Les moyens mis en œuvre pour sortir la filière caprine de la crise

Les difficultés rencontrées par la filière caprine entre 2009 et 2013 semblent appartenir au passé. La situation des éleveurs s’est enfin améliorée en 2014, de même que les perspectives à court terme. L’analyse des dynamiques à l’œuvre durant la crise que vient de traverser la filière caprine met au jour des difficultés d’ajustement des volumes à l’évolution des fabrications et des marchés, d’une part, et d’établissement de prix soutenables pour les différents maillons de la filière caprine, d’autre part.

Le passé

Après une croissance dynamique de la collecte française entre 2000 et 2006 (5 % par an en moyenne), tirée par une demande nationale en fromages de chèvre, celle-ci ralentit en 2007 et 2008, impactée par des mauvaises années fourragères et la flambée du prix de l’alimentation animale, tandis que les industriels se tournent vers l’Espagne et les Pays-Bas. Parallèlement, l’augmentation du prix du lait et la mise en place d’une stratégie d’incitation à l’installation relancent la production française. Elle bondit de près de 50 millions de litres entre 2009 et 2011, alors que les importations restent importantes et que la crise économique aboutit au ralentissement de la consommation. L’engorgement du marché se fait ressentir, les surstocks affectent les entreprises : les prix de vente industriels plongent de 6 % entre 2009 et 2012, entraînant le prix du lait dans leur sillage.

La rentabilité de l’élevage caprin se trouve ainsi fortement dégradée, alors que les charges flambent, avec une progression de près de 16 % de l’indice des prix d’achat des moyens de production agricole (Ipampa). C’est la rupture : les cessations d’activité se multiplient et la collecte s’effondre de 8 % en 2012, puis de 6 % en 2013 (réduction de 70 millions de litres en deux ans). La filière passe alors brutalement d’une situation de surstocks, de 2009 à 2012, à une autre de sous-stocks en 2013, aboutissant à une pénurie de fromages de chèvre lors des fêtes de fin d’année.

Toutefois, cette pénurie permet de revaloriser les produits caprins. Des hausses de tarifs sont négociées avec la grande distribution. Les prix de vente industriels croissent de 4 % en 2013 et le prix du lait de 9 %. Cependant, les charges restent à un niveau jusqu’alors inégalé, avec une progression de 3 % de l’Ipampa.

Le présent et l’avenir

En 2014, la production de lait est stable par rapport à celle de 2013, soit environ 450 millions de litres. La revalorisation des produits caprins se poursuit : les prix du lait et des fromages (prix industriel) augmentent (respectivement de 5 et 4 %), alors que l’Ipampa diminue (de 4 %), ce qui améliore la situation des producteurs. La pénurie a pour conséquence une baisse de la commercialisation des fromages en libre-service, mais ils sont mieux vendus.

En 2015, le prix du lait devrait rester élevé, avec une stabilisation des charges. Le potentiel de production des années suivantes est toutefois à considérer. L’ajustement de la production à la demande (520 millions de litres) doit être maîtrisé par une meilleure gestion des stocks et des importations. De plus, des efforts doivent être réalisés pour motiver les jeunes à s’installer ou à remplacer ceux qui partent en retraite.

Afin de redonner confiance et d’offrir aux producteurs des conditions qui leur permettent de dégager un bon revenu, d’investir et d’amortir des installations modernes, l’interprofession a établi un plan stratégique en cinq points. Les deux premiers concernent la poursuite de la valorisation du lait et des fromages de chèvre engagée en 2014 pour faire face à la hausse des charges et redynamiser les ventes. Les deux suivants visent l’amélioration de la qualité du lait concernant les numérations cellulaires et la maîtrise des volumes produits par la mise en place d’une contractualisation. Enfin, le dernier cherche à mettre en avant les atouts et les spécificités de la filière caprine française et à promouvoir son savoir-faire auprès de la grande distribution, à travers un référentiel de responsabilité sociétale et environnementale (RSE). Ce RSE s’appuie sur le respect du producteur, du consommateur, de l’animal (bonnes conditions d’élevage) et de l’environnement (gestion des effluents, préservation des ressources, etc.). La démarche repose sur le code mutuel de bonnes pratiques d’élevage (version 2015) pour les producteurs et la charte des bonnes pratiques pour les entreprises.