Icare donne des ailes aux praticiens férus de NAC et de faune sauvage - La Semaine Vétérinaire n° 1629 du 09/05/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1629 du 09/05/2015

CONGRÈS

Pratique canine

L’ACTU

Auteur(s) : Adeline Linsart

Les techniques de pointe ne sont plus réservées aux chiens et aux chats. Les nouveaux animaux de compagnie bénéficient aussi d’approches médicales de plus en plus poussées, notamment en chirurgie et en cancérologie.

La conférence internationale Icare1 est désormais un rendez-vous incontournable pour les praticiens intéressés par les nouveaux animaux de compagnie (NAC) et la faune sauvage. Organisée par quatre associations professionnelles2 et nos confrères Charly Pignon, Minh Huynh, Lionel Schilliger et Norin Chai3, sa deuxième édition s’est tenue à Paris du 18 au 23 avril. Plusieurs centaines de congressistes, de tous les continents, ont fait le déplacement. À noter une participation record des confrères français, qui étaient 25 à présenter des conférences.

Du “Basic day” à la “Masterclass”

La première journée a été consacrée à trois sessions parallèles : “Basic day” pour les praticiens généralistes, “Zoo health and wildlife management” pour les confrères travaillant en zoos, et “Masterclass” pour la formation continue des vétérinaires exerçant particulièrement dans le domaine des NAC. Ces cours de une à deux heures ont abordé des domaines spécialisés tels que les examens sanguins et radiographiques chez les reptiles, la démarche diagnostique du picage chez les oiseaux ou les corrections des anomalies du bec chez les perroquets. Chez les reptiles et les oiseaux, le recours aux examens complémentaires est riche d’enseignement et ne doit pas être différé. Il est essentiel de bien connaître les limites d’interprétation, notamment lors de mesure des paramètres biochimiques, car de nombreuses enzymes sont non spécifiques et peuvent être augmentées du fait de la lyse de tissus variés (foie et muscle notamment). Lors de picage, un cercle vicieux s’installe rapidement entre une origine organique primaire (80 % des cas) et un entretien secondaire par des causes psychogènes.

Des travaux pratiques abordant la surveillance anesthésique des oiseaux et des reptiles, l’hématologie ou encore l’anatomie et les techniques d’autopsie des différents NAC ont eu lieu le lendemain à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort. Ces sessions étaient encadrées par des spécialistes mondialement connus, tels que Douglas Mader ou Stephen Divers.

Phéromonothérapie chez le lapin

Plus de 200 conférences ont été présentées. Parmi elles, notre consœur Véronique Mentré, praticienne à Montigny-lès-Cormeilles (Val-d’Oise) et diplomate ECZM-Small mammals, a notamment abordé l’usage des phéromones maternelles dans la gestion de l’anxiété du lapin. Les résultats préliminaires de ces molécules – non encore commercialisées – sur le mal du transport ou la gestion du stress en hospitalisation ou à domicile chez les individus les plus anxieux sont prometteurs. Les nombreuses questions dans la salle ont démontré le vif intérêt des praticiens pour ce nouveau type de prise en charge.

L’oncologie des NAC éclairée

Notre consœur Tatiana Loucachevski, praticienne au CHV Atlantia (Nantes), a présenté deux cas de mélanomes chez le lapin. Ces tumeurs, rarement décrites, nécessitent une prise en charge agressive (exérèse chirurgicale large, thérapie adjuvante). Une dissémination métastatique rapide est à craindre. Les mélanomes peuvent donner lieu à des erreurs de diagnostic lors de l’examen anatomopathologique ; le recours à des colorations spécifiques est recommandé. Christophe Feix, qui exerce en clientèle NAC à Toulouse, a également traité un sujet prometteur : l’utilisation de l’électroporation dans la gestion des tumeurs mammaires chez les rates. Cette technique permet de réduire considérablement la taille de la tumeur et l’intensité de la vascularisation, facilitant l’exérèse chirurgicale dans les formes les plus agressives.

Un stent biliaire chez un furet

Notre confrère Pierre Ronot, praticien exclusif NAC à la clinique vétérinaire Languedocia de Montpellier (Hérault), a décrit le cas de deux furets présentant des dilatations biliaires majeures. Ces animaux ont pu être traités grâce à des stents, évitant ainsi une chirurgie plus lourde telle que la cholécystoduodénostomie.

  • 1 International Conference on Avian Herpetological and Exotic Mammal Medicine.

  • 2 European Committee of the Association of Avian Veterinarians (EAAV), Association of Exotic Mammal Veterinarians (AEMV), Association of Reptilian and Amphibian Veterinarians (ARAV), European College of Zoological Medicine (ECZM).

  • 3 Exerçant respectivement au Chuva de Maisons-Alfort, au CHV Frégis à Arcueil, à la clinique du village d’Auteuil à Paris et à la ménagerie du jardin des plantes de Paris.

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