Une approche conceptuelle de la conscience animale

La question de la conscience animale peut être abordée sous l’aspect du langage : quand et comment utilisons-nous le mot conscience à propos de l’animal ?

Nous sommes tentés de penser qu’il est impossible de savoir si l’animal est conscient puisque nous nous représentons faussement la conscience, les pensées, les sensations, comme si elles étaient à l’intérieur de chacun, comme si elles étaient privées.

L’abord par les neurosciences, aussi passionnant soit-il, nous donne les structures et connexions nerveuses qui sont fonctionnellement corrélées à la conscience, mais ne nous dit rien sur la conscience elle-même. Ces confusions proviennent cependant d’une erreur de sens dans l’utilisation de nos mots, et non d’une découverte scientifique. Avant que les phrases soient vraies ou fausses, il faut qu’elles aient du sens. Ainsi, c’est un animal qui est conscient, pas son cerveau, de même que c’est un animal qui a peur, pas son adrénaline.

Ce n’est ni une connaissance ni une opinion qui nous permet de dire que les humains ou les animaux évolués peuvent être conscients ou inconscients, ou peuvent souffrir. Nous apprenons ces mots lors de l’acquisition de notre langage maternel dans la toute petite enfance, comme nous apprenons que la cons?cience ou l’inconscience ne s’applique ni aux tables, ni aux chaises, ni aux moteurs, hormis de manière métaphorique… Ce serait des non-sens.

Les animaux évolués peuvent être conscients, pour autant que leur comportement le manifeste : ils peuvent avoir peur, être en colère, jaloux, penser (qu’une proie se cache derrière le bosquet), se souvenir (de l’os caché), reconnaître (la balle parmi une collection d’objets), etc. Cependant, ils ne peuvent être conscients d’eux-mêmes, puisqu’il faut alors maîtriser le langage : un humain ou un chien peut être en colère ou jaloux, mais seul l’humain qui maîtrise le langage peut être conscient de sa colère ou de sa jalousie (mais pas toujours), de sa vanité (mais pas toujours), etc.

Aussi, c’est dans notre propre attitude que nous prenons en compte les souffrances des animaux, leurs inquiétudes, leurs peurs. Lorsque nous disons que tel animal souffre, ou est conscient, nous l’avons reconnu, en utilisant notre langage, avant même de le connaître. C’est une attitude d’humanité. Aussi, c’est dans notre humanité que se trouve la clé de la conscience animale.