« En apiculture, le maillage sanitaire se densifie d’année en année » - La Semaine Vétérinaire n° 1623 du 27/03/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1623 du 27/03/2015

Entretien avec Samuel Boucher

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Nathalie Devos

Les menaces qui pèsent sur le cheptel apicole français ont amené la Direction générale de l’alimentation (DGAL) à mandater officiellement des vétérinaires apicoles.

Une récente note de service1 de la DGAL explicite la désignation de vétérinaires mandatés en apidologie et pathologies apicoles. N’y avait-il pas de vétérinaire mandaté jusqu’à présent ?

Cet appel à candidatures s’inscrit dans la procédure classique de mandatement. Jusqu’à présent, ce dernier se faisait sans encadrement strict. En cas de maladie apicole classée danger sanitaire de première catégorie (loque américaine, nosémose à Nosema apis, Aethina tumida, Tropilaelaps clareae), ce sont désormais les vétérinaires sanitaires mandatés ou habilités qui interviennent sur le terrain. La note de service précise que le vétérinaire est mandaté pour cinq ans s’il est titulaire d’un diplôme interécoles (DIE) délivré par Oniris et l’école d’Alfort. Il doit par ailleurs être inscrit à l’Ordre. La liste de ces vétérinaires est disponible sur le site du Conseil supérieur de l’Ordre. Une validation des acquis de l’expérience (VAE) se met également en place pour les vétérinaires qui auraient les compétences, mais pas le diplôme. L’apidologie et les pathologies apicoles ne sont en effet pas maîtrisées par tous les vétérinaires, du fait simplement d’un enseignement généraliste en apiculture pendant le cursus scolaire. Les DD (CS) PP2 peuvent aussi mandater, pour une durée de deux ans, un vétérinaire faisant état d’une activité régulière dans la filière apicole ou pouvant justifier d’une attestation de formation relative aux pathologies apicoles, délivrée par un organisme reconnu par le laboratoire de référence de Sophia Antipolis (SNGTV, Fnosad3, etc.). Ces vétérinaires pourront, par la VAE, obtenir par la suite le DIE.

Notre pays dispose d’un bon maillage vétérinaire en général, et qui est reconnu. Qu’en est-il des vétérinaires compétents en apiculture ?

Une liste de vétérinaires titulaires du DIE ou compétents et en attente de la VAE est tenue à jour par la SNGTV. Elle montre un maillage satisfaisant qui se densifie d’année en année (voir carte). Si une région manque de vétérinaires apidologues, un praticien d’une région proche peut travailler dans un département limitrophe. Avec l’arrivée en septembre du parasite Aethina tumida en Italie, un besoin de vétérinaires mandatés se fait réellement sentir en France. Les DD (CS) PP effectuent actuellement les appels à candidatures et les nominations. La profession est prête et de nombreux groupes travaillent sur des sujets tels que la certification, l’antibiothérapie, la rémunération ou les nouveaux parasites, etc. Les vétérinaires n’avaient jamais été aussi actifs en apiculture que maintenant.

Quelles seront les missions du vétérinaire mandaté en apiculture ?

Il pourra, dans le cadre des maladies réglementées :

– faire une visite de l’exploitation en vue d’établir un diagnostic avec recensement des ruchers, des colonies ;

– conduire une enquête épidémiologique incluant les éléments de traçabilité, de conduite d’élevage, de traitements, de prise en compte de l’environnement des ruchers et des pratiques culturales ;

– participer aux investigations nécessaires à la confirmation du diagnostic par examen clinique des colonies, recherche visuelle de parasites ou de dévastateurs, réalisation des prélèvements nécessaires au diagnostic de laboratoire des dangers sanitaires réglementés (abeilles mortes ou vivantes, couvains, produits de la ruche tels que miel, pollen, propolis et cire) ;

– mettre en œuvre et superviser l’application des mesures de lutte nécessaires à la prévention de l’extension de la maladie avec l’isolement des colonies et la délimitation des périmètres sanitaires ;

– participer aux opérations d’assainissement des ruchers (brûlage, transvasement, traitement, etc.) ;

– établir un rapport de visite et rédiger les documents administratifs nécessaires.

  • 1 DGAL/SDSPA/2015-216 du 5/3/2015, https://info.agriculture.gouv.fr/gedei/site/bo-agri/instruction-2015-216 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1622 du 20/3/2015 en page 18.

  • 2 Directions départementales (de la cohésion sociale et) de la protection des populations.

  • 3 Société nationale des groupements techniques vétérinaires, Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales.

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