Acides aminés et protéines : les besoins et effets chez le verrat et le risque d’odeurs

Une étude présentée lors des journées de la recherche porcine en février dernier confirme que les aliments conçus sur la base des besoins en acides aminés essentiels pour les mâles castrés ne répondent pas à ceux des mâles entiers. Toutefois, leur réduction en matières azotées ne diminue pas davantage les performances des verrats et limite le risque d’odeurs.

Cet essai compare les performances des mâles entiers nourris avec des aliments formulés sur la base de leurs besoins en acides aminés essentiels (0,94 et 0,81 g de lysine digestible/MJ d’énergie nette, respectivement au début des périodes de croissance et de finition, notés ME pour mâles entiers) ou des besoins des mâles castrés (respectivement 0,84 et 0,71 g/MJ, notés MC pour mâles castrés). L’effet de la réduction de la teneur en matières azotées totales sur les rejets azotés des mâles entiers est également étudié.

Pour cela, les aliments distribués à trois lots de cinq porcs sont formulés différemment en taux d’acides aminés (ME ou MC) et de matières azotées totales (taux standards : 16,5 % en croissance et 14,5 % en finition ; ou abaissés de deux points : respectivement 14,5 et 12,7 %). À l’abattoir, les épaisseurs de gras et de muscle entre les troisième et quatrième vertèbres lombaires sont mesurées, et les teneurs en androstérone et en scatol du gras de bardière sont déterminées.

L’indice de consommation est significativement plus faible et l’épaisseur de muscle est significativement plus grande pour un taux d’acides aminés ME par rapport au MC (- 0,13 g/g en indice de consommation et + 3,1 mm en épaisseur de muscle pour le lot 3 par rapport aux lots 1 et 2, p < 0,01, voir ^tableau). Ceci montre que des aliments biphases conçus pour les mâles castrés ne permettent pas aux mâles entiers d’optimiser l’utilisation de l’énergie.

Avantages versus inconvénients

Les performances de croissance et les caractéristiques de carcasse des mâles entiers nourris avec l’aliment MC ne sont pas dégradées par la réduction de la teneur en matières azotées de l’aliment, mais l’indice de consommation reste élevé par rapport à un aliment ME. Ainsi, le coût des aliments ME est compensé par la baisse de l’indice de consommation, qui permet d’obtenir une marge sur coût alimentaire plus intéressante.

La réduction du taux de matières azotées totales dans l’aliment permet une diminution de 21 à 25 % de la quantité d’azote rejetée (lot 1 versus 2). Toutefois, pour un même taux de matières azotées standard, la quantité d’azote rejetée est réduite de 7 à 9 % pour un aliment avec un taux d’acides aminés ME par rapport à un MC (lot 3 versus 2). Enfin, la proportion de porcs présentant une faible teneur en androstérone (moins de 1 µg/g) tend à être réduite lorsque la matière azotée totale de l’aliment est abaissée (91 % contre 70 %, p = 0,09). Le risque d’odeur lié à l’androstérone est ainsi plus faible. En revanche, aucun effet significatif n’est mis en évidence sur la teneur en scatol des échantillons, donc pas de risque d’odeur lié au scatol.

Ainsi, les aliments biphases conçus pour les mâles castrés ne permettent pas aux mâles entiers d’optimiser l’utilisation de l’énergie. La diminution de matières azotées dans les aliments MC réduit le rejet d’azote, ainsi que le risque d’odeurs de verrat lié à l’androstérone dans le gras chez les mâles entiers. Toutefois, l’intérêt de la réduction des matières azotées dans les aliments ME reste à démontrer, ceux-ci étant plus délicats à formuler.