Le retour sur investissement : un indicateur essentiel pour arbitrer - La Semaine Vétérinaire n° 1626 du 17/04/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1626 du 17/04/2015

FINANCE

Éco

GESTION

Auteur(s) : Françoise Sigot

Une entreprise vétérinaire qui investit doit d’abord définir la rentabilité de ses projets puis arbitrer, afin de limiter les risques. Pour évaluer au mieux son retour sur investissement, elle devra parfois élaborer divers scénarios qui peuvent prendre du temps.

Investir dans un nouvel équipement, dans les murs de sa clinique, réaliser des travaux d’embellissement… Autant de projets qui nécessitent un calcul des gains potentiels et de la durée d’amortissement. À première vue, il est toujours intéressant d’être à la pointe de la technologie en matière d’équipement ou d’offrir un cadre de travail agréable à ses collaborateurs ainsi qu’à ses clients. Encore faut-il avoir pris le temps de regarder si tel achat présente un véritable intérêt financier pour la clinique ou un risque élevé. Le fameux retour sur investissement (aussi appelé return of investment ou ROI), l’indicateur pour calculer le pourcentage de gain à atteindre par rapport à la mise de départ, peut se révéler, s’il n’est pas bien anticipé, lourd de conséquences, surtout si le contexte économique est défavorable.

Évaluer le gain potentiel

En matière d’investissement, le travers le plus commun est de rester focalisé sur le coût. « Un investissement est fait pour rapporter ou améliorer quelque chose, c’est pourquoi il ne faut pas parler de coût, mais s’attacher à estimer le gain potentiel qui sera généré », résume Emmanuel Delaubert, expert-comptable associé au sein du cabinet Lecœur, Leduc & Associés. Pour évaluer la rentabilité d’un investissement, la recette est donc de systématiquement chercher à estimer le plus précisément possible le chiffre d’affaires supplémentaire procuré par l’investissement. Toutefois, ces calculs incluent souvent une part d’inconnues. « Pour investir dans un équipement permettant de réaliser des actes que jusque-là, la clinique ne pouvait pas prendre en charge, il s’agit de regarder combien d’actes nouveaux cet investissement va générer et donc d’estimer le temps nécessaire pour rentabiliser ce nouvel équipement. En matière de travaux d’embellissement, le calcul est peut-être plus hasardeux puisqu’il est difficile d’évaluer le nombre de clients gagnés ou au moins fidélisés avec des locaux redécorés ou réaménagés », explique l’expert-comptable. La parade est donc de réaliser plusieurs simulations, de la plus optimiste à la plus pessimiste, avant de signer un bon d’achat. De même, en cas d’hésitation entre deux équipements, le calcul de la rentabilité potentielle est un guide fiable et objectif pour se décider.

La dimension comptable et fiscale

En marge des éléments financiers permettant de calculer le retour sur investissement figurent des règles d’amortissement imposées par l’administration. Celles-ci sont définies au regard de la nature de l’investissement, suivant des durées décrites par l’article 39.1.2 du Code général des impôts. L’administration fiscale admet toutefois un écart de 20 % par rapport aux usages de la profession en matière de durée d’amortissement, si celui-ci est justifié. « Les difficultés les plus fréquentes portent sur les investissements immobiliers, car il est difficile d’évaluer le temps nécessaire à l’amortissement d’un bâtiment », précise Emmanuel Delaubert. Pour les biens d’occasion, il faut bien entendu tenir compte de leur état à la date du rachat. Enfin, plusieurs modes d’amortissement sont possibles suivant la nature du bien et la physionomie de l’entreprise. Outre les aspects comptables, la dimension fiscale est à envisager avant d’investir, afin d’avoir une idée précise de ce que peut rapporter un achat. Enfin, un investissement ne peut se planifier qu’après analyse de la situation de trésorerie et, le cas échéant, de la capacité d’endettement de la clini que, une part importante de la rentabilité de l’investissement dépendant de son financement. « Il est conseillé d’effectuer plusieurs simulations de financement, afin de voir s’il vaut mieux s’endetter ou financer un bien sur ses fonds propres. Cela permet de bien mesurer les conséquences du mode de financement éventuel de l’investissement sur la trésorerie de la clinique », estime Emmanuel Delaubert. Pour certains équipements, le leasing pourra aussi être une solution à étudier dans l’évaluation du retour sur investissement.

Collecter des informations sur le terrain

Évaluer la rentabilité d’un investissement, c’est aussi prendre de la hauteur vis-à-vis des seuls éléments comptables et fiscaux. En effet, les simulations de retour sur investissement ne peuvent être réalisées qu’à partir d’informations collectées sur le terrain. La concurrence environnante, les prestations qu’elle propose, la nature de sa clientèle et celle convoitée, les équipements, les transports en commun et les parkings doivent aussi être examinés minutieusement avant d’investir. Comme en témoigne Nicolas Durand, vétérinaire associé au sein de la clinique de la Porte de Nacre à Caen (Calvados) : « Avant de nous positionner sur le rachat d’une seconde clinique, nous avons effectué avec notre expert-comptable une estimation précise de la rentabilité de cette acquisition et de son échéance. Sur le plan financier, nous avons délibérément opté pour une simulation basse en nous fondant sur un chiffre d’affaires inférieur à celui réalisé par la clinique ces dernières années. En marge des aspects financiers, nous avons pris en compte le fait que cette clinique était située à proximité immédiate de la nôtre. De fait, en l’achetant, nous nous ouvrions des perspectives de mutualisation de certains équipements, tout en nous évitant une concurrence rapprochée. »

Arbitrer à partir d’éléments tangibles

Pour d’autres, l’arbitrage peut être long. Cela a été le cas pour un vétérinaire exerçant en Bretagne, au sein d’un territoire qu’il qualifie de très concurrentiel. Plus de six mois lui ont été nécessaires pour décider de l’achat d’un nouvel équipement. « J’ai commencé par proposer deux simulations à mon expert-comptable, en partant d’une hypothèse optimiste et d’une autre, pessimiste, sur le gain potentiel de chiffre d’affaires généré par l’achat de cet équipement, analyse-t-il. Mais au final, j’ai aussi et surtout écouté mes clients. Tous m’ont confié qu’ils préféraient que je sois en mesure de prendre en charge certaines interventions, plutôt que de les référer à un confrère. J’ai aussi discuté de cet investissement avec mon associé et mes ASV. Certes, les calculs doivent être un élément décisif, mais si l’on veut qu’ils soient fiables, il ne faut pas négliger l’environnement au sein duquel l’investissement prend place ». Les simulations présentent l’avantage de limiter les risques et de permettre un arbitrage à partir d’éléments tangibles.

LA SINGULARITÉ D’UN INVESTISSEMENT IMMOBILIER

L’achat des murs d’une clinique est un investissement qui doit être appréhendé de façon un peu différente des autres opérations. En effet, si l’acquisition d’un ordinateur ou d’une voiture, ou le réagencement des locaux doivent être analysés du point de vue de la rentabilité, en tenant compte des éléments comptables et financiers inhérents à la clinique, l’achat d’un bien immobilier doit être pensé en considérant sa situation personnelle, même si ce bien est utilisé à des fins professionnelles. « L’impact fiscal est plus important à analyser que pour un autre type d’investissement, car il induit une composante patrimoniale et familiale », explique Emmanuel Delaubert. De fait, les simulations permettant d’évaluer le retour sur investissement (potentiel) devront englober ces données personnelles, afin de définir s’il est préférable que le bien immobilier soit porté à l’actif personnel, plutôt que professionnel, de l’investisseur.

LES DURÉES D’AMORTISSEMENT

LE MATÉRIEL : entre 6 et 10 ans.

L’OUTILLAGE : entre 5 et 10 ans.

LE MATÉRIEL DE TRANSPORT : entre 4 et 5 ans.

LE MOBILIER : 10 ans.

LE MATÉRIEL INFORMATIQUE : 3 ans.

LES BREVETS : 5 ans.

LES LOGICIELS : 3 ans.

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