Que pensez-vous du nouveau Code de déontologie vétérinaire ?

L’éthique entre confrères mériterait d’être clarifiée

ROLAND PERRIN Praticien équin à la clinique Desbrosse à Saint-Lambert (Yvelines).

Ce nouveau Code de déontologie est une bonne chose car il nous rappelle nos droits et nos devoirs. Il est réellement tourné vers les clients. Sur le plan pratique, cela signifie un devoir d’information renforcé, des explications claires et détaillées, une meilleure prévention, etc. Des aspects essentiels au quotidien en médecine équine. Les notions de modules et de classification permettent de faire savoir au client à quel type de structure il s’adresse et quels services il va trouver. Certes, la classification peut être sujette à discussion, mais elle ne sera jamais parfaite. C’est néanmoins un bon point car cela nous pousse vers la notion de “qualité”. En revanche, cette classification devrait être mieux adaptée à notre pratique équine. À la lecture du code, on ressent une forte orientation “petits animaux”. Je suis en revanche un peu déçu sur le sujet de la communication. Les règles restent assez floues et peu claires, notamment concernant l’utilisation des réseaux sociaux ou la publicité sur les véhicules. Je regrette enfin que ce code n’ait pas mieux clarifié la notion d’éthique entre confrères. Je pense que, pour l’avenir de notre profession, cet aspect est important. Cette partie aurait pu être davantage développée.

La clarté et la rigueur au bénéfice des propriétaires

ÉRIC BOMASSI Praticien canin au CHV des Cordeliers à Meaux (Seine-et-Marne).

La grande vertu de ce nouveau Code de déontologie est la clarté et la rigueur, en particulier au bénéfice des propriétaires. Il en ressort moins d’ambiguïté, à commencer sur l’ouverture 24 heures sur 24. Celle-ci requiert, au minimum, la présence effective, sur place, d’un vétérinaire en permanence. Il s’agit d’une nette avancée dans la profession, les urgences ayant toujours été un point critique.

Par ailleurs, les spécialistes ont désormais un réel statut dans le Code de déontologie, car ce dernier exige leur présence dans certaines structures où leur diplôme est valorisé. Ce code, riche de libertés mais aussi d’exigences supplémentaires, va probablement faire évoluer le paysage vétérinaire, particulièrement dans l’organisation et le respect des circuits de soins. Les structures seront appréciées selon la qualité de cette organisation et de leur déontologie, au service du public. Les vétérinaires devront être plus transparents et rigoureux dans les prises en charge, dans les informations transmises aux confrères et aux propriétaires et dans le respect des circuits de soins. Les centres hospitaliers vétérinaires (CHV), au cœur du dispositif 24 h/24, sont pleinement concernés et doivent se montrer irréprochables par rapport à ces nouvelles règles.

L’acteur incontournable du bien-être animal

LAURENT FAGET Praticien mixte à la clinique Vplus à Cavignac (Gironde).

Le nouveau Code de déontologie positionne le vétérinaire comme un acteur incontournable du bien-être animal. J’estime que c’est une excellente chose. Le texte accorde également une place à la lutte contre l’antibiorésistance : c’est certes symbolique mais intéressant.

Le volet “communication” fait beaucoup fantasmer dans notre profession, mais cela changera peu notre quotidien. Avec nos très petites, petites et moyennes entreprises, nous n’avons pas la voilure suffisante pour nous lancer dans de grandes campagnes. Ce Code de déontologie nous permet désormais de mieux savoir ce que nous avons le droit de faire ou non. Les choses sont claires de ce côté-là. Toutefois, nous n’en sommes qu’aux balbutiements : les praticiens n’ont pas pris la mesure des possibilités. Je suis personnellement circonspect sur l’efficacité d’une communication agressive pour la profession vétérinaire. Un temps est nécessaire à la prise de recul. La classification des structures est également positive à mon avis. Elle permettra au client de s’y retrouver parmi les services proposés. Et pour les confrères, il s’agit d’une reconnaissance des investissements et des efforts réalisés.