Lésions du système locomoteur du poulet de chair : dysmaturité squelettique et bactériémie - La Semaine Vétérinaire n° 1618 du 20/02/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1618 du 20/02/2015

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : Lorenza Richard

POINTS FORTS

– 14 à 28 % des poulets de chair à croissance rapide présentent des boiteries ou des problèmes du système locomoteur en général.

– L’alimentation, la génétique, les causes infectieuses, une sensibilité propre à l’animal et les conditions d’élevage sont liées dans la survenue de ces problèmes.

Les lésions des os et des articulations des poulets de chair à croissance rapide seraient liées à une sensibilité accrue aux affections bactériennes du squelette. Ce résultat, notamment, ressort d’une étude bibliographique des étiologies de ces atteintes présentée lors des dernières journées de la recherche avicole à La Rochelle.

DES BACTÉRIES SOUVENT NON SPÉCIFIQUES

Actuellement, 14 à 28 %1 des poulets de chair à croissance rapide sont touchés par des boiteries ou des problèmes du système locomoteur en général. Les lésions, très variées et décrites dans la littérature, comprennent des ostéomyélites, des arthrites et des atteintes dégénératives ou nécrotiques de l’os, le plus souvent au niveau de la tête du fémur, de l’articulation tibio-métatarsienne, de l’épiphyse proximale du tibia et des vertèbres. Ces affections représentent la catégorie la plus importante parmi les maladies dites de production. Elles engendrent des pertes économiques en raison des saisies des carcasses et des retards de croissance.

La non-utilisation d’antibiotiques est un facteur de risque d’apparition de boiteries, ce qui semble confirmer le rôle des bactéries. Parmi les espèces bactériennes les plus souvent isolées des lésions se trouvent notamment Staphylococcus aureus (bactérie la plus couramment associée aux atteintes, qui affecte d’abord la métaphyse) et Escherichia coli (retrouvée dans de nombreuses lésions osseuses ou articulaires, sans qu’une souche ou un gène de virulence particuliers n’ait été mis en évidence). Sont également présentes Ornithobacterium rhinotracheale (agent pathogène primaire responsable de nombreuses infections chez le poulet de chair, dont la résistance aux antibiotiques est importante et contre lequel un vaccin est disponible) et Mycoplasma synoviae (bactérie intracellulaire à l’origine d’infections articulaires qui persistent longtemps). Enfin, des entérocoques commensaux de l’intestin sont fréquemment isolées (E. cecorum en particulier, responsable d’ostéomyélite notamment au niveau des vertèbres – spondylite – et d’arthrites, mais également E. faecalis, E. faecium et E. durans). Certaines de ces bactéries ne possèdent pas de facteurs de virulence pour coloniser les os ou les articulations. Souvent, de nombreux agents pathogènes sont isolés des lésions, dont aucun ne semble spécifique de la maladie. D’autres ne sont pas diagnostiqués.

UN FACTEUR DE RISQUE PROPRE À L’ANIMAL

La conduite d’élevage, l’alimentation et la génétique sont autant de facteurs décrits dans la littérature comme favorisant la survenue de ces problèmes, mais souvent sans tenir compte des agents infectieux. Cependant, les causes infectieuses, une sensibilité propre à l’animal et les conditions d’élevage sont liées.

Ainsi, chez le poulet de chair à croissance rapide, un déséquilibre dans le développement des différents tissus (osseux et musculaires) serait à l’origine d’une dysmaturité squelettique. Cette dernière provoque des compressions et la nécrose du tissu osseux, telle que celle de la tête du fémur, par exemple.

DÉSÉQUILIBRE ENTRE LES GRANDES CATÉGORIES DE GERMES DANS LE TRACTUS DIGESTIF

Une hausse de la perméabilité intestinale est également mise en cause, car les bactéries retrouvées dans les lésions du système locomoteur sont souvent des agents pathogènes “secondaires”, non spécifiques ou d’origine intestinale.

De plus, les arthrites et les ostéomyélites sont davantage observées lors de dysbiose ou dysbactériose, c’est-à-dire d’un déséquilibre entre les grandes catégories de germes dans le tractus digestif. Ce dernier est lié à une inflammation de la paroi intestinale et à l’augmentation de sa perméabilité lors de la distribution d’une ration alimentaire inadaptée. Le passage des micro-organismes vers le sang est ainsi favorisé. Cela induit une bactériémie, souvent sans signe clinique. En effet, une plus grande tolérance à la bactériémie est démontrée expérimentalement chez le poulet de chair à croissance rapide. Enfin, lorsque celle-ci persiste, elle est à l’origine du développement de lésions articulaires et d’endocardites.

  • 1 Knowles T., Kestin S., Haslam S. et coll. Leg disorders in broiler chickens : prevalence, risk factors and prevention. Plos One. 2008;3(2):e1541. Doi :10.1371/journal.pone.0001545.

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