Êtes-vous favorable au cahier des charges des établissements de soins vétérinaires ?

Mise en péril des petites structures

VINCENT COUPRY Praticien canin à Cholet (Maine-et-Loire).

Concernant le cahier des charges des cabinets vétérinaires, deux points me posent problème. Le premier a trait au vétérinaire en activité pour la structure pendant les horaires d’ouverture. Le cabinet est réputé ouvert quand le praticien est en visite chez un client, et fermé s’il s’absente une demi-heure avant la fermeture pour se rendre à une réunion de l’Ordre, par exemple. Les horaires d’ouverture deviennent aléatoires, alors que des auxiliaires formés et expérimentés sont tout à fait à même d’être présents dans la structure pour répondre au téléphone, vendre des aliments et des médicaments délivrés sans ordonnance ou orienter un propriétaire vers un confrère en cas d’urgence. Au lieu de cela, le client trouve porte close. Par ailleurs, le cahier des charges introduit un aspect financier concernant les gardes qui n’existait pas. Le système faisait l’objet d’arrangements entre confrères. Aujourd’hui, la prise de gardes est monnayable. C’est dommage, et cela peut générer des problèmes. Ce cahier des charges est donc contraignant pour les petites structures. La mienne, qui était considérée comme clinique, est désormais un cabinet médico-chirurgical. Le matériel nécessaire au statut de clinique est trop important, et cela pourrait m’inciter à réaliser des actes inutiles en vue de le rentabiliser.

Restrictif et léger sur certains points

SYLVAIN HERRMANN Praticien mixte à prédominance canine à Dozulé (Calvados).

Ce cahier des charges est trop restrictif sur certains points, tels que le temps minimal d’ouverture hebdomadaire de 42 heures pour une clinique. Quelle qualité de soins supplémentaire cela apporte-t-il par rapport à un établissement ouvert 35 heures ? Par ailleurs, le texte n’est pas suffisamment clair sur la question de la présence effective du vétérinaire. Si toute structure est considérée fermée lorsqu’aucun vétérinaire n’est sur place, cela ne sera pas tenable pour les praticiens qui travaillent seuls ou pour les structures mixtes avec plusieurs confrères en visite en même temps, en particulier lors d’urgence. À l’inverse, le cahier des charges est un peu léger sur certains critères. Le cabinet médico-chirurgical ne requiert pas d’équipement d’anesthésie gazeuse, par exemple. Cela me choque, car cela signifie que toutes les anesthésies sont pratiquées en fixe, ce qui comporte des risques plus élevés. En outre, un seul chenil est requis pour une clinique, impliquant de mélanger les animaux malades avec ceux qui ont subi une intervention chirurgicale. Ce cahier des charges ne remet en cause l’organisation de notre clinique, conforme au texte, que pour les points d’eau des chenils (deux pour trois). En revanche, l’Ordre devra réfléchir à la question des centres de physiothérapie, pour lesquels le cahier des charges n’existe pas encore.

La seule façon de faire la différence

DIDIER SCHMIDT-MORAND Praticien au CHV Atlantia à Nantes (Loire-Atlantique).

Je suis favorable au fait que le cahier des charges des établissements de soins vétérinaires prévoie des critères discriminants concernant les domiciles professionnels d’exercice, afin de structurer et de délimiter non seulement ces derniers, mais aussi les services, le personnel et le matériel. C’est la seule façon de maintenir la différence entre des structures d’importance variable. Cela remettra néanmoins un peu en cause l’organisation de notre centre hospitalier vétérinaire. En termes de locaux et de matériel, nous avons le nécessaire. Notre équipe compte 27 vétérinaires, dont 6 titrés spécialistes et 30 auxiliaires spécialisés. Le cahier des charges requiert, pour les CHV, deux spécialistes dans deux des trois domaines qui sont la médecine, la chirurgie et l’imagerie. Notre structure comprend trois praticiens titrés en chirurgie, et trois dans des disciplines autres que celles du cahier des charges. Bien que deuxième de France en termes de taille, elle se trouve un peu en porte-à-faux du point de vue de ces deux matières. Une de nos consœurs finalise sa VAE¹ en médecine interne, donc cela sera résolu dans les prochains mois. C’est une bonne chose car les spécialistes dans ce domaine et en imagerie sont rares. Cela fait deux ans que nous essayons en vain de recruter un spécialiste en médecine.

• 1 Validation des acquis de l’expérience.