La dermatologie sous l’angle de la pathologie comparée

Le congrès annuel du groupe d’étude en dermatologie des animaux de compagnie (Gedac), qui s’est déroulé du 27 au 29 mars à Paris, a imaginé cette année un programme de type confirmé autour d’une approche novatrice en confrontant, pour chacun des thèmes abordés, les médecines humaine et vétérinaire et l’opinion des congressistes. Ainsi, après chaque module théorique, les quelque 150 participants ont pu s’exprimer lors de séances de discussion libre durant lesquelles, grâce à un système de boîtier électronique, ils pouvaient répondre aux questions posées sur des diapositives et discuter autour des résultats statistiques rendus immédiatement publics. Ces séances ont été très appréciées et ont abouti à des débats constructifs et animés.

La démodécie, une parasitose aux multiples facettes

De nombreux thèmes ont été abordés lors de ce congrès, sur fond d’hommage à notre confrère Didier-Noël Carlotti, qui nous a quittés en fin d’année 2014. Parmi ces thèmes, la démodécie, parasitose contagieuse et fréquente chez le chien. Notre confrère Éric Guaguère¹ a insisté sur son polymorphisme racial, qui peut expliquer son sous-diagnostic, et sur les particularités des formes à Demodex injai (séborrhée, pelage huileux). Il s’agit en revanche d’une entité controversée chez l’homme. D. follicularum y est en effet présent de manière physiologique dans l’appareil pilo-sébacé. La clinique est polymorphe, mais se traduit le plus souvent par une rosacée (érythème du visage, peau sensible). Dans la plupart des cas, le diagnostic est thérapeutique. Le traitement n’est pas standardisé et peut être local (métronidazole, crotamiton) ou systémique (cyclines, métronidazole, ivermectine).

Les staphylocoques méti-résistants, une réalité

En médecine canine, l’utilisation des antibiotiques a eu pour conséquence l’augmentation des staphylocoques méti-résistants (Methicillin-Resistant Staphylococcus Pseudintermedius ou MRSP) en France, avec une prévalence actuelle en médecine canine élevée (de 15 à 20 %). Entre 2007 et 2009, plusieurs cas d’infections post-opératoires à MRSP survenues dans une clinique dans le sud de la France ont été rapportés. Le risque d’infection nosocomiale doit mener à la mise en place de procédures d’hygiène de haut niveau, afin d’éviter la transmission de ces souches à l’homme.

Le laser, un outil intéressant en dermatologie

En dermatologie vétérinaire, l’utilisation du laser reste en marge, en particulier pour des raisons financières. Les indications sont toutefois multiples : incision, exérèse de petites masses, gestion de lésions cicatricielles aberrantes… La laserthérapie présente des avantages, tels que la réduction de la douleur, des gonflements, des saignements, de la durée d’hospitalisation, le contrôle des infections et la précision du geste. Certains inconvénients sont néanmoins à prendre en compte, notamment le coût du matériel, la formation nécessaire et les effets potentiellement dangereux si la technique est mal maîtrisée (brûlures, inhalation de fumées, etc.). En médecine vétérinaire, deux types de laser présentent un intérêt particulier : le laser d’abrasion (CO₂ ou Erbium-YAG), qui permet la gestion de petites tumeurs cutanées, et le laser vasculaire (KTP), utilisé pour le traitement des lésions vasculaires, tels les angiomes.

Quelques règles à suivre pour la désensibilisation

Si l’immunothérapie est le traitement étiologique recommandé par l’International Committee on Allergic Diseases of Animals (Icada) lors de dermatite atopique canine, elle est inutile en cas de dermatite atopique chez l’homme, sauf lors de rhinite allergique concomitante. Notre confrère Pascal Prélaud² précise les points forts à retenir chez le chien. Le protocole de désensibilisation doit associer acariens des poussières et certains pollens dans un nombre limité et suivre un protocole simple pour s’assurer l’adhérence du client (un protocole monodose a permis de passer d’un taux de renouvellement de 30 à 50 % par rapport à un protocole à dose croissante). Le recours à un laboratoire³ possédant une autorisation de production d’Apsa (allergènes préparés pour un seul animal) est fortement conseillé.

• 1 Diplomate ECVD (European College of Veterinary Dermatology), praticien à Lomme (Nord).

• 2 Diplomate ECVD, praticien à Paris.

• 3 Liste disponible sur le site de l’Anses.