Quels sont les marqueurs de la qualité du travail dans votre structure ? - La Semaine Vétérinaire n° 1632 du 29/05/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1632 du 29/05/2015

@… Vous !

FORUM

Auteur(s) : Serge Trouillet

Une vie familiale préservée

EMMANUELLE GÉRARD (N 02) Praticienne équine mixte à Pont-l’Abbé (Finistère).

Dans notre clinique (65 % canine, 35 % équine), nous sommes deux associées, avec des enfants. L’une de nos priorités étant de préserver au mieux notre vie familiale, nous avons aménagé nos plannings en conséquence. Nous travaillons en moyenne quatre jours par semaine et un dimanche sur quatre, et nous prenons entre six et sept semaines de congés par an. Cette organisation permet ce confort. En travaillant deux jours et demi par semaine en routine, notre collaboratrice libérale, qui a des enfants en bas âge, augmente son temps de travail pendant nos absences ainsi qu’entre mai et septembre, une période de plus grande activité dans notre région très touristique. Il en est de même pour notre salariée, à qui l’on ne peut proposer actuellement plus de trois ou quatre jours par semaine. Mais cet équilibre est très précaire. À la suite d’investissements dans nos locaux, la fréquentation et l’activité ont crû, et notre journée hebdomadaire de congé a déjà été rognée de moitié ! Sans doute devrons-nous revoir notre organisation pour ne pas nous laisser happer par notre métier, très stimulant. Nous aimerions faire davantage de formations. Il faudrait pour cela que les journées soient plus longues ou les enfants plus grands…

Une organisation souple et une bonne entente

LAURENT GUILBAUD (L 94) Praticien canin à Villefranche-sur-Saône (Rhône).

L’organisation du temps de travail des vétérinaires, dans notre structure, tient davantage du sur-mesure que du modèle unique. Chacun des cinq associés, en raison de sa situation familiale ou de son âge, assure un nombre de vacations qui lui est propre. Cela va de 3,5 à 4,75 jours par semaine. Il en est de même pour les salariés de nuit, trois équivalents temps plein, qui assurent les urgences pour une quarantaine de cliniques environnantes en aménageant eux-mêmes leur planning. Depuis 15 ans, nous adaptons ainsi notre fonctionnement aux besoins exprimés par les uns et les autres. Cela n’empêche pas de créer une certaine régularité dans le temps de travail, favorable à la qualité de vie de chacun d’entre nous. Par ailleurs, nous nous attachons à nous retrouver régulièrement, entre vétérinaires, le temps d’un déjeuner hors de la clinique. Nous le faisons également une ou deux fois par semaine avec nos assistantes. C’est l’occasion d’échanger, de faire circuler l’information. La clinique est grande et nous ne sommes pas en permanence en contact. Cela contribue aussi à prévenir des tensions, à entretenir un lien professionnel et humain indispensable dans une entreprise.

La nécessité d’une offre de services étoffée

PIERRE KIRSCH (Liège 99) Praticien en rurale mixte à Auvillers-les-Forges (Ardennes).

En rurale, la fréquence des gardes nuit à la qualité de notre travail. Certains de nos confrères isolés n’ont plus de temps libre pour eux. Nous avons la chance d’être quatre pour partager les gardes. Mais il conviendrait, à l’avenir, de conserver suffisamment d’activité pour en vivre. Car le monde rural est en forte mutation, et les éleveurs peinent à se projeter dans le futur. Notre activité traditionnelle s’amenuise. Si cela continue, nous ne pourrons pas remplacer le prochain associé qui prendra sa retraite, et notre qualité de vie en pâtira. Nous souhaitons étoffer notre offre de services, en matière de prévention, de médecine de troupeau. Le pourcentage d’éleveurs sensibles à cette démarche est toutefois assez faible. Le vétérinaire est encore trop souvent considéré comme le pompier de service. Pourtant, les exploitations qui travaillent avec nous, sur la prévention, sont majoritairement en bonne santé financière et n’hésitent pas à nous solliciter. Leur confiance dans cette approche de l’élevage est liée à son efficacité, avec moins d’animaux malades, moins de stress, et un plus grand intérêt professionnel. Le maintien de notre activité et de notre qualité de vie passe par ce changement de pratique.

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