La perception des risques pour les vétérinaires enceintes

La féminisation de la profession vétérinaire s’accompagne d’une augmentation du nombre de praticiennes amenées à exercer au cours de leur grossesse. Pour faire le point sur l’exposition professionnelle de la praticienne enceinte¹, une enquête a été menée auprès des vétérinaires du Centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort (Chuva)². Elle se penche en particulier sur la place du risque chimique dans l’esprit des praticiens, évalue leurs connaissances sur certaines molécules vis-à-vis de la grossesse et répertorie les voies et les contextes d’exposition potentielle à ces molécules. Les données ont été recueillies lors d’entretiens individuels au moyen d’un questionnaire auprès de 45 praticiens volontaires.

Le risque chimique cité en premier

Le risque chimique est fortement présent dans l’esprit des praticiens lorsqu’il s’agit de citer le danger considéré comme le plus important pour la femme enceinte vétérinaire. Avec plus de 30 % de citations, en regroupant les gaz anesthésiques et les molécules de chimiothérapie, la notion de risque chimique se place en première position, juste devant les rayons X (^{voir figure 1}). Les participants citent les gaz anesthésiques (42 %) et les molécules de chimiothérapie (34 %) comme les agents chimiques les plus à risque pour la santé de la femme enceinte ou de son enfant. Pour plus de 80 % des personnes interrogées, le risque associé est celui d’une action tératogène. Or, si cet effet est effectivement prouvé pour les cytotoxiques, ce n’est pas le cas pour l’isoflurane, plus à l’origine de fausses couches.

Un quiz sur les molécules potentiellement à risque

Les connaissances des praticiens interrogés sur les molécules potentiellement à risque pour une femme enceinte exposée ont été testées au travers d’un quiz (^{voir figure 2}). La médiane de l’âge des personnes ayant obtenu un score supérieur ou égal à 13 est significativement plus élevée que celle des personnes qui ont obtenu un score inférieur à 13. D’autre part, les mères et pères d’au moins un enfant ont significativement plus fréquemment obtenu un score supérieur ou égal à 13 que les autres. Cependant, aucune association statistique significative n’a été mise en évidence entre d’une part le fait d’obtenir ou non un score supérieur ou égal à 13 et d’autre part le sexe de la personne interrogée, son statut au sein du Chuva ou le fait que ses parents soient ou non des professionnels de santé.

Source des connaissances sur les risques

Plus de 50 % des praticiens ont cité les cours et la formation initiale comme source principale de leurs connaissances sur les médicaments à risque pour la grossesse (^{voir figure 3}). Il n’existe aucune association statistique significative entre le fait d’avoir choisi cette réponse et l’âge de la personne. Le même résultat a été obtenu pour d’autres critères tels que le sexe de la personne, son statut au sein du Chuva et le fait qu’elle soit ou non parent d’au moins un enfant.

• 1 Aucune donnée statistique ne permet de connaître le niveau de risque des vétérinaires par rapport aux autres professions.

• 2 Girard S. Risques pour la femme enceinte liés à l’utilisation de médicaments pendant les exercices cliniques au sein du Centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort, Th. Méd. Vét. Alfort, 2015.