LE BESOIN EN FONDS DE ROULEMENT - La Semaine Vétérinaire n° 1629 du 09/05/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1629 du 09/05/2015

FINANCES

Décryptage

Auteur(s) : Clarisse Burger

Une entreprise vétérinaire doit anticiper ses besoins en trésorerie pour la bonne marche de son activité (achat de produits, rémunération des équipes, encaissement des factures clients, décaissement, etc.). Comment calculer son besoin en fonds de roulement et le couvrir, pour maîtriser ses flux de trésorerie et ne pas se retrouver en difficulté financière ? Explications.

Qu’est-ce que le besoin en fonds de roulement (BFR) ?

Le BFR représente l’argent nécessaire au bon fonctionnement de l’activité de son entreprise. En comptabilité, il est l’un des indicateurs clés pour le financement d’une structure, tout au long de son cycle d’exploitation.

Il est généralement défini comme la différence entre les actifs circulants hors trésorerie (somme des stocks et des créances clients) et les passifs circulants (dettes fournisseurs, dettes fiscales et sociales) de la structure, hors dettes financières (emprunts bancaires, par exemple).

Comment le calculer ?

Savoir gérer la trésorerie de son cabinet (ou de sa clinique) implique de savoir calculer ses besoins en fonds de roulement.

Le BFR comprend trois éléments : le montant des stocks moyens qu’il faut constituer ou renouveler (pour une structure vétérinaire, il s’agira des médicaments, des produits d’alimentation, des consommables, du matériel, etc.), le montant des encours moyens des créances (factures dues par le client) et le montant des encours moyens des dettes (factures dues aux fournisseurs, aux administrations fiscales et sociales).

La formule de calcul est la suivante :

BFR = stocks moyens (produits) + encours moyens clients (créances) – encours moyens dettes (dettes fournisseurs, fiscales et sociales)

Les “stocks moyens” représentent les stocks que la structure utilise ou dont elle a besoin pour assurer et continuer son activité.

Les “encours moyens clients” regroupent les créances, à savoir la moyenne des montants des factures non réglées par les clients.

Les “encours moyens dettes” constituent la moyenne des montants dus par l’entreprise (aux fournisseurs, aux impôts, etc.).

L’entreprise qui fournit des produits et des services devra prendre en compte les sommes à avancer pour réaliser les prestations (coût d’une journée de travail, charges comprises, coût de l’acte et de l’hospitalisation, etc.).

Pourquoi l’évaluer ?

L’objectif du dirigeant est de surveiller sa trésorerie et d’évaluer le montant du fonds de roulement nécessaire au cycle d’exploitation de l’entreprise. L’objectif est de prévenir le risque de cessation de paiement. Selon l’activité et le type de prestations (actes vétérinaires, conseils, etc.), l’employeur a tout intérêt à évaluer ses coûts et à anticiper au mieux ses rentrées d’argent et ses dépenses. Les clients des praticiens vétérinaires diffèrent selon la pratique : les éleveurs (bovins, canins, etc.) ne paient pas de la même manière (factures, forfaits, délais de paiement accordés, etc.) que les particuliers qui viennent faire soigner leur animal de compagnie. En pratique mixte, les encours clients sont généralement plus importants qu’en pratique canine, où les propriétaires d’animaux paient généralement juste après la consultation.

Plus l’entreprise se développe, plus les besoins en fonds de roulement peuvent varier et devenir plus importants. Dans ce cas de figure, il convient d’anticiper les périodes de croissance, de stagnation ou de baisse d’activité ainsi que les nouveaux besoins. Si une clinique prévoit une hausse de chiffre d’affaires, par exemple, elle devra évaluer son BFR prévisionnel pour ne pas se retrouver en difficulté financière (encadré).

Quels sont les décalages de trésorerie d’une structure ?

Le BFR résulte de décalages de paiement entre les recettes et les dépenses liées à l’activité de l’entreprise (c’est-à-dire entre les encaissements issus de la vente de produits et/ou de services et les décaissements). Le dirigeant est obligé de prendre en compte les créances accordées aux clients qui paient en différé ou en retard. Ce sont des sommes d’argent dues qui n’entreront pas tout de suite dans sa trésorerie. Pour les vétérinaires mixtes ou à dominante rurale, les encours clients peuvent représenter une part importante du chiffre d’affaires, qui peut aller jusqu’à 40 %, selon la dernière enquête réalisée par La Semaine Vétérinaire, en collaboration avec l’association Ergone.

Parmi les autres décalages figure le cas des fournisseurs qui ne sont pas toujours payés à la livraison, mais avec un délai plus ou moins long, même si la loi de modernisation de l’économie (LME) du 4 août 2008 encadre ces délais de paiement entre professionnels. Un autre élément à considérer pour l’équilibre financier de sa structure et de ses besoins en liquidités est le versement des salaires et des cotisations sociales salariales et patronales, qui se fera à diverses échéances (salaires à verser à la fin du mois, montant des cotisations déclaré et payé à régler selon une périodicité mensuelle ou trimestrielle, en fonction des effectifs). S’y ajoutent les autres taxes et impôts, telle la TVA, auxquels l’entreprise est soumise.

Le BFR doit-il être positif ou négatif ?

Le besoin en fonds de roulement négatif concerne les entreprises dont les clients s’acquittent des produits (ou des services) immédiatement, et dont les fournisseurs seront payés plus tard. C’est le cas, notamment, de la grande distribution dont les stocks sont peu élevés par rapport au chiffre d’affaires. Le cycle d’exploitation génère alors un excédent de financement qui pourra, par exemple, être placé.

Un BFR est positif lorsque l’activité génère un besoin de financement. Cela peut être le cas des praticiens mixtes dont les clients paient au forfait et/ou avec des délais de paiement rallongés.

Enfin, le BFR d’une entreprise peut être nul, car il ne génère ni besoin en fonds, ni excédent d’argent.

Qu’est-ce qu’une bonne gestion de sa trésorerie ?

Idéalement, une gestion de trésorerie saine implique de la faire tendre à zéro. Dans cette configuration, les excédents peuvent être placés à plus ou moins long terme pour les faire fructifier, ou investis dans des projets de la structure (achat de matériel, recrutement, réaménagement de la clinique, ajout de nouveaux services, etc.). Il est judicieux de trouver le bon équilibre financier, de suivre l’évolution du BFR à la hausse et à la baisse, et de l’ajuster le cas échéant, en diminuant notamment les créances des clients ou en baissant les stocks et/ou en augmentant les délais de paiement des fournisseurs dans la limite du cadre légal.

CALCULER SON BFR PRÉVISIONNEL QUAND SON CHIFFRE D’AFFAIRES EST EN HAUSSE

Certaines entreprises sont étouffées par l’augmentation de leur chiffre d’affaires qui n’est pas anticipée. Cette situation, qui peut sembler paradoxale, s’explique par l’effet d’entraînement de leur croissance sur leur besoin en fonds de roulement : les créances clients et les stocks augmentent en valeur davantage que les passifs circulants hors dettes financières. Pour pallier ce cas de figure, il importe tout d’abord de chiffrer l’augmentation prévisionnelle du besoin en fonds de roulement à partir d’un modèle basé sur le chiffre d’affaires :

Augmentation du BFR = Augmentation du chiffre d’affaires (CA) x BFR exprimé en pourcentage de chiffre d’affaires

Exemple :

Une clinique dont le BFR représente 10 % du CA et qui prévoit une hausse de 100 000 € de son CA sur l’année 2015 devra financer 10 000 € (100 000 x 10 %) de BFR supplémentaire au cours de l’année.

La clinique devra utiliser l’un ou plusieurs des leviers suivants pour financer cette hausse du BFR :

– optimisation du BFR (réduction des délais clients, baisse de la durée de stockage, augmentation des délais fournisseurs) ;

– augmentation des ressources stables : emprunt, augmentation de capital, apports en comptes courants, etc.

– augmentation des facilités bancaires (découvert, par exemple).

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr