Les particularités des puces du chat passées au peigne fin - La Semaine Vétérinaire n° 1623 du 27/03/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1623 du 27/03/2015

Symposium Ceva

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SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Valentine Chamard

La prise en charge des puces chez le chat revêt des différences par rapport à celle du chien, en raison de spécificités biologiques de ce parasite chez cette espèce, mais aussi des particularités cliniques et comportementales du chat.

La gestion des puces chez le chat peut s’avérer délicate pour le praticien, avec un propriétaire difficile à convaincre, dans un contexte où les puces ne sont souvent pas visibles chez l’animal. Notre consœur Marie-Christine Cadiergues, diplomate ECVD et maître de conférences à l’ENVT, a détaillé ces aspects à l’occasion d’un symposium organisé par Ceva, le 13 mars dernier à Paris, lors du congrès Best of vétérinaire.

Une piqûre en moins de 30 secondes

Lorsque les puces sont présentes chez un chat, elles le sont en faible quantité (voir encadré). Il est ainsi facile de passer à côté, et beaucoup de propriétaires sont convaincus que leur chat n’est pas parasité. La température idéale pour que le cycle de la puce se déroule est de 27 °C (il est alors bouclé en 2 semaines), mais il est tout à fait réalisable aux températures présentes dans les intérieurs (30 jours à 19 °C). Une autre particularité est la rapidité avec laquelle la puce pique le chat (moins de 30 secondes). Or, aujourd’hui, aucune molécule n’est capable d’éliminer les puces dans un délai aussi rapide, « mais on peut les tuer rapidement, de sorte que le premier repas soit perturbé ou qu’il n’y en ait qu’un seul », précise la conférencière. « C’est l’effet recherché lors de dermatite par allergie aux piqûres de puces (Dapp), le but étant de diminuer la quantité d’allergènes ».

Plus les lésions sont marquées, moins il y a de puces

Le chat présente une clinique complexe vis-à-vis des puces, avec un paradoxe : le rapport entre le degré d’infestation et les lésions est inversé. Même lorsque les lésions sont marquées, les puces ne peuvent être mises en évidence dans un cas sur deux. Quand il est possible de les voir, en général leur nombre n’excède pas trois. Ainsi, en l’absence de lésions, les chats ont sept fois plus de puces que les chats avec lésions. Or, tous peuvent cohabiter dans un même foyer, et les propriétaires ne présentent que le chat malade. Il est alors difficile de les convaincre que les puces sont à l’origine des lésions, que les congénères sont impliqués et que tous les animaux doivent être traités.

Une clinique peu spécifique et un prurit occulte

Il n’existe pas de présentation clinique typique chez le chat. Sont ainsi observés un complexe granulome éosinophilique, une alopécie, un prurit cervico-facial ou une dermatite miliaire, seul élément parmi ces entités qui oriente vers une Dapp. Contrairement au chien, aucune distribution lésionnelle non plus ne permet d’orienter le diagnostic. Le chat présente des particularités comportementales. Nomade, il se recontamine dans les différents endroits qu’il fréquente, ce qui peut donner une impression d’échec du traitement. En se toilettant, il ingère les puces, les masquant au propriétaire. Il adopte le plus souvent ce comportement en cachette : le prurit est ainsi ignoré par les propriétaires.

Un traitement de longue haleine

La guérison clinique est longue : il faut au moins 60 jours pour qu’il y ait 80 % d’amélioration des lésions. Quinze jours après le début du traitement, les lésions sont encore présentes en quantité importante, ce qui rend l’observance difficile, les propriétaires n’ayant pas vu de puces au départ et ne voyant pas d’amélioration avec les antiparasitaires (qui, par ailleurs, peuvent s’avérer difficiles à administrer et ce, quelle que soit la galénique).

Trichogramme et examen microscopique pour convaincre

Lorsque le diagnostic n’est pas évident et que le propriétaire est difficile à convaincre, le rôle du vétérinaire peut s’avérer délicat. Un peignage d’au moins dix minutes serait nécessaire pour mettre en évidence les puces. Notre consœur préconise plutôt la réalisation d’un trichogramme (arrachage de poils avec un clamp et recherche des poils cassés ou de tiges fracturées pour mettre en évidence le prurit) et l’analyse microscopique du contenu de la boîte de transport, « plus moderne que le buvard imprégné et qui permet de convaincre plus facilement les propriétaires ». Notre consœur conclut en insistant sur l’importance d’impliquer le propriétaire (en lui présentant ces particularités) et de traiter les chats d’intérieur. Elle rappelle que l’absence de puces visibles n’exclut pas une Dapp, qu’au moins deux mois de lutte intensive sont nécessaires avant d’observer une amélioration clinique, et que tous les animaux du foyer doivent être traités, tous les mois et toute l’année.

Le chat et les puces en chiffres

> Un chat médicalisé sur cinq ou six a des puces.

89 % des chats infestés ont moins de cinq puces, 10 % en ont plus de 30.

>  Les puces sont retrouvées dans un tiers des consultations de dermatologie.

>  Une piqûre intervient dans un délai de 23 secondes. En cinq minutes, 25 % des puces ont piqué, et 100 % y sont parvenues en une heure.

> Le repas dure 25 minutes pour la femelle, dix minutes pour le mâle. Il y a plusieurs repas par jour, pendant toute la vie de la puce.

> La ponte s’effectue dès les 24 à 36 premières heures.

> Un propriétaire sur deux ignore que son chat a des puces, et un sur trois ne sait pas que la majorité du cycle de la puce se déroule dans l’environnement.

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