Le cross-linking, une technique de traitement de la cornée prometteuse - La Semaine Vétérinaire n° 1621 du 13/03/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1621 du 13/03/2015

Ophtalmologie

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Valentine Chamard

Le CXL, qui a intégré l’arsenal thérapeutique des ophtalmologistes humains depuis le début des années 2000, fait ses débuts en médecine vétérinaire. Notre confrère Frank Famose, qui l’utilise, en dresse un premier bilan.

Qu’est-ce que le cross-linking ?

Le cross-linking (CXL) du collagène cornéen est une technique de renforcement de la structure du collagène par interaction entre les fibres de collagène et les radicaux libres générés par l’action d’un rayonnement UV sur un photochrome : la riboflavine. Ces radicaux libres et les rayons UV ont également une action anti-infectieuse in situ.

Quelles sont ses indications chez l’homme ?

Il existe deux groupes d’indications chez l’homme : les affections qui s’accompagnent d’un amincissement cornéen progressif et les infections cornéennes. Dans le premier groupe, le kératocône est l’indication principale : plus de 150 000 cas sont traités chaque mois dans le monde. Pour ce qui concerne les infections cornéennes, bactériennes ou fongiques, le PACK-CXL (Photo-activated chromophore for keratitis-CXL) est une procédure de plus en plus utilisée, en particulier dans les pays émergents.

Et chez l’animal ?

Cette technique est adoptée en médecine vétérinaire depuis un peu plus de trois ans. Des résultats ont été publiés et ont montré une excellente action thérapeutique pour les ulcères cornéens, les kératites infectieuses, la kératomalacie chez le chien, le chat et le cheval. Ses indications à venir sont multiples : kératopathies bulleuses, suites de kératectomies, ulcères non infectés, utilisation en première intention pour limiter le recours aux antibiotiques lors de kératites infectieuses, etc. Ces perspectives sont déjà à l’étude et sont, pour certaines, en cours de publication.

Est-ce accessible pour tout praticien ?

La technique nécessite une lampe UV spécifique (coût compris entre 7 000 et 25 000 € selon sa puissance), voire d’un matériel d’iontophorèse (disponible sur le marché vétérinaire depuis octobre 2014) pour accélérer la procédure (voir encadré). Cet équipement est accessible à tout vétérinaire. Le coût pour le praticien est de l’ordre de 100 à 150 € par traitement (hors achat de la lampe), selon l’utilisation ou pas de l’iontophorèse. Je pense qu’aujourd’hui une petite dizaine de structures proposent ce service en France. Cela ne fait pas partie de l’arsenal de base des spécialistes car la technique est très récente et tous n’ont pas encore franchi le pas. Les publications se multiplient, les utilisateurs aussi, cela devrait se développer dans les prochaines années. Cette technique est très efficace et, paradoxalement, ne demande aucune capacité technique particulière, ni d’équipement spécial, en dehors du générateur UV.

Le cross-linking en pratique

Le protocole « classique » de traitement se compose de l’instillation de la riboflavine pendant 30 min et de l’irradiation UV à une puissance de 3 mW/cm2 pendant 30 min. Il est montré que l’utilisation de puissances d’irradiation plus élevées (CXL accéléré) a un effet anti-infectieux supérieur et que cela permet de raccourcir le temps d’irradiation (3 min à 30 mW/cm2). Le temps d’administration de la riboflavine peut être réduit à seulement 5 min par l’utilisation de l’iontophorèse, technique qui, par l’action d’un champ électrique, accélère la pénétration cornéenne de la molécule. La durée totale du traitement peut donc être réduite à moins de 10 min par la combinaison iontophorèse-CXL accéléré, ce qui permet une anesthésie de plus courte durée.

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