LA FORMATION CONTINUE ÉVOLUE ! - La Semaine Vétérinaire n° 1639 du 28/08/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1639 du 28/08/2015

Dossier

Auteur(s) : Hélène Rose

Mettre à jour ses connaissances, se tenir informé des bonnes pratiques, acquérir de nouvelles compétences, etc. Autant d’aspects de la formation continue qui enrichissent la pratique quotidienne et entretiennent la motivation professionnelle, tout en répondant à l’obligation déontologique de la profession.

La formation continue, dont la mise en place dans la profession vétérinaire remonte aux années 1960, permet d’actualiser et de compléter les connaissances acquises lors de la formation initiale dans les écoles, et ce tout au long du parcours professionnel de chaque confrère. Comme l’indique Christian Diaz, président de l’AFVE : « En tant que garante de la compétence tenue à jour, elle est l’un des trois piliers de la protection des vétérinaires, au même titre que le consentement éclairé des propriétaires et la souscription d’une assurance en responsabilité civile professionnelle ». S’il constate qu’« à ce jour, assez peu d’actions pour incompétence sont menées contre les praticiens, ce qui montre que la profession répond globalement aux attentes des clients », il insiste sur l’importance pour la profession de garantir et de maintenir cette compétence.

Se former, source d’évolution professionnelle

Quelle que soit la filière choisie, exercer en tant que praticien vétérinaire demande à la fois des connaissances théoriques et des compétences pratiques. La diversité des offres présentes actuellement sur le marché permet à chacun de s’adapter selon ses priorités. « Se former équivaut à investir sur soi-même », souligne François Dargent, associé fondateur de Veterinarius, qui poursuit en expliquant la démarche de son organisme : « Le cœur de notre métier comporte de nombreux aspects techniques importants. Nous sommes notre propre outil de travail. Maîtriser des gestes techniques permet à chacun de se faire plaisir et de valoriser son savoir-faire au bénéfice de son entreprise. Ce constat a guidé notre choix, voilà neuf ans, de proposer des formations centrées sur l’apprentissage et le perfectionnement des gestes. » D’ailleurs, comme le fait remarquer Éric Guaguère, président de l’Afvac, une nouvelle notion émerge progressivement dans la société, celle de développement professionnel. « C’est une notion dynamique, qui prend en compte aussi bien les aspects scientifiques de la formation que sa dimension psychologique. » Il développe : « La formation est aussi un moyen de lutter contre l’isolement professionnel, qui participe à la détresse psychologique ressentie par certains. Par recoupements, nous estimons qu’environ 25 % des vétérinaires ayant une activité animaux de compagnie exclusive ou non se forment. Cependant, nous recevons aussi des demandes de conseils de la part de confrères qui, ayant laissé passer un certain nombre d’années sans se former, ne savent plus par où commencer. Nous mettrons prochainement en place un service dédié pour les accompagner dans leur parcours. »

Source de différenciation, la participation active à des formations peut être valorisée auprès de la clientèle, qu’elles soient diplômantes ou non. C’est d’ailleurs l’une des pistes de travail suivies par l’Afvac, qui délivre depuis trois ans une attestation annuelle à ses adhérents : « Nous avons eu d’excellents retours, des confrères l’ont affichée dans leur salle d’attente ou de consultation », rapporte ainsi Éric Guaguère.

Une obligation ordinale et légale

Évoquée de manière incitative dans la précédente version, l’obligation déontologique de se former est renforcée dans le nouveau Code de déontologie paru le 13 mars 2015. En effet, outre que le vétérinaire doit « accomplir les actes liés à son art dans le respect des bonnes pratiques professionnelles », le 12e paragraphe de l’article R.242-33 du Code rural et de la pêche maritime stipule qu’il « acquiert l’information scientifique nécessaire à son exercice professionnel, en tient compte dans l’accomplissement de sa mission, entretient et perfectionne ses connaissances ». De plus, l’arrêté du 13 mars 2015 relatif aux catégories d’établissements de soins vétérinaires complète ce devoir ordinal d’un aspect légal. L’article 7 indique ainsi que « les préconisations en matière de formation continue des vétérinaires exerçant dans des établissements de soins sont précisées dans les cahiers des charges » relatifs aux différentes structures. Les docteurs vétérinaires, salariés comme libéraux, « doivent être formés et avoir acquis l’information technique nécessaire à l’utilisation des matériels auxquels ils ont recours ». Les cahiers des charges élaborés par le CSOV précisent que chacun doit pouvoir apporter la preuve qu’il assure sa formation continue conformément aux préconisations émises par le CFCV.

Pour Denis Avignon, membre du CSOV, ces nouvelles dispositions représentent une grande avancée en faveur de la formation continue et de son organisation au sein de la profession. Il précise : « Une des nouvelles missions du CFCV est d’établir des recommandations sur les besoins en formation selon les types de structures dans lesquels les praticiens exercent. Le groupe de travail sur les préconisations rendra ses conclusions lors du conseil d’administration du CFCV en septembre. Le CSOV décidera, et nous informerons les confrères d’ici la fin de l’année. Notre ligne directrice est d’établir un système simple, facile à appliquer et fiable, adapté à chacun, afin qu’il ne soit pas considéré comme une feuille supplémentaire sur le millefeuille administratif existant. Chacun aura la responsabilité de tenir à jour son propre dossier de formation, qui pourra être exigible en cas de litige professionnel avec un client. » Le niveau d’exigence préconisé devrait ainsi être supérieur pour un confrère travaillant en centre hospitalier par rapport à un autre qui exerce en cabinet (encadré ci-dessous).

Conditionnalité de l’habilitation sanitaire

Outre l’aspect ordinal, la formation continue est obligatoire pour les vétérinaires sanitaires depuis l’arrêté ministériel du 16 mars 2007, même si les praticiens canins et équins ont été tenus en dehors de cette obligation. Le texte précise que les vétérinaires sanitaires exerçant dans les filières bovine, ovine, caprine, porcine et volailles sont soumis à deux formations obligatoires tous les cinq ans pour être habilités. La préparation et l’animation de celles-ci reposent sur un partenariat entre la SNGTV et l’ENSV. « Les thèmes de ces formations sont élaborés selon les priorités établies chaque année par la DGAL, précise François Darribehaude, directeur adjoint de l’ENSV. Nous organisons ensuite ces modules au plus près des praticiens vétérinaires sanitaires, en régions, y compris en dehors de la métropole, selon les demandes des DDPP et des Draaf, qui sont chargées d’avertir les vétérinaires des dates retenues. Les conférences sont présentées conjointement par un praticien membre du SNGTV, spécialiste de la question abordée, et par un ISPV garant de la transmission des messages officiels. » En moyenne, 2 000 confrères assistent ainsi à l’une des 150 sessions sur les thèmes retenus (12 en 2015), comme la gestion pratique du médicament vétérinaire, l’antibiorésistance et la pharmacovigilance ou la surveillance des avortements de ruminants. L’ENSV a aussi pour mission d’organiser les formations pour les agents de l’État : « Qu’ils soient titulaires comme les ISPV ou contractuels, ils bénéficient de la gratuité des formations. En 2014, 932 agents ont ainsi participé à 46 formations répondant aux missions très larges des services en charge des politiques de l’alimentation. »

Choisir sa formation

Pour s’y retrouver face à la diversité des choix proposés, Éric Guaguère souligne l’intérêt de réfléchir à l’avance au calendrier des formations, dans chaque structure : « La formation continue est un investissement, au même titre que l’achat d’un nouvel appareil, pour les associés comme pour les salariés. Définir les besoins et les objectifs permet de cibler les formations pour chacun, idéalement un an avant. Et comme elles ont un coût, le retour sur investissement est à vérifier par la suite. »

Cela permet de planifier les formations longues, comme les diplômantes proposées par les écoles vétérinaires, mais aussi d’anticiper les déplacements et les coûts (voire les demandes de prise en charge par le FIF PL ou Actalians, anciennement OPCA PL) afin de ne pas se rabattre par confort sur des formations plus proches géographiquement mais moins adaptées à ses besoins.

L’agrément ou non des formations par le CFCV peut aussi être un critère de choix (encadré ci-contre), puisqu’il constitue une garantie d’évaluation par les pairs de la qualité et de l’indépendance scientifiques. François Dargent explique ainsi le choix par Veterinarius « d’un modèle économique totalement indépendant, car il repose uniquement sur les règlements perçus auprès des participants, sans exclusivité auprès des fournisseurs de matériel ou des formateurs. Si, au départ, nos tarifs ont pu paraître élevés, leur perception s’est sensiblement améliorée au cours du temps au regard de la formation délivrée ». Pour sa part, Éric Guaguère insiste sur « les chartes de partenariat établies par l’Afvac avec 45 laboratoires, afin de garantir l’indépendance scientifique des formations délivrées, tout en permettant des tarifs facilement abordables ». Christian Diaz souligne, quant à lui, l’importance d’énoncer clairement les éventuels conflits d’intérêts aux praticiens, « pour ne pas se priver des qualités techniques et scientifiques d’une personne uniquement parce qu’elle travaille pour un laboratoire ou une structure commerciale ».

Chaque organisme, qu’il soit à but non lucratif (comme les associations professionnelles historiques, l’Afvac, la SNGTV et l’Avef) ou à but lucratif, s’attache à satisfaire et à anticiper les besoins des praticiens, au moyen des questionnaires remplis par les participants en fin de formation, mais aussi en étant à l’écoute des formateurs – « Ils suggèrent parfois des sujets qui ne répondent pas à des besoins exprimés par les praticiens, et qui pourtant les intéressent beaucoup quand nous les proposons », rapporte ainsi François Dargent – ou des évolutions de la société. L’AFVE a ainsi lancé une formation d’expertise de la maltraitance animale orientée sur les aspects techniques, comme l’explique Christian Diaz :

« Nous avons proposé cette formation car l’on parle beaucoup actuellement de bien-être animal et de lutte contre la maltraitance, mais pour que les vétérinaires puissent s’impliquer efficacement, encore faut-il qu’ils soient formés sur le plan technique ! »

4 197

CFC sont enregistrés auprès du CFCV pour des formations organisées par l’Afvac : 1 842 CFC à la suite des 79 formations organisées par les sections régionales et 2 355 CFC à la suite des 49 formations organisées par les groupes d’étude.

2 231

vétérinaires ont participé au congrès national 2014 de l’Afvac, et 3 466 participants ont assisté à des formations (en dehors du congrès annuel) au cours des deux derniers semestres comptables.

Des évolutions à venir pour les crédits de formation continue (CFC)

Jusqu’à présent, chaque praticien était incité à acquérir 10 CFC sur cinq ans, dont la moitié au minimum en présentiel, chaque CFC représentant environ 20 heures de travail.

Différentes pistes sont à l’étude pour le nouveau système. Le nombre de crédits à obtenir devrait être modulé en fonction de la catégorie de l’établissement dans lequel travaille le praticien, probablement sur une durée d’acquisition plus courte. Une réflexion est également en cours concernant les formations éligibles aux points. L’attribution de crédits de lecture devrait être maintenue mais simplifiée. La rédaction d’articles pour les revues de formation continue, la présentation de conférences ou les activités de formateur seront toujours comptabilisées.

Le mode de calcul des crédits attribués, exprimés en ECTS (European credit transfer system, appellation amenée à être de plus en plus utilisée), sera conservé. Pour rappel, il s’effectue selon cette équation : nombre de CFCECTS = nombre d’heures effectives de formation x coefficient d’apprentissage x coefficient de connaissance / 20.

En 2014, 1 404

confrères ont suivi les sessions élaborées par la SNGTV et l’ENSV, dans le cadre de la formation continue des vétérinaires sanitaires.

Fonctionnement de l’accréditation par le Comité de la formation continue vétérinaire (CFCV)

Les principaux objectifs du CFCV sont « de développer et de promouvoir la qualité de la formation continue, d’accréditer les organismes qui la dispensent, d’attribuer les crédits et de renforcer sa promotion auprès des vétérinaires », indique Denis Avignon, du CSOV. Le comité comprend 28 membres actifs, répartis en plusieurs collèges selon leurs activités. Parmi eux, 12 membres sont élus pour trois ans au conseil d’administration, auprès des deux membres de droit que sont le CSOV, en la personne de son président Michel Baussier ou de son suppléant Denis Avignon, et le représentant de la FSVF.

Après avoir obtenu les autorisations légales, chaque organisme de formation qui souhaite être agréé dépose un dossier complet, précisant les noms des responsables et détaillant les formations proposées, leur encadrement par un comité scientifique et pédagogique, les modalités de contrôle de la présence en formation et de la qualité des formateurs, etc. La commission d’agrément est composée de trois membres actifs, choisis en évitant les conflits d’intérêts, qui disposent de trois mois pour rendre leur avis. Chaque accréditation est délivrée pour trois ans, au terme desquels l’organisme agréé doit déposer un dossier de demande de renouvellement, quelle que soit son ancienneté au sein du comité.

432

Les journées nationales des GTV ont attiré 432 praticiens et 143 étudiants. 76 % des congressistes ont assisté aux trois journées complètes.

GLOSSAIRE

• Afvac : Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie

• AFVE : Association francophone des vétérinaires praticiens de l’expertise

• Avef : Association vétérinaire équine française

• CEAV : certificat d’études approfondies vétérinaires

• CFC : crédit de formation continue

• CFCV : Comité de la formation continue vétérinaire

• CSOV : Conseil supérieur de l’Ordre des vétérinaires

• DDPP : direction départementale de la protection des populations

• DGAL : Direction générale de l’alimentation

• DIE : diplôme interécoles

• Draaf : direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt

• ECTS : European credit transfer system

• ENSV : École nationale des services vétérinaires

• FIF PL : Fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux

• FSVF : Fédération des syndicats vétérinaires de France

• GTV : groupement technique vétérinaire

• ISPV : inspecteur de la santé publique vétérinaire

• OPCA PL : Organisme paritaire collecteur agréé des professions libérales

• SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires

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