Poulets : des progrès génétiques intenses en 50 ans - La Semaine Vétérinaire n° 1631 du 22/05/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1631 du 22/05/2015

SYNTHÈSE

Pratique mixte

FORMATION

Auteur(s) : Simon Mouchel

Ces 50 dernières années, la consommation mondiale de viande de volaille a augmenté de plus de 2 % par an1. Pour répondre à la demande toujours plus importante, la sélection génétique s’est accélérée, et a permis de fournir des poulets répondant aux évolutions des habitudes de consommation.

Dans les années 1950, les responsables du Poultry Research Center (Edmonton, Canada), au regard de l’évolution rapide des souches commerciales de poulets de chair, ont eu l’idée de conserver des lignées de poulets sans pratiquer de sélection, afin de pouvoir apprécier le progrès génétique à long terme.

Martin Zuidhof et son équipe de l’université d’Alberta (Canada)2 ont ainsi comparé les performances de deux souches de poulets de chair conservées depuis 1957 et 1978 avec la souche Ross 308 du sélectionneur Aviagen, mise sur le marché en 2005 (figure). Cette dernière souche est la plus utilisée dans le monde pour la production de poulets de chair à croissance rapide.

Un poids moyen plus que quadruplé en 50 ans

Dans cette étude, les animaux de trois souches différentes (AMC-1957 et AMC-1978 pour Alberta Meat Control, codes propres à l’organisme de conservation de ces poulets, et la souche commerciale Ross 308) ont été élevés pendant 56 jours et nourris ad libitum, avec un aliment conforme aux recommandations de la souche Ross 308.

Afin d’évaluer le progrès génétique, les performances des trois souches ont été mesurées toutes les semaines entre l’éclosion et l’abattage.

Le poids des animaux et leur consommation alimentaire ont été suivis au cours de la bande d’élevage.

En outre, de 21 à 56 jours, des autopsies bi-hebdomadaires ont été pratiquées sur des animaux prélevés dans chaque lot. Elles ont permis de suivre la croissance des organes, et en particulier des muscles pectoraux (pectoralis major et pectoralis minor), d’où sont issus les filets.

Afin de rendre les résultats plus visuels pour le lecteur, des photographies montrant l’évolution de la morphologie des oiseaux ont été prises de façon standardisée à J0, J28 et J56. À 56 jours, le poids moyen des poulets a plus que quadruplé au cours des 50 dernières années, pour passer de 905 g à 4,202 kg de poids vif (respectivement pour la souche AMC-1957 et la Ross 308). De plus, l’indice de consommation (IC) a diminué de près de 50 % sur la même période. Alors que 3 kg d’aliment étaient nécessaires pour obtenir 1 kg de poids vif de poulet au milieu du siècle dernier, il n’en faut plus que 1,5 à 1,7 de nos jours.

Les conséquences de ces progrès sont une baisse du coût de production de la viande de volaille, associée à un âge d’abattage de plus en plus précoce.

En effet, une durée d’élevage de 35 à 42 jours suffit aujourd’hui pour obtenir des poulets standards pesant 2 kg, alors que ce poids n’était atteint qu’après plusieurs mois d’engraissement il y a 50 ans.

Apparition de troubles locomoteurs et immunitaires

En France et aux États-Unis, la découpe représente respectivement 70 et 90 % du marché de la viande de volaille. En termes de rendement, le progrès génétique est surtout observé au niveau du développement du pectoralis major. Ce caractère a été sélectionné afin de permettre une production accrue de filets, qui représentent la valeur ajoutée la plus importante sur les carcasses de poulets à croissance rapide.

Parallèlement à cela, le poids des viscères n’a pas progressé (par rapport au poids de carcasse), et le dimorphisme sexuel s’est accru. Compte tenu du marché actuel, ces évolutions devraient être sans conséquences pour les industriels.

En revanche, un certain nombre de troubles locomoteurs et immunitaires sont apparus au cours des dernières décennies et représentent un des véritables enjeux de la sélection génétique moderne en aviculture.

Cette étude originale montre combien le progrès génétique en aviculture a été intense au cours des 50 dernières années pour répondre à la demande mondiale toujours plus importante de viande de volaille.

Au cours des cinq prochaines décennies, il est probable que le progrès en termes de croissance pondérale stricte ne soit pas aussi marqué, mais que la sélection génétique s’oriente davantage vers une optimisation des rendements de carcasse et une meilleure résistance aux troubles de la santé des animaux d’élevage.

  • 1 FranceAgriMer. Consommation mondiale de viande : état des lieux, dynamique, défis et perspectives. Les synthèses de FranceAgriMer, n° 5, février 2011.

  • 2 Zuidhof et coll. Growth, efficiency, and yield of commercial broilers from 1957, 1978, and 2005. Poult. Sci. 2014;93:1-13.

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