Complexe respiratoire porcin associant virus, bactérie et nématode : cas clinique - La Semaine Vétérinaire n° 1625 du 10/04/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1625 du 10/04/2015

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/PORCS

Auteur(s) : Pascal Fourchon*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*société Socavet à Loudéac
(Côtes-d’Armor)
Article tiré de la conférence
présentée lors du congrès annuel
de l’AFMVP à Paris,
les 4 et 5 décembre 2014.

Durant l’hiver 2012-2013, une toux chronique touche toutes les bandes d’un élevage naisseur-engraisseur de 200 truies situé en Bretagne, à partir de 4 mois d’âge. L’appétit devient irrégulier, les performances en engraissement diminuent, les dépenses de santé augmentent, l’éleveur traite par injection les porcs qui ne viennent pas à l’auge, les résultats de la gestion technico-économique (GTE) chutent, et les scores pulmonaires à l’abattoir se dégradent.

UNE TRIPLE CO-INFECTION

Cet élevage est infecté par le virus du syndrome dysgénési­que respiratoire porcin (SDRP) depuis plusieurs années, mais une vaccination de masse est pratiquée chez les truies toutes les 16 semaines avec un vaccin vivant atténué. Les truies sont vermifugées à l’ivermectine une fois par an, soit par incorporation dans l’aliment lors­qu’elles sont gestantes, soit par injection en maternité. Les porcs charcutiers sont vermifugés par du flubendazole incorporé à l’aliment premier âge durant 2 semaines. Ils sont vaccinés contre Mycoplasma hyopneumoniae à l’aide d’un vaccin monodose. Le statut pulmonaire à l’abattoir était, jusqu’à cet épisode, jugé très bon et aucune lésion hépati­que parasitaire n’était relevée.

Un profil sérologique réalisé en février 2013 chez huit porcs de 130 jours révèle que sept d’entre eux sont séropositifs vis-à-vis du SDRP. La vaccination des jeunes est mise en place dès mars 2013, mais les symptô­mes persistent et les contrôles pulmonaires à l’abat­toir se dégradent encore (44 % de poumons indemnes en avril 2013, et jusqu’à 16 % seulement en octobre 2013).

En septembre 2013, un second profil sérologique met en évidence une séroconversion à M. hyopneumoniae à 132 jours chez les six porcs testés. Une autopsie réalisée quelques jours plus tard chez un porc de 125 jours en début de dyspnée révèle une pneumonie étendue. L’immunofluorescence à M. hyopneumoniae est positive et la polymerase chain reaction (PCR) SDRP l’est également, avec 88 % d’homologie avec la souche vaccinale. Enfin, un test Elisa1 Ascaris suum Serasca® réalisé sur dix porcs en fin d’engraissement montre une forte pression d’infestation par ce parasite.

Le diagnostic d’une co-infection par le virus SDRP, la bactérie M. hyopneumoniae et le nématode A. suum est ainsi établi.

RÉVISION DE LA VERMIFUGATION ET DE LA VACCINATION

La vaccination SDRP est maintenue chez les truies et une vaccination contre M. hyopneumoniae double dose est administrée aux porcelets. La vermifugation est réalisée au fenbendazole pour son action larvicide sur les larves migrantes. Les cochettes sont traitées quelques jours avant la sortie de quarantaine, les truies le sont durant 2 jours (5 jours avant l’entrée en maternité), les porcelets 17 jours après le sevrage et les porcs charcutiers toutes les 4 à 6 semaines pour éviter la contamination des salles d’engraissement.

Grâce au renforcement de la vaccination et à la révision complète du protocole de vermifugation, une très nette amélioration des symptômes et des performances techni­ques est constatée dès le début de l’année 2014. Les classements s’améliorent surtout à partir d’avril et les contrôles pulmonaires à l’abattoir, en septembre 2014, montrent un statut de nouveau très favorable, avec 67 % de poumons indemnes. Les performances technico-économiques sont même meilleures qu’initialement.

Dans ce cas, l’euthanasie d’un animal dont les symptômes sont représentatifs des troubles en début de maladie a permis l’établissement du diagnostic et cette pratique peut être encouragée. Toutefois, l’intérêt de la sérologie est également mis en évidence.

Concernant l’infestation par A. suum, la vermifugation annuelle ou semestrielle des truies n’est pas adaptée, l’aliment médicamenteux ne permettant pas d’apporter une dose suffisante et le traitement après le sevrage intervenant trop tôt. De plus, un nématocide larvicide sur les larves en migration montre davantage d’efficacité. Cet aspect est à considérer car, tandis que le cas clinique développé ici montre la pertinence du test Elisa Serasca® en condition de terrain, plus de la moitié des élevages engraisseurs français ont une valeur moyenne supérieure au cut-off du test, soit 0,52. La séroprévalence de ce parasite laisse ainsi penser que l’association de plusieurs agents, dont A. suum, pourrait être plus fréquente en France que ce qui est habituellement diagnostiqué.

Les pertes économiques dues à cet épisode de complexe respiratoire porcin dans cet élevage sont estimées à 222 € par truie et par an, soit plus de 44 000 € par an au total.

  • 1 Enzyme-Linked Immunosorbent Assay.

  • 2 Étude MSD Santé animale réalisée en 2013-2014.

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