QUESTIONS – RÉPONSES
Pratique canine
FORMATION
Auteur(s) : Emmanuel Bensignor
Fonctions : Spécialiste en dermatologie
vétérinaire, praticien à Nantes,
Paris et Rennes.
Vous avez des questions pratiques ? Nous avons exposé vos problématiques à un spécialiste, qui vous apporte ses réponses. Cette semaine, Emmanuel Bensignor, spécialiste en dermatologie, répond à vos interrogations dans ce domaine.
Il n’y a actuellement pas de consensus sur ce thème. Auparavant, des “normes”, dépendant des auteurs, étaient envisagées (par exemple, plus de trois ou plus de cinq levures par champ au grossissement 1 000). Toutefois, il a été démontré que des cas d’hypersensibilité aux levures existaient, que l’évaluation quantitative cytologique était variable, non reproductible et “opérateur-dépendante”. Il vaut mieux, dans ce contexte, associer la présence d’éléments cliniques évocateurs (érythème avec séborrhée grasse prurigineuse, pododermatite et otite érythémateuse avec coloration ochracée des poils, anite érythémateuse et prurigineuse, onychite avec présence d’un enduit marron nauséabond) à la démonstration de levures sur la peau à l’examen cytologique (préférentiellement par test au ruban adhésif coloré), et ce quel que soit leur nombre. C’est, in fine, la réponse au traitement antifongique utilisé sans aucune autre thérapeutique qui permettra de faire rétrospectivement le diagnostic.
La sérologie “gale sarcoptique” est un test sensible et spécifique. Toutefois, la valeur prédictive positive du test n’est pas si bonne que prévu, comme démontré dans une étude anglaise récente1. En pratique, ce test est donc surtout utile pour exclure une gale lorsqu’il est négatif. Le diagnostic de gale repose toujours sur la mise en évidence du parasite et la réponse au traitement acaricide, la positivité du test ne faisant que renforcer l’hypothèse.
En pratique quotidienne, de nombreux cas d’infection bactérienne cutanée sont associés à un prurit, parfois sévère. Dans ce cadre, l’utilisation de corticoïdes pourrait sembler justifiée. Toutefois, il a été démontré qu’ils pouvaient provoquer un effet rebond et qu’ils avaient une action pro-infectieuse… Il vaut donc mieux se contenter d’avoir recours à une antibiothérapie adaptée qui, seule, permettra de diminuer rapidement (en quelques jours) les sensations de démangeaisons.
L’otite externe mérite un traitement “externe” ! Dans la grande majorité des cas, les affections auriculaires du chien ne nécessitent donc pas de traitement systémique… Seuls les cas pour lesquels il existe une sténose du conduit ou la présence d’ulcères proximaux qui préviennent les applications topiques justifient un traitement par voie générale. En revanche, en cas d’otite moyenne, le recours aux traitements systémiques est toujours indiqué car les produits topiques pénètrent mal dans la bulle tympanique, sauf sous flushing vidéo-otoscopique.
Faux ! Contrairement à une idée reçue, il existe de nombreux cas dans lesquels la démodécie s’accompagne d’un prurit : formes érythémato-squameuses chez les chiens à poils courts, surinfections bactériennes, infestation par la forme longue (Demodex injai), responsable d’un prurit parfois sévère en zone dorso-lombaire…
Oui, la présence de poils rend indispensable cette mesure thérapeutique, même si les lésions sont localisées. Une exception pourrait être la présence de kérions isolés (lésions inflammatoires en relief, généralement suintantes).
Cela dépend… de l’animal et de son propriétaire, bien sûr, mais surtout du contexte épidémiologique (le chien ou le chat dorment-ils dans le lit ? Sont-ils souvent caressés par de jeunes enfants ?) et clinique (préférer les systémiques en cas de lésions inflammatoires importantes et/ou si des shampooings répétés sont nécessaires). Chaque cas est particulier et il est important de resituer la place des antiparasitaires, qui nécessitent une réelle prescription, adaptée au contexte.
Les deux ! Rappelons que le but des tests d’allergie n’est pas de confirmer une dermatite atopique, mais de préciser l’importance des allergènes dans la pathogénie de la maladie (dans un but “technique” et surtout thérapeutique). Les intradermoréactions restent l’étalon dans la plupart des études. Mais quand leur réalisation est difficile, l’utilisation de tests sérologiques (de bonne qualité…) est intéressante. Coupler les deux types d’examen permet d’obtenir un bilan plus précis (présence d’anticorps dans le sérum et dans la peau) et améliore l’efficacité de la désensibilisation.
Tumeur relativement fréquente du chien âgé, le lymphome épithéliotrope ou mycosis fongoïde prend parfois des aspects déroutants. En phase de début, il est caractérisé par l’apparition initiale d’un érythème et d’un squamosis prurigineux, qui peut persister pendant plusieurs mois à bas bruit. Une phase en plaques apparaît par la suite et finalement une phase nodulaire, plus classique, survient. L’évolution est capricieuse, certains chiens déclarant brutalement une éclosion multicentrique (incluant la cavité orale), alors que d’autres ne déclenchent que tardivement ces signes cliniques. Des études de clonalité sont en cours de développement dans différents laboratoires d’anatomopathologie afin de mieux prévoir le comportement des lymphocytoses cutanées canines.
Très simplement, en se contentant de passer le morceau de Scotch® dans le bleu de méthylène des kits de coloration rapide. Il n’est pas utile d’utiliser l’éosine puisque les éléments microbiens recherchés ne prennent pas ce colorant. Il n’est pas recommandé de fixer le Scotch® dans l’éthanol, car la dissolution de la colle abîme le prélèvement. Le ruban adhésif est ensuite rincé à l’eau claire, puis délicatement tamponné sur du papier absorbant pour le sécher avant de l’observer au microscope.
Seuls les corticoïdes (topiques et systémiques) et l’oclacitinib sont recommandables dans cette indication. Ces molécules agissent vite et permettent de calmer le prurit. La ciclosporine est intéressante pour le traitement des phases chroniques, mais pas pour les phases aiguës, car elle agit lentement. Les antihistaminiques n’ont pas d’intérêt pour les poussées. Leur indication est réservée au traitement d’entretien pour essayer de diminuer le seuil de prurit.
Non, bien que souvent lié à une allergie (alimentaire, dermatite atopique ou DAPP2), le prurit cervico-facial est, en pratique, un syndrome complexe, avec de nombreuses causes. Il faut toujours, a minima, inspecter les conduits auditifs à la recherche d’Otodectes cynotis ou d’une otite moyenne, réaliser des examens cytologiques pour évaluer les complications infectieuses (bactérienne ou à Malassezia), envisager la possibilité d’une dermatophytose et éventuellement réaliser une culture fongique, évaluer le comportement de l’animal, prendre en compte la possibilité d’une infection virale ou d’un trouble neurologique… Et ne partir sur la piste allergique que quand toutes ces hypothèses ont été infirmées. Un travail d’expert !
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire