DÉVELOPPEMENT DURABLE : OUI, LA PROFESSION EST ENGAGÉE ! - La Semaine Vétérinaire n° 1635 du 19/06/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1635 du 19/06/2015

Dossier

Auteur(s) : Nathalie Devos

Le développement durable, à savoir préserver une planète en bonne santé, passe par celle des animaux, des êtres humains et des écosystèmes en général, qu’il faut concilier avec le progrès économique et social. De par leur formation, les vétérinaires sont intégrés à ce concept. De notre ministère de tutelle jusqu’aux organismes spécialisés, en passant par les praticiens, l’implication de la profession est réelle.

Comment concilier progrès économique et social sans mettre en péril l’équilibre naturel de la planète ? Comment ralentir le prélèvement effréné des ressources naturelles ? Et comment faire en sorte de léguer une Terre en bonne santé à nos enfants ? C’est pour apporter des réponses concrètes à ces questions qu’est né le concept de développement durable, explique le ministère du même nom (un concept officiellement né dans les années 1980). En quelques mots, il s’agit d’« un développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Le ministère attaché à cette problématique insiste sur le fait que, pour y parvenir, les pouvoirs publics, les entreprises et la société en général doivent travailler ensemble.

Les vétérinaires sont, dans leur ensemble, impliqués dans ce concept. Leur rôle en termes de santé animale et publique s’inscrit initialement, de par leur formation, dans cette démarche.

À travers quelques exemples non exhaustifs, ce dossier présente les secteurs dans lesquels nos consœurs et nos confrères œuvrent à plein temps ou non, ou en coopération avec des organismes qui sont totalement ou en partie ancrés dans cette démarche, dans divers domaines allant de la santé animale et humaine à la biodiversité, la conservation des territoires terrestres ou maritimes, ou encore la recherche. Tour d’horizon.

Au niveau des pouvoirs publics français et des établissements rattachés ou coopérants

• Le ministère de l’Agriculture, où exercent des confrères, participe largement, par ses multiples compétences, à la gestion du vivant et de l’environnement dans son ensemble. Le projet agro-écologique pour la France (voir Décryptage pages 48 et 49) a été lancé en décembre 2012. Il se décline en plusieurs plans d’action : Écophyto, Semences et agriculture durable, Énergie méthanisation autonomie azote, Ambition bio, ÉcoAntibio 2017, Développement durable de l’apiculture, ou encore Protéines végétales pour la France 2014-2020.

La loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt (LAAAF), dont l’adoption date de septembre 2014, constitue en outre un vrai tournant de la France vers l’agroécologie.

• Les agences, les instituts et/ou les organismes français qui y sont rattachés ou qui coopèrent activement avec le ministère, tels que le CGAAER, l’Anses, la plateforme ESA, l’Itsap, l’Ademe, l’Ifip, l’Inra, l’Itavi, le CIV et l’Institut de l’élevage, etc.

Au niveau des établissements européens et internationaux

Peuvent être cités les vétérinaires de la FVE, l’Efsa, l’OIE, la FAO ou encore le Cirad, l’UICN et le WWF, entre autres.

Les instances, les sociétés et les syndicats professionnels

• L’Ordre a notamment œuvré pour la collecte des déchets d’activités de soins (DAS).

• Les syndicats et autres groupements professionnels sont tous impliqués, chacun à leur manière, dans le développement durable (sensibilisation des acteurs de terrain, publications, etc.), comme par exemple le SNVEL (à l’initiative du groupe VDD, vétérinaire pour un développement durable), le SNVCO, le SNVSE, le SIMV, le SNISPV, la FSVF et la SNGTV.

• Les académies d’agriculture et vétérinaire de France communiquent également de façon régulière sur ce thème.

• Les associations sont nombreuses à œuvrer dans ce domaine, chacune dans des secteurs différents. Citons – mais la liste n’est pas exhaustive – l’AVSF, l’Afvac, l’Avef, l’AFMVP, l’ASA, l’AVPO, le CNITV et les associations de laboratoires d’analyses vétérinaires.

Les praticiens et les vétérinaires de terrain

En marge des associations et autres groupements, des initiatives de terrain se développent, telle que le mouvement ÉcoVéto, au niveau de la clinique vétérinaire (voir interview).

Les écoles

Au niveau des écoles, la tendance développement durable a également le vent en poupe. Enseignants et étudiants initient des thématiques sur ce sujet et multiplient les actions, telles que le bénévolat et les partenariats. Le concours « Mets ton campus à l’an vert », pour prendre un exemple, consiste à inciter les étudiants et leurs établissements à mener des actions concrètes de développement durable, sous forme de défis.

ENTRETIEN AVEC FLORENCE MAY

« Réfléchir à des démarches simples dans la pratique quotidienne »

Florence May est à l’initiative du mouvement ÉcoVéto1. Elle nous livre l’objectif de cette action.

Comment est né le mouvement ÉcoVéto ?

Il est né dans notre clinique vétérinaire à Faverges, grâce à une équipe de quatre vétérinaires (Sarah Loiseau, Gaëlle Morat, Pierre May et moi-même) et quatre ASV (Christelle Favre-Bonvin, Sophie Meuret, Marie-Pierre Mirabells, Krista Rullmann), tous motivés par l’écologie. Dès le début, notre équipe s’est attachée à réfléchir à des démarches écologiques simples et à des pratiques vétérinaires respectueuses de l’environnement, et à les tester. En 2012, ces dernières ont été communiquées aux cliniques alentour mais aussi dans toute la France. Aujourd’hui, ce sont près de 180 cliniques qui adhèrent au groupe de réflexion.

Quels sont vos partenaires dans cette démarche ?

Nos partenaires et interlocuteurs sont multiples et ne se limitent pas aux cliniciens. Nous sommes en contact avec des collectivités territoriales, des centrales d’achats, des laboratoires, des prestataires de services (pour l’incinération des animaux, par exemple), des associations vétérinaires, mais aussi avec l’Ordre, afin que tous puissent apporter leur expérience.

Quelles sont les actions au quotidien dans votre pratique ?

De petits gestes simples, tels que faire du compost à partir des litières et des fèces des animaux hospitalisés, utiliser moins de papier absorbant (pour essuyer le gel d’échographie, par exemple) en préférant des lingettes éponges lavables et réutilisables, recycler les cartons, choisir les présentations en vrac des médicaments, gérer la reprise des médicaments non utilisés par les clients ainsi que les périmés, ou encore décider de n’avoir qu’une commande par semaine pour réduire le nombre d’emballages carton et ainsi diminuer le coût carbone de la clinique et, bien entendu, gérer la gestion des déchets de soins.

Quelles études avez-vous déjà réalisées ? Quelles sont celles en cours ou à venir ?

Nous avons déjà comparé l’efficacité (spectre d’activité) et les effets toxiques des désinfectants et des détergents utilisés en pratique dans nos cliniques. Cela permet de faire une critique de nos habitudes de désinfection et de motiver l’équipe vers un changement.

Pour ce qui est des projets en cours, nous nous intéressons surtout aux déchets. Nous mettons en place, avec l’aide de notre confrère Yves Content, une étude avec essai et évaluation d’un recyclage des verres médicaux (flacons de vaccin et injectables). Elle va débuter en septembre 2015 dans environ 35 cliniques de la région Rhône-Alpes et une vingtaine de cliniques d’autres régions, et se poursuivra durant six mois. Il s’agira de trier et de peser le verre, d’évaluer les possibilités de recyclage et le poids moyen des “verres médicaux” utilisés en clinique. Par ailleurs, le conditionnement des médicaments, même pour le “vrac”, n’est pas encore optimal. Nous aimerions inciter les laboratoires à proposer du vrai vrac, sans blister en aluminium et plastique.

Enfin, le bilan carbone des cliniques vétérinaires, comme cela se fait dans d’autres entreprises, est à l’étude par un spécialiste du développement durable, Charles-Étienne Rivier, et plus précisément l’impact de l’activité des cliniques, depuis les fournisseurs jusqu’aux clients : consommation d’énergie, transports et déplacements, achats entrants, rejets, etc. Il pourrait orienter les actions de façon efficace et individuelle en faveur du développement durable.

Propos recueillis par Nathalie Devos

GLOSSAIRE

Ademe : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie

AFMVP : Association française de médecine vétérinaire porcine

Afvac : Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie

Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

ASA : Association Animale société aliment

Avef : Association vétérinaire équine française

AVPO : Association des vétérinaires exerçant en productions organisées

AVSF : Agronomes et vétérinaires sans frontières

CGAAER : Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux

Cirad : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement

CIV : Centre d’information des viandes

CNITV : Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires

Efsa : Autorité européenne de sécurité des aliments

ESA : Plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale

FAO : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture

FSVF : Fédération des syndicats vétérinaires de France

FVE : Federation of Veterinarians of Europe

Ifip : Institut du porc

Inra : Institut national de la recherche agronomique

Itavi : Institut technique de l’aviculture

Itsap : Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation

OIE : Organisation mondiale de la santé animale

SIMV : Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire

SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires

SNISPV : Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire

SNVCO : Syndicat national des vétérinaires conseil

SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral

SNVSE : Syndicat national des vétérinaires salariés d’entreprises

UICN : Union internationale pour la conservation de la nature

WWF : World Wildlife Fund

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