Évolution des usages d’antibiotiques et perception par les éleveurs - La Semaine Vétérinaire n° 1621 du 13/03/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1621 du 13/03/2015

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/PORCS

Auteur(s) : Anne Hémonic*, LORENZA RICHARD**

Fonctions :
*Ifip Institut du porc au Rheu
(Ille-et-Vilaine).
Article tiré d’une conférence
présentée lors du congrès de
l’AFMVP, les 4 et 5 décembre 2014
à Paris.

La consommation d’antibiotiques a diminué de 31 % en moyenne entre 2010 et 2013 dans les élevages qui ont participé à une étude présentée lors du congrès de l’Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP) à Paris, en décembre dernier.

RÉDUCTION DANS 74 % DES ÉLEVAGES

L’étude, financée par le plan ÉcoAntibio 2017, inclut un échantillon de 46 élevages naisseurs-engraisseurs de Bretagne, des Pays de la Loire et de Normandie. Les résultats révèlent que l’usage d’antibiotiques a diminué de 48 % en moyenne dans 74 % des exploitations. Cette réduction est d’autant plus importante pour les éleveurs qui les utilisaient beaucoup en 2010. Toutefois, cette baisse se retrouve également dans les structures qui étaient modérément et faiblement utilisatrices (respectivement 41 %, 25 % et 16 %).

Une hausse de l’usage est, en revanche, constatée dans 26 % des exploitations, mais elle est moindre (31 % en moyenne). Sur la totalité de l’échantillon, le nombre de traitements complets reçus par porc produit passe de 6,1 à 4,2, soit une baisse significative de 31 % (p < 0,01).

En considérant chaque stade physiologique, le nombre moyen de traitements complets reçus par animal a significativement baissé (36 % ; p < 0,01) pour les porcs en postsevrage, passant de 4 à 2,5 environ. Cette réduction concerne 63 % des élevages et elle se révèle importante dans 57 % d’entre eux. En revanche, de fortes hausses sont également observées dans 13 % des exploitations.

CHUTE DES CÉPHALOSPORINES DE DERNIÈRES GÉNÉRATIONS

L’utilisation d’antibiotiques a également diminué pour les truies et les porcelets sous la mère, mais de façon non significative (respectivement de 29 % dans 41 % des élevages et de 27 % dans 39 % d’entre eux). En revanche, les usages restent constants en engraissement. Ils ne baissent que dans 12 % des exploitations, mais ils sont particulièrement faibles (0,3 traitement par animal par an).

Aucune corrélation ne peut être établie entre les usages d’antibiotiques des différents stades physiologiques, et l’évolution de l’un ne peut prédire celle d’un autre. Cela oblige à l’étudier pour chacun d’entre eux individuellement.

La réduction concerne essentiellement les céphalosporines de dernières générations (chute de 96 %). Suivent ensuite la colistine (39 %), les tétracyclines (25 %), et enfin les pénicillines (14 %). Au niveau des formes pharmaceutiques, ce sont essentiellement les poudres et les solutions orales qui sont moins utilisées (diminution de 36 %), puis les prémélanges (30 %) et les injectables (29 %).

Les efforts menés par la filière porcine pour réduire ces usages portent ainsi leurs fruits. Toutefois, les éleveurs ont des difficultés à percevoir ce changement.

PERCEPTION ERRONÉE DES ÉLEVEURS

En effet, les exploitants estiment mal leur consommation dans 60 % des cas en moyenne. Parmi ceux dont celle-ci est en hausse, 93 % l’ont déclarée stable ou en baisse. Pour les élevages dont l’usage a été réduit, 51 % des éleveurs sont conscients de cette baisse, les autres déclarent une stabilité ou une hausse.

Les exploitants ont une perception erronée, car ils ne disposent d’aucun indicateur pour suivre les usages d’antibiotiques par stade physiologique. Une corrélation peut être établie entre les dépenses de santé et les niveaux d’utilisation des antibiotiques pour ceux qui enregistrent une gestion technico-économique (GTE). Cependant, celle-ci est faible, liée à de nombreux autres facteurs et concerne l’élevage entier sans différencier les stades physiologiques. De plus, les exploitants peuvent ne pas se remémorer, dans leur estimation, les usages réalisés trois années auparavant. Enfin, la personne est susceptible de confondre la quantité de traitements administrés et sa charge de travail. Ainsi, la suppression de l’administration d’un prémélange pour des injections ponctuelles peut donner à l’éleveur l’impression qu’il administre davantage de traitements, car il y prend une part plus active, alors qu’en réalité la consommation est en baisse. Enfin, ceux qui ne savent pas estimer une baisse significative de leur usage sont intéressants, car cela signifie que cette réduction n’a pas d’impact sanitaire négatif, ni sur les performances des animaux.

Cette étude met ainsi en évidence que les marges de progrès relatives à l’usage des antibiotiques sont importantes et que leur réduction est réalisable sans conséquence technico-économique sur l’élevage. Des outils sont à développer pour permettre à l’éleveur de suivre la consommation d’antibiotiques par stade physiologique et, ainsi, mesurer les impacts des actions réalisées.

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