Stérilisation préventive de la lapine : fiche pratique - La Semaine Vétérinaire n° 1635 du 19/06/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1635 du 19/06/2015

SYNTHÈSE

Pratique canine

FORMATION

Auteur(s) : Émilie Tessier

Fonctions : Membre de RevelNAC, praticienne à Loos-lez-Lille (Nord)

RevelNAC, association de vétérinaires exclusifs NAC (lire pages 22 et 23), établit des recommandations, appliquées par tous ses membres, sur les bonnes pratiques liées à la médecine de ces espèces et des fiches pratiques. Parmi elles, les étapes à respecter lors d’ovario-hystérectomie de la lapine.

L’ovario-hystérectomie peut être considérée comme un acte de prévention lorsqu’elle est pratiquée entre 4 mois et 2 ans d’âge. Au-delà, la stérilisation reste indispensable mais ne peut plus être assimilée à une chirurgie de convenance.

Consultation préopératoire

• La vérification du sexe en présence du propriétaire est impérative.

• Un examen clinique classique est réalisé, comprenant notamment une auscultation cardiorespiratoire attentive et un examen des dents à l’otoscope. La palpation abdominale doit être souple et non douloureuse. Une pesée est à réaliser systématiquement le matin de l’intervention.

• Un bilan préanesthésique doit être proposé de façon systématique. Il permet d’évaluer le risque anesthésique et d’adapter le protocole utilisé.

Protocole anesthésique

• Si l’anesthésie du lapin est désormais bien maîtrisée, elle reste plus risquée que celle des mammifères couramment soignés en clientèle vétérinaire. Il convient donc d’utiliser un protocole adapté à un patient à risque afin de limiter les accidents anesthésiques. Les phases les plus dangereuses sont l’induction et le réveil. Tout au long de ces phases, un auxiliaire vétérinaire expérimenté doit être présent.

• La durée de l’anesthésie – et donc les temps consacrés à la préparation chirurgicale puis au temps opératoire – conditionne également la sécurité de l’anesthésie, quels que soient les protocoles et les précautions mis en oeuvre. En moyenne, 15 minutes de temps opératoire, c’est-à-dire de l’incision cutanée au dernier point, doivent suffire à un chirurgien expérimenté.

Prémédication

• Une induction directe au gaz est déconseillée. Une prémédication est indispensable.

• L’association d’opiacés à des benzodiazépines (midazolam de préférence pour son administration par voie sous-cutanée ou intramusculaire à résorption constante) ou à des α2-agonistes est très intéressante chez le lapin.

• L’analgésie peut être assurée par l’utilisation de morphiniques. La morphine semble avoir peu d’effets secondaires digestifs chez le lapin.

Monitoring

• La présence constante d’une personne chargée de surveiller l’anesthésie est indispensable (vétérinaire ou ASV).

• Un monitoring doit être assuré : oxymètre, électrocardiogramme ou opérateur avec un stéthoscope œsophagien1. L’utilisation d’un capnographe est recommandée si le lapin est intubé et est indispensable lors de l’utilisation de masques laryngés (ou dispositifs supraglottiques). La mise en place d’une sonde rectale de température est recommandée.

• Les critères de surveillance anesthésique sont similaires à ceux mis en place pour les carnivores : fréquence et ampleur des mouvements respiratoires, réflexes cornéens et palpébraux, nociception… Attention, la persistance de ces réflexes est variable selon le protocole anesthésique utilisé.

Voie veineuse

Un cathéter intraveineux doit être posé. Les sites possibles sont la veine marginale de l’oreille2, la veine céphalique ou la veine saphène latérale.

Protocole anesthésique

• L’anesthésie gazeuse est indispensable (sévoflurane ou isoflurane) même si elle ne peut à elle seule procurer une anesthésie de qualité apportant narcose, analgésie, myorelaxation et sécurité.

• Anesthésie locale : une anesthésie traçante de la ligne blanche et l’utilisation de lidocaïne sur les pédicules ovariens sont recommandées (un couplage avec la bupivacaïne est possible). Une dilution maximale de 50 % est possible. Au-delà, il y a une perte de l’efficacité analgésique.

• L’induction peut être réalisée directement par voie gazeuse ou d’abord par voie injectable.

• L’anesthésie est maintenue par voie gazeuse (isoflurane ou sévoflurane) à l’aide d’un masque ou après intubation (à préférer dans le cas du sévoflurane). Les dispositifs supraglottiques constituent une bonne alternative si certaines précautions sont respectées : nettoyage de la gueule du lapin pour enlever tous débris alimentaires, absence de mobilisation de la tête du lapin une fois le dispositif mis en place et surveillance continue par capnographie du positionnement du dispositif.

Bonnes pratiques chirurgicales

• Tonte. La peau du lapin est extrêmement fragile. Une tondeuse appropriée est nécessaire.

• Asepsie chirurgicale. Le nettoyage doit limiter les risques d’hypothermie. L’asepsie est identique à celle effectuée chez les carnivores domestiques (casaque et gants stériles, masque, charlotte, champ transparent stérile facilitant la surveillance anesthésique).

• Antibioprophylaxie. Comme chez les carnivores domestiques, elle est inutile en l’absence de faute d’asepsie.

• Maintien de la température corporelle (utilisation de tapis chauffants, de bouillottes, etc., en faisant attention au risque de brûlure) et de la pression artérielle (fluidothérapie intraveineuse).

Technique opératoire

• La technique chirurgicale est similaire à celle utilisée chez les carnivores, mais la lapine présente quelques particularités : l’incision cutanée et musculaire doit être effectuée avec précaution pour ne pas léser le cæcum, très proéminent dans la cavité abdominale.

• L’ovario-hystérectomie doit être systématique chez la lapine, quel que soit son âge.

• Une vaginectomie partielle est indispensable avec ligature séparée vasculaire puis vaginale. Il importe de ne pas léser les uretères lors des ligatures (au niveau des pédicules ovariens, mais également de l’abouchement vésical).

• La fermeture du plan cutané peut être réalisée par des points simples, un surjet cutané mais également un surjet intradermique ou l’utilisation de colle chirurgicale.

• Aucun pansement n’est posé.

Suivi post-opératoire

• Le maintien sous oxygène et des mesures de réchauffement sont recommandés en phase postopératoire immédiate. La surveillance du réveil doit être effectuée par un auxiliaire vétérinaire jusqu’à l’observation du décubitus sternal.

• Une analgésie postopératoire immédiate est réalisée à l’aide d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) potentiellement associés à un morphinique telle la buprénorphine, une fois que l’animal est correctement réveillé. Un traitement analgésique AINS est ensuite poursuivi pendant 3 à 5 jours après la chirurgie.

• La pose d’une collerette de manière préventive est inutile.

• L’hospitalisation peut être proposée jusqu’à l’observation d’un comportement normal et d’un appétit spontané.

• Une surveillance du transit est indispensable. Un traitement de maintien du transit peut être réalisé dès la phase préopératoire et poursuivi dans les 48 heures qui suivent (gavages avec un aliment adapté et gastrocinétique).

Conseils postopératoires au propriétaire

• Surveiller l’appétit et le transit, notamment dans les 48 premières heures.

• Éviter les sauts et les efforts pendant 3 jours.

• Observer les fils. Si la lapine touche à ses fils, la pose d’une collerette est possible.

• Effectuer un contrôle clinique 10 à 15 jours après l’intervention.

  • 1 Attention, le stéthoscope œsophagien peut induire un malaise vagal important, particulièrement chez les petits lapins.

  • 2 Et non l’artère médiale de l’oreille ! Placer un tuteur de coton ou des compresses dans l’oreille cathétérisée. Relier les deux oreilles à l’aide d’une bande cohésive pour que le cartilage ne s’abîme pas. Ne pas administrer de produits irritants (attention à la kétamine).

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