La médecine interne invite les NAC à Avignon

L’urologie et l’endocrinologie ont été les disciplines phares abordées lors du congrès du Gemi¹ (Afvac), qui accueillait cette année le Genac², à l’occasion de son congrès annuel, qui s’est déroulé du 9 au 11 avril à Avignon. Les congressistes internistes ne voulaient surtout pas manquer les conclusions du comité scientifique du Gemi portant sur le diabète³. Le groupe d’étude émet en effet chaque année un consensus sur un point de médecine en adoptant une approche de type evidence-based medicine à partir des données scientifiques actuelles et propose des recommandations diagnostiques et thérapeutiques. Ainsi, le comité conseille d’utiliser Caninsulin(r) en première intention en raison de la cascade du médicament. Concernant le suivi, une mesure régulière de la pression artérielle chez le chien diabétique est recommandée, ainsi que la réalisation régulière d’une analyse bactériologique des urines chez le chien et le chat.

Une transversalité homme-animal

Ce congrès a été l’occasion d’aborder des affections communes à différentes espèces d’animaux de compagnie. Grâce au professeur Xavier Bertagna (hôpital Cochin, Paris), de grandes similitudes entre le syndrome de Cushing chez l’homme et celui du chien ont été présentées. En revanche, il convient plutôt de parler de maladie surrénalienne chez le furet car il ne s’agit pas ici d’un hypercortisolisme, mais d’une stimulation excessive des glandes surrénales par la LH⁴.

Patrick Lecoindre⁵ a rappelé le potentiel zoonotique de Helicobacter sp., bactérie très pathogène chez l’homme, impliquée dans la genèse du carcinome gastrique. Selon la réponse de l’hôte, elle peut être responsable de gastrite chez le chien et retrouvée lors de lymphome gastrique chez le chat. Ces bactéries sont présentes chez 100 % des furets de plus de 1 an, chez qui elles provoquent une gastrite extensive.

Les insulinomes sont rarement rencontrés chez le chien mais fréquemment chez le furet. L’hypoglycémie qui en résulte semble mieux supportée chez ce dernier, se traduisant surtout par une léthargie, plus rarement par des convulsions, contrairement à l’espèce canine. Le diagnostic et le traitement sont en revanche semblables.

Enfin, il est à noter qu’Encephalitozoon cuniculi est une zoonose responsable d’abcès iriens et de troubles neurologiques chez le lapin, mais aussi d’avortements chez la chienne.

Des cas cliniques interactifs

Deux sessions de cas cliniques interactifs de médecine interne ont été proposées. Patrick Lecoindre a notamment proposé un cas d’entérite granulomateuse. Cette affection encore mal décrite, généralement non associée à des fuites de protéines, doit faire l’objet d’une entérectomie car elle évolue vers la sténose intestinale et donc vers un syndrome occlusif. Un cas de saignement digestif lié à une thrombopénie à médiation immune a été présenté par Julie Gallay⁶. Cet exemple a été l’occasion de rappeler l’importance d’inclure les troubles de l’hémostase et les causes iatrogènes dans le diagnostic différentiel de ces affections, outre l’ensemble des affections ulcératives du tube digestif. Yannick Bongrand⁷ avait, pour sa part, choisi de présenter un cas de crises convulsives liées à une polycythemia vera. Cette expression clinique « rare mais pas exceptionnelle » est liée au syndrome d’hyperviscosité sanguine et à l’hypoperfusion cérébrale associée. Ainsi, face à des crises convulsives, l’ensemble des causes intra- et extracrâniennes doit être évoqué, y compris ce type de leucémie.

• 1 Groupe d’étude en médecine interne.

• 2 Groupe d’étude des nouveaux animaux de compagnie.

• 3 Ce consensus fera l’objet d’un article détaillé dans un prochain numéro.

• 4 Luteinizing hormone ou hormone lutéinisante.

• 5 Diplomate Ecvim, praticien à Saint-Priest (Rhône).

• 6 Diplomate Acvim, praticienne à Ollioules (Var).

• 7 Diplomate Acvim, praticien à Bordeaux (Gironde).