Principes généraux de la vaccination chez les bovins - La Semaine Vétérinaire n° 1624 du 03/04/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1624 du 03/04/2015

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : Pascal Kerveillant*, Stéphanie Padiolleau**

Fonctions :
*Article tiré
de la 5e journée
vétérinaire bretonne
organisée
par le GTV
Bretagne,
le 26 février 2015 à Saint-Brieuc
(Côtes-d’Armor).

L’objectif d’une vaccination est de stimuler ou de provoquer une réaction immunitaire protectrice chez l’individu vacciné afin d’empêcher l’expression clinique d’une maladie et/ou de réduire l’excrétion des agents pathogènes. La production d’anticorps est la réaction la plus connue, sur laquelle l’évaluation de l’efficacité des vaccins a longtemps reposé. Elle est indispensable à la protection contre certains agents infectieux, présents à l’extérieur des cellules. Contre des agents intracellulaires, l’immunité est plus complexe et repose sur une réponse à médiation cellulaire.

Trois types de vaccins peuvent être utilisés :

→ les vaccins vivants, atténués, composés d’un agent capable de se multiplier, qui offrent une immunité durable mais présentent un risque de réversion de virulence, de mutation de l’agent, ou de recombinaison avec les souches sauvages ;

→ les vaccins inactivés, tués, qui offrent une sécurité d’emploi par rapport aux précédents mais induisent une immunité transitoire stimulée par des adjuvants ;

→ les vaccins sous-unitaires, qui contiennent une fraction antigénique d’un agent infectieux et des adjuvants.

Le choix du type de vaccin se fait en fonction de l’agent pathogène, des spécialités disponibles et de la durée d’immunité souhaitée. La voie d’administration est classiquement systémique chez les bovins, mais à l’avenir les vaccins devraient pouvoir privilégier les réponses immunitaires locales. Lorsque la protection est transitoire, il est préférable de cibler la période à risque pour la faire coïncider avec la période d’efficacité maximale du vaccin utilisé.

D’un point de vue réglementaire, les vaccins utilisés disposent le plus souvent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). Dans certaines situations, comme cela a été le cas lors de l’épizootie de fièvre catarrhale ovine, une AMM « sous circonstances exceptionnelles » est accordée alors que tous les renseignements demandés par le dossier d’AMM ne sont pas fournis. L’autorisation temporaire d’utilisation (ATU) est délivrée pour une durée limitée pour des produits qui ne sont pas encore commercialisés, en l’absence d’alternative, et pour une pathologie avérée. Enfin, une autorisation d’importation délivrée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) peut être accordée à un vétérinaire pour des médicaments qui sont autorisés dans d’autres pays d’Europe.

FACTEURS DE VARIATION DE LA RÉPONSE VACCINALE

Pour expliquer la variabilité de l’efficacité des vaccins, on distingue des facteurs relatifs à l’agent pathogène, d’autres liés à l’animal, et les conditions d’utilisation des produits. Des facteurs génétiques interviennent dans la réponse d’un animal à une vaccination. Chez les bovins, il a été montré que l’héritabilité de la réponse en anticorps est élevée (h2 = 0.2 à 0.6), tandis que celle de la réponse cellulaire est plus faible (h2 = 0.2). La période autour du vêlage pour la vache (effets hormonaux) et après la naissance pour le veau correspondent à un état physiologique où la réponse vaccinale peut être moindre (en raison d’interactions avec les anticorps maternels, dans le cas du veau). La vaccination n’est pas idéale lors de périodes de stress ou lorsque l’état de santé est dégradé. Des facteurs nutritionnels entrent également en jeu, notamment lorsque la couverture des besoins en énergie, en oligoéléments et en vitamines n’est pas parfaite. Il convient de respecter un certain nombre de points clés pour une vaccination optimale, tels que le protocole vaccinal et les bonnes conditions de conservation et d’administration.

EXEMPLES PRATIQUES

Kevin Le Roux (Landivisiau, Finistère) a présenté un exemple pratique de diarrhées néonatales survenues dans un atelier allaitant dans lequel une stratégie préventive avait été instaurée après une explosion de cas durant l’hiver 2010-2011. Sur un total de 120 veaux, 80 ont souffert de diarrhées, dont 40 ont dû être perfusés, alors qu’habituellement seuls 10 à 15 cas annuels étaient notés. Cet élevage constitue un cas particulier avec une conduite en bandes. La date de vêlage est connue. La mise en place d’une vaccination chez les mères durant les trois semaines qui précèdent le vêlage est donc facilitée, permettant la production d’un colostrum de bonne qualité.

La vaccination, utilisée en prévention des bronchopneumonies infectieuses enzootiques (BPIE), s’applique aux animaux les plus sensibles : jeunes bovins en atelier d’engraissement, veaux non sevrés et veaux de boucherie. L’intérêt est d’apporter une protection avant les périodes à risque, comme la mise en lot. Les veaux non sevrés sont atteints généralement vers 3 à 4 mois d’âge. Afin de bénéficier d’une bonne immunité à cet âge, les vaccins sont donc administrés beaucoup plus tôt, à un âge où les anticorps maternels peuvent interférer avec le vaccin et en réduire l’efficacité.

QU’EST-CE QUI MOTIVE LES ÉLEVEURS ?

Le Syndicat des industries du médicament vétérinaire a mené une enquête en 2013 sur les habitudes des éleveurs de bovins en matière de vaccination, afin d’identifier leurs motivations à mettre ou non en place une vaccination dans leurs troupeaux1.

Les bénéfices perçus, exprimés spontanément, sont d’une part, des pertes moindres en animaux de production, d’autre part, une meilleure organisation du travail, ce qui fournit un avantage économique, psychologique et logistique aux vaccins.

Les inconvénients correspondent à des contraintes de travail. La mise en œuvre requiert en effet une certaine organisation et un respect des protocoles et des règles d’hygiène. La contention des animaux est par ailleurs perçue comme une source de stress.

Le coût financier des vaccins apparaît secondaire, sauf lorsque l’efficacité n’est pas perçue, et la pratique de la vaccination n’est pas acquise définitivement.

Les éleveurs citent le vétérinaire comme la meilleure source d’information pour la santé de leurs animaux. Le degré de confiance varie selon l’implication, l’écoute et la disponibilité du praticien. Les situations où le vétérinaire n’intervient que pour les cas désespérés, pour lesquels son efficacité n’est pas optimale, peuvent donner l’impression de coûts importants pour un résultat insuffisant, et diminuer les possibilités de dialogue, notamment sur le sujet de la prévention. Une attitude ouverte du praticien, qui prend le temps d’écouter et d’échanger des informations avec les éleveurs, renforce au contraire la confiance.

L’étude révèle que 17 % des éleveurs vaccinent contre les entérotoxémies, 25 % contre les gastroentérites néonatales (GENN), 28 % contre la diarrhée virale bovine (BVD) et 37 % contre les BPIE. Les éleveurs enclins à vacciner utilisent cette prévention depuis neuf ans en moyenne. Un quart d’entre eux se déclarent susceptibles de vacciner régulièrement contre les GENN, la BVD et les entérotoxémies, et 37 % contre les BPIE. Selon la maladie, 51 à 59 % des éleveurs seraient prêts à envisager de pratiquer une vaccination sur conseil de leur vétérinaire (56 à 78 % de ceux qui ne vaccinent pas).

  • 1 Les résultats de cette enquête peuvent être consultés sur www.simv.org

  • 1 Agence nationale de sécurité sanitaire, Agence nationale du médicament vétérinaire.

  • 2 Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires.

5e ÉDITION DE LA JOURNÉE VÉTÉRINAIRE BRETONNE

« Vaccination des bovins : quand la théorie rencontre la pratique » était le thème développé à la 5e journée vétérinaire bretonne, qui s’est tenue à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) le 26 février dernier. Pour la partie théorique, le groupement technique vétérinaire (GTV) Bretagne avait convié Gilles Foucras (ENV de Toulouse), Sébastien Assié (Oniris) et Paule Carnat (ANSES-ANMV1). Kevin Le Roux et Julien Houard, tous deux membres du GTV Bretagne, ont apporté leur regard de praticiens. Le point de vue des éleveurs était présenté par Arnaud Deleu (SIMV2) avec les résultats de l’enquête sur ce qui freine ou motive leur recours à la vaccination dans leurs élevages.

VEAUX : PASSER D’UNE VISITE D’URGENCE À UN AUDIT DE LA SANTÉ

Lors de gastroentérites néonatales, le défaut de transfert de l’immunité passive (TIP) a une part de responsabilité dans 39 % des cas. Il est cependant possible, lors de consultations de veaux, de proposer des visites plus globales visant à évaluer la qualité du colostrum et des leviers d’amélioration. Le TIP dépend de trois facteurs : la qualité et la quantité ingérées, et la précocité d’ingestion par le veau. Des différences de qualité et de quantité sont notées entre les vaches allaitantes et laitières, et entre les races, ainsi que des variations individuelles. Lorsque la vache produit un gros volume (plus de 8 litres), l’effet dilution diminue la qualité du colostrum. Le taux d’immunoglobulines de type G est plus faible lors des premier et deuxième vêlages. La conduite d’élevage, notamment la gestion du tarissement (durée, alimentation) et la stratégie vaccinale ont également un impact sur le colostrum produit.

Plusieurs méthodes permettent d’évaluer la qualité du colostrum : colostromètres, Colostro Balls® (six petites boules dont la couleur varie selon la densité), différents types de réfractomètres, Colotest® utilisé en équine pour mesurer le colostrum de jument, ou en laboratoire par immunodiffusion radiale (méthode de référence), dosage des gamma-glutamyl-transférases ou de la glycémie du veau, qui renseigne indirectement sur la quantité bue.

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