Umberto D. revient en salles dans une version restaurée inédite

À l’écart d’une actualité cinématographique à flux tendu, de jeunes distributeurs tirent judicieusement parti des nouveaux outils de restauration numérique pour ressortir en salles les grands films qui ont marqué l’histoire du septième art. Umberto D. de Vittorio De Sica, un des plus purs et derniers chefs-d’œuvre du néoréalisme italien¹, a bien résisté au temps. Douloureuse méditation sur la vieillesse, la solitude, l’incompréhension et la détresse, il met en scène un fonctionnaire à la retraite dont la petite pension ne permet pas de subvenir à ses besoins. Exclu d’un monde qu’il a pourtant contribué à construire, le vieil homme, révolté et rongé par la honte, s’échine sans y parvenir à rassembler l’argent des mensualités en retard que lui réclame sa logeuse. Dépouillée et percutante, l’œuvre est un implacable portrait de l’Italie d’après-guerre. Son réalisme impressionnant s’illustre notamment dans la juste sobriété avec laquelle De Sica décrit l’affection du retraité pour son seul compagnon : Flike. La cruciale présence du chien (un jack russell) à ses côtés souligne sa grande solitude. Avec la terrible séquence de la fourrière, elle suggère une poignante métaphore du sort que la société réserve à ses pauvres. Mais surtout, discrète et indéfectible, elle oppose au désespoir du film un final consolant et magnifique.

• 1 Initié sept ans plus tôt par Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini.

• Umberto D. de Vittorio De Sica, avec Carlo Battisti, Maria-Pia Casilio, Italie, 1952, 1 h 29, version restaurée en noir et blanc, sortie le 20 mai 2015.