Quelle utilisation faites-vous de l’échographie en pratique bovine ?

Je n’hésite pas à poser la sonde

ANNE-CATHERINE BERNARD (L 04) Praticienne rurale à Cusset (Allier).

Nous utilisons l’échographie essentiellement pour les visites de suivi de reproduction. Dans notre berceau allaitant, une terre charolaise, de nombreux éleveurs ont recours à l’insémination, pratiquent l’allotement ; ils s’orientent vers une agriculture raisonnée, soucieuse de rentabilité. Une vache vide, c’est la séance d’échographie qui est remboursée. Nous devons pouvoir, en conséquence, les accompagner dans cette démarche. En marge de cette utilisation gynécologique de l’échographie, je développe personnellement cette pratique dans une optique de diagnostic. Depuis ma formation lors d’un congrès des GTV, il y a quatre ans, je n’hésite pas à poser la sonde, quand l’occasion s’y prête : sur les gros cordons, les veaux ballonnés ; pour une néphrite, une péritonite ; lors d’une suspicion de corps étranger, etc. C’est un progrès au regard du “scanner agricole”, qui consiste à ouvrir d’abord et à voir ensuite ! Certes, pour les gros bovins, il faudrait une profondeur d’examen supérieure. Les praticiens ne l’utilisent donc pas suffisamment par crainte de ne rien voir. Mais en acquérant de l’expérience, nous serons davantage en situation de profiter au mieux de l’évolution technique du matériel. Et nous pourrons facturer…

Une pratique encore limitée au suivi de fécondité

JÉRÉMY LABORIE (N 12) Praticien rural à La Verrie (Vendée).

Dans notre cabinet, l’utilisation de l’échographie est bien ancrée pour le diagnostic de gestation et les pathologies ovariennes. Nous ne nous en servons quasiment que pour le suivi de fécondité. Ce n’est pas un instrument que l’on manipule aussi souvent qu’une sonde urinaire ou un détecteur de métaux. Notre clientèle bovine, moitié allaitante (blonde d’Aquitaine, parthenaise, charolaise et limousine), moitié laitière (prim’holstein et un peu de montbéliarde), nous permettrait cependant d’en avoir sans doute un usage plus large. Certains confrères pratiquent des échographies de mamelle, de canal de trayon, de foie, de péricarde, etc. Il nous faudrait probablement un instrument plus performant, qui nous permette de faire de l’échographie abdominale, des examens complémentaires sur des masses, sur des cordons ombilicaux de veaux, etc. Et que chacun des vétérinaires de la structure en soit équipé. Aujourd’hui, nous en avons un seul, au cabinet. L’amélioration des performances techniques de l’échographe nous conduira vraisemblablement à nous former à son utilisation, afin de pouvoir réellement le considérer comme un outil de diagnostic majeur.

Une activité en forte augmentation

SÉBASTIEN DAVROU (N 08) Praticien rural à Saint-Germain-Laval (Loire).

Notre clientèle bovine est mixte, à prédominance allaitante (deux tiers, un tiers). En laitier, nous faisons essentiellement du suivi de fécondité (diagnostic de gestation, involution utérine, échographie des ovaires) ; en allaitant, il s’agit simplement de diagnostic de gestation. Cette activité a fortement augmenté depuis quelques années. La demande est notable de la part des éleveurs qui, pour certains, commencent à pratiquer eux-mêmes l’insémination. Nous souffrons moins que certaines régions, comme la Bretagne, de la concurrence d’autres intervenants dans ce domaine, car nous sommes encore considérés comme une référence auprès de nos clients. Cependant, hormis quelques échographies ombilicales, nous nous servons rarement de cet outil pour d’autres utilisations. Ce n’est pas encore dans nos habitudes. Et puis nous ne sommes pas suffisamment formés. Pris par la routine du quotidien, nous ne pensons pas à suivre les formations proposées. Notre utilisation de l’échographe reste donc limitée, nous sommes cependant convaincus de son développement à l’avenir.