S’adapter aux évolutions de l’élevage

Pour la 5^e année, le laboratoire Merial organisait un symposium sur le thème de l’économie de l’élevage et la place du vétérinaire rural, à Nantes, le 19 mai dernier, à la veille des journées nationales des groupements techniques vétérinaires (GTV).

Vincent Chatellier, économiste de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), était invité à replacer l’élevage français dans le contexte mondial. La rentabilité de l’élevage pose question alors que la demande en viande, au niveau mondial, augmente. Le secteur laitier devrait être peu impacté par la disparition des quotas, dans la mesure où la production nationale était inférieure à ceux-ci depuis quelques années (ce qui n’est pas vrai au niveau européen), mais en six à sept ans, les charges ont augmenté de 30 % (intrants).

Sur les 67 000 exploitations laitières, seulement 5 000 réalisent plus d’un million de litres de lait. Environ 20 % des vaches laitières sont dans des étables de plus de 100 animaux (3 % de plus de 200). Sur les 96 000 exploitations allaitantes, seulement 6 000 comptent plus de 100 mères, et 47 % des élevages en ont moins de 30. Ce secteur souffre de la baisse de la consommation individuelle de la viande et de sa dépendance aux aides directes. La concurrence des pays européens voisins (Allemagne, Pays-bas, Danemark, Irlande) constitue une grande faiblesse pour le secteur laitier, de même que des exportations trop orientées vers l’Union européenne et l’hétérogénéité des coûts de production.

Des besoins en coaching

Devant les contraintes subies par les élevages dans le contexte européen, une partie des éleveurs va s’adapter. De ce fait, leurs attentes vis-à-vis des vétérinaires vont évoluer. Philippe Cazes (société IMPC) explique qu’il est possible d’interpréter un marché ou son évolution soit comme une menace, soit comme une opportunité (par exemple, le niveau technico-économique de plus en plus élevé des éleveurs). Démographiquement, le nombre d’exploitations clientes des praticiens va progressivement diminuer, et il faudra être en mesure de conseiller des populations de plus en plus importantes, notamment par une approche plus commerciale de type “grands comptes”. Économiquement, il sera nécessaire d’apprendre à valoriser la prescription vétérinaire sur le plan des résultats économiques des élevages, de savoir lire les bilans d’exploitation, de connaître les coûts de production, les modèles économiques… bref, les repères clés qui font partie de la culture des conseillers en élevage. Un perfectionnement dans les techniques commerciales (notamment pour présenter des services et défendre les prix) et dans l’écoute des clients (un aspect souvent pointé du doigt) sera conseillé. La relation avec les éleveurs change.