pas sur l’âge d’apparition, la gravité ou l’évolution future de celles-ci. Par exemple, pour certaines maladies à pénétrance incomplète, comme la myocardie hypertrophique du maine coon, un individu génétiquement atteint peut rester indemne toute sa vie, mais il pourra transmettre la mutation à sa descendance.

5 Comment choisir les reproducteurs en fonction des tests ?

Il est recommandé de retirer tous les homozygotes mutés de la reproduction (sauf prévalence de la maladie très élevée comme l’ichtyose chez le golden retriever où 30 % des chiens sont homozygotes mutés). Les hétérozygotes que l’on souhaite faire reproduire (race à petit effectif, mutation fréquente, reproducteur de grande valeur ou pour sauver une lignée) seront croisés avec un animal non porteur, pour un nombre de portées limité. La descendance sera testée et ne seront gardés comme reproducteurs que les homozygotes sains.

COMMENT SE TRANSMETTENT LES MALADIES HÉRÉDITAIRES

Les maladies héréditaires peuvent être liées à la mutation d’un gène (maladie monogénique) ou de plusieurs gènes (polygénique). Pour les maladies héréditaires gouvernées par un gène unique, la mutation est récessive ou dominante, liée au chromosome X ou non. Le mode de transmission est alors simple, et le nombre de chiots ou de chatons atteints peut être prédit, si le statut des parents est connu. Pour les maladies polygéniques ou multifactorielles (interactions avec des facteurs environnementaux), il est impossible de prévoir le taux de transmission. Chez le chien, la dysplasie coxo-fémorale est un exemple de maladie multifactorielle.

Le mode de transmission des affections héréditaires monogéniques le plus fréquent chez le chien et le chat est le mode autosomique récessif. La mutation est alors portée par un chromosome non sexuel et la maladie ne s’exprime que chez les homozygotes qui possèdent deux copies mutées du gène. Il existe néanmoins quelques maladies, comme la cardiomyopathie hypertrophique chez le maine coon ou le ragdoll, ou l’atrophie progressive de la rétine chez le bullmastiff, dont la transmission est autosomique dominante.

À QUI S’ADRESSER ?

Un site recense tous les tests disponibles et les sociétés qui les réalisent : http://bit.ly/1GccB4p.

« LES VÉTÉRINAIRES PERMETTENT D’APPORTER DU RECUL SUR LA GESTION DE L’ÉLEVAGE »

« Les professionnels qui ont des élevages indemnes utilisent les tests pour s’assurer que les reproducteurs extérieurs à leur élevage ne vont pas importer la maladie, tandis que les éleveurs qui n’ont pas encore testé leurs reproducteurs vont chercher les porteurs (hétérozygotes) et les atteints (homozygotes) », explique Franck Pin, responsable commercial chez Antagène.

Parfois, les éleveurs ne testent pas les reproducteurs mais les chiots à vendre et les parents, si le chiot est atteint. « Il sera alors du ressort du vétérinaire d’expliquer l’intérêt de tester tous les reproducteurs pour adapter au mieux les accouplements et gérer le bien-être du chien tout au long de sa maladie. Les vétérinaires permettent d’apporter du recul sur la gestion de l’élevage et de sensibiliser les éleveurs aux problèmes génétiques en abordant notamment la notion de porteur sain. Il faut cependant garder à l’esprit que, malheureusement, les tests génétiques ne permettent pas de détecter tous les problèmes héréditaires. Par exemple, chez le cavalier king charles, la plupart des troubles cardiaques sont héréditaires, mais ils ne sont pas encore dépistables génétiquement. »

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