Découverte d’une plante carnivore qui attire le frelon asiatique

Sarracenia, une plante carnivore d’origine américaine, attirerait les frelons asiatiques grâce à son nectar situé dans l’urne et les dévorerait, explique Christian Besson qui travaille au Jardin des plantes de Nantes (Loire-Atlantique). En animant des ateliers pour le grand public, le jardinier a découvert des frelons asiatiques piégés dans une Sarracenia, dans laquelle, en une journée, tous les insectes sont morts, digérés. D’après les observations effectuées, il s’est avéré que cette plante attirait beaucoup plus les frelons asiatiques que toutes les autres plantes carnivores. D’où l’idée de lancer une étude sous l’égide de l’entomologiste François Meurgey du Muséum d’histoire naturelle de Nantes et de Romaric Perrocheau, directeur du Jardin des plantes. Résultat : sur une collecte de 200 échantillons réalisée pendant un mois, la plante piégeuse a révélé son goût pour les mouches et les frelons asiatiques (600 mouches, 600 frelons). En moyenne, trois frelons par urne ont été retrouvés. « Un pied peut éliminer près de 50 frelons. Face à une colonie de 3 000 individus, ce n’est pas assez efficace », tempère toutefois Romaric Perrocheau. Pour les apiculteurs, Sarracenia ne serait donc pas la panacée. En outre, « c’est une plante d’Amérique du Nord, incompatible avec 98 % des sols français », ajoute Jean-Jacques Labat, spécialiste des plantes carnivores. Toutefois, Sarracenia pourrait servir à protéger des zones sensibles, telles que les ruches, ou permettre de développer des pièges imitant la plante.

Recherche de molécule pour concocter un appât

« La découverte est intéressante, mais on ne sait pas pour l’instant si elle est majeure ou mineure », tempère Éric Darrouzet, enseignant-chercheur à l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte (IRBI) de l’université de Tours, qui coordonne depuis 2011 des travaux sur le frelon asiatique.

Contactés par le Jardin des plantes, le biologiste et son équipe sont « en train d’examiner les molécules libérées dans l’atmosphère par la plante pour voir quelles odeurs attirent le frelon ». Le chercheur tourangeau espère trouver dans la plante « une supermolécule attractive », qui pourra être utilisée comme appât pour le prototype inédit de piège 100 % sélectif qu’il teste actuellement à Tours et qui devrait être commercialisé dès 2016.