Le point sur l’utilisation de la lidocaïne - La Semaine Vétérinaire n° 1621 du 13/03/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1621 du 13/03/2015

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Delphine Holopherne-Doran*, Gwenola Touzot-Jourde**, Sophie Paul-Jeanjean***

Fonctions :
*université de Bristol (Royaume-Uni)
**enseignante à Oniris à Nantes (Loire-Alantique). Article tiré des conférences
présentées lors des journées
annuelles de l’Avef à Pau,
en octobre 2014.

Reconnue pour ses effets analgésiques, anti-inflammatoires/prokinétiques et ses effets d’épargne en anesthésiques généraux, la lidocaïne administrée par voie intraveineuse est souvent utilisée dans la gestion des chevaux en coliques en per- et postopératoire.

LES EFFETS

Les bénéfices acquis chez l’homme (effets antihyperalgésiques et anti-inflammatoires, amélioration de la fonction gastro-intestinale en postopératoire et réduction des besoins anesthésiques volatiles durant l’anesthésie générale) ont motivé l’utilisation de la lidocaïne chez le cheval. Les effets sous-jacents sont mal élucidés à ce jour. Pour l’analgésie, la lidocaïne agit probablement au niveau des systèmes nerveux central et périphérique. Les effets analgésiques de la lidocaïne ont été démontrés chez les chevaux dans des contextes expérimental et clinique : cas graves de fourbure, castrations, douleurs somatiques et viscérales. En anesthésie générale, les besoins anesthésiques sont diminués de l’ordre de 25 %. Cette réduction s’accompagne potentiellement d’une meilleure innocuité cardiovasculaire des anesthésiques volatiles. Les propriétés anti-inflammatoires de la lidocaïne ont été clairement mises en évidence chez des chevaux souffrant de lésions ischémiques du petit intestin, démontrant des effets comparables à ceux de la flunixine méglumine. Ces effets anti-inflammatoires sont probablement à l’origine des effets prokinétiques observés in vitro et suspectés cliniquement (réduction du diamètre intestinal et de l’accumulation de fluide péritonéal en postopératoire, augmentation du taux de survie, réduction de l’iléus postopératoire et diminution du reflux gastrique chez les chevaux présentant une entérite ou un iléus). Pour ces différentes raisons, la lidocaïne est aujourd’hui le traitement de choix de l’iléus (en particulier postopératoire) chez le cheval.

LES RECOMMANDATIONS EN TERMES DE DOSE

Les recommandations en termes de dose varient légèrement en fonction des études publiées. Celle de 50 mcg/kg/min soit 3 mg/kg/h est la plus utilisée ; des doses plus élevées pouvant se rapprocher des concentrations toxiques. Une dose diminuée à 30 mcg/kg/min, soit 1,8 mg/kg/h, est parfois conseillée chez des animaux au métabolisme hépatique perturbé (maladie hépatique, animal hypotendu), mais les effets cliniques, notamment d’épargne, sont directement dépendants de la dose. L’administration d’une dose de charge avant le début de la perfusion (1,5 mg/kg) a longtemps été recommandée pour atteindre rapidement des concentrations plasmatiques thérapeutiques, mais elle ne présenterait pas de bénéfice supplémentaire comparée à une administration directe de la dose de perfusion, à condition de commencer assez tôt après l’induction de l’anesthésie. Il est également recommandé d’arrêter la perfusion environ 20 à 30 min avant la fin de l’anesthésie.

Les premiers signes de toxicité de la lidocaïne sont neurologiques : sédation, ataxie, faiblesse musculaire, tremblements voire convulsions partielles. Ces effets sont facilement reconnaissables sur un animal vigile et doivent amener à réduire voire interrompre la perfusion. En revanche, lors d’une anesthésie générale, ces signes sont masqués par les effets centraux des anesthésiques. Afin d’éviter les surdosages, il faut diminuer les quantités lorsqu’une déficience des capacités de métabolisation de la lidocaïne peut être suspectée : poulains, animaux âgés, hypotension persistante ou maladie hépatique. Si les doses toxiques sont atteintes, les signes de toxicité, lors d’anesthésie générale, seront d’ordre cardiovasculaire : bradycardie ou brady-arythmie, hypotension due à un effondrement de la pression artérielle systolique. Ces signes imposent l’arrêt de la perfusion ainsi que la mise en place rapide de mesures thérapeutiques.

COMMENT RÉALISER UNE PERFUSION DE LIDOCAÏNE ?

Différents modes d’administration de perfusion continue d’agents anesthésiques et/ou d’analgésiques sont disponibles : pousse-seringue, pompe à perfusion, régulateur de débit, compteur de gouttes. Les éléments à déterminer comprennent la concentration de la solution et la vitesse d’administration.

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