« L’enthousiasme des vétérinaires pour le comportement connaît un nouvel engouement »

Pourquoi un institut de recherche comme l’Irsea1 s’implique-t-il dans la formation ?

La recherche et l’enseignement vont de pair. Notre activité de recherche est essentiellement clinique et il nous semble important de garder un lien avec la pratique. L’accueil que les confrères réservent à nos travaux nous aide à nous remettre sans cesse en cause. Leurs questions ne sont pas complaisantes !

Développer une activité de formation découle aussi du constat qu’en matière de comportement animal, il n’y avait pas de cursus intermédiaire entre le diplôme de vétérinaire et celui de spécialiste européen, obtenu après un parcours long, éprouvant et coûteux. Il manquait aussi des interactions entre les vétérinaires comportementalistes et le monde universitaire. Nos scientifiques contribuent ainsi aux programmes d’enseignement dispensés par des établissements partenaires (l’école de Purpan en France, par exemple). Ils interviennent aussi dans nos propres programmes : nos locaux sont conçus pour les organiser sur place. Les salles d’études sont connectées à l’espace de consultation, afin que les participants puissent les suivre sur écran.

Quelle est votre offre de formations destinées aux vétérinaires ?

Nous proposons un nouveau certificat en éthologie des animaux de compagnie, qui constitue une formation de base. Son format, en sessions de demi-journées, et son coût limité le rendent facilement accessible aux confrères en exercice. Ils en repartent avec des connaissances et des outils immédiatement applicables au quotidien.

Le master en éthologie clinique vétérinaire, monté avec l’université de Pise (Italie), est une formation plus conséquente. Il constitue une bonne préparation au résidanat. Déjà dispensé en italien, nous l’avons décliné en français. Nous sommes dans l’attente de son approbation définitive. Ses intervenants sont de différentes origines et sensibilités : des universitaires des facultés de Pise, de Barcelone en Espagne, mais aussi des anglophones (avec une traduction simultanée).

Ces formations abordent le comportement animal ainsi que son bien-être. Car ce dernier est une composante essentielle de la prévention des troubles, et un champ d’expertise en pleine ouverture pour les vétérinaires.

Enfin, notre congrès annuel laisse la part belle à la pratique. Son programme comporte peu de conférences magistrales pour favoriser les travaux pratiques, en petits groupes, autour de l’analyse de cas cliniques ou de formation aux techniques de prélèvement.

Qu’en est-il du cursus de spécialisation ?

L’engouement pour le comportement, il y a une vingtaine d’années, s’est vu freiné par la difficulté de sa pratique. Une consultation spécialisée – 0 à 90 minutes ! – n’était pas compatible avec la disponibilité des vétérinaires ni la bourse des propriétaires. Les praticiens ont également manqué d’outils, donc de résultats. Leur enthousiasme est retombé. Aujourd’hui, la recherche a avancé. De nouvelles connaissances (éthologiques, biologiques, génétiques) et des innovations techniques, comme les dosages hormonaux, simplifient le diagnostic et le traitement. Les consultations de comportement peuvent revenir à un format plus acceptable (45 minutes), comparable à celui d’autres spécialités médicales vétérinaires. Et l’activité de référés retrouve une place, pour la prise en charge des cas complexes.

Notre structure a soumis un programme de résidanat au collège européen de médecine vétérinaire du comportement. S’il est approuvé, il sera le premier en France.

• 1 Institut de recherche en sémiochimie et éthologie appliquée.