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Journées scientifiques
Actu
SANTÉ ANIMALE
Auteur(s) : Claire Beauvais*, Hélène Rose**
Les 3e journées de la recherche apicole, coordonnées par l’Itsap, ont montré le dynamisme des principales structures françaises impliquées dans l’étude de la biologie des abeilles et de leurs interactions avec l’environnement.
Plusieurs thèmes ont été abordés les 4 et 5 février derniers à Paris lors des dernières journées de la recherche apicole, depuis le rappel des résultats de l’enquête paneuropéenne Epilobee sur les mortalités d’abeilles domestiques1. Quelques facteurs influençant la santé des colonies ont principalement été développés : l’alimentation, les résidus de pesticides et la lutte contre les pathogènes.
Préserver les ressources alimentaires des pollinisateurs est essentiel pour la production mellifère. Afin d’enrayer les conséquences délétères des pratiques actuelles (monocultures, usage de pesticides) sur la santé des abeilles, donc sur la production de miel et les rendements agricoles, plusieurs axes sont explorés. L’Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation (Itsap) a conduit le projet Interapi2, avec de multiples partenaires (Institut national de la recherche agronomique, chambres d’agricultures, coopératives agricoles, associations de développement apicole), afin d’élaborer un outil de gestion de la ressource mellifère en zone de grande culture. L’intérêt des cultures intermédiaires mellifères pour la préparation à l’hivernage des colonies d’abeilles est, par exemple, mis en avant. L’objectif, à terme, est de “réconcilier” apiculteurs et agriculteurs et de développer l’agro-écologie : les couverts végétaux interculturaux, imposés aux agriculteurs par la réglementation européenne, peuvent être valorisés par l’utilisation d’espèces mellifères. Des coopératives agricoles s’investissent dans ce sens. Elles proposent aux agriculteurs de réaménager les surfaces de leurs exploitations, par l’implantation de haies d’arbres et d’arbustes à floraison d’intérêt pour les abeilles à l’entrée et à la sortie d’hivernage (périodes où, plus faibles, elles ont besoin d’aliments facilement disponibles), de jachères et cultures intermédiaires mellifères. Ces réaménagements sont d’ailleurs favorables à l’ensemble de la faune sauvage rurale.
La contamination systématique et permanente des pollens en région agricole, et ce, pendant toute la saison apicole, a été objectivée par les travaux des observatoires de l’exposition des colonies d’abeilles aux pesticides, installés dans plusieurs régions françaises. Comme l’a présenté Cyril Vidau, écotoxicologue à l’Itsap et à l’unité mixte technologique “protection des abeilles dans l’environnement” (UMT Prade) d’Avignon, les résidus de pesticides (principalement des antifongiques, toxiques pour les abeilles) sont présents dès le début du printemps, avec plus de cinq pesticides différents dans 20 % des échantillons de pollen collectés. Ces résidus sont également détectés dans les nectars récoltés et dans les cires des ruches. Au cours des prochaines années, les observatoires vont étudier et quantifier les conséquences de cette exposition chronique sur le développement des colonies d’abeilles.
Un nouvel outil d’évaluation de l’état de développement des colonies, ColEval (Colony Evaluation), est en préparation. Les concepteurs mettent également au point une mallette pédagogique afin de favoriser une formation homogène des futurs utilisateurs de cette méthode. Connaître la structure de la ruche révèle la stratégie de la colonie face aux événements passés l’ayant affectée, et permet de prospecter sur son avenir, pour une meilleure gestion à long terme.
Pourvoyeuse de résultats et de publications reconnus à l’échelle internationale, les journées de la recherche apicole française confirment, via des protocoles scientifiques coûteux et chronophages, des notions qui pourraient sembler toutefois évidentes : les colonies d’abeilles se développent mieux lors qu’elles peuvent se nourrir correctement, et ne sont pas exposées à des toxiques. CQFD…
1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1613 du 16/1/2015 en page 19.
2 http://www.interapi.itsap.asso.fr
1 Autorisation de mise sur le marché.
Il est peu probable d’identifier dans un avenir proche de nouvelles molécules efficaces pour lutter contre le parasite Varroa destructor, et qui n’entraîneraient pas de dommages collatéraux pour les abeilles et les produits de la ruche. Le thymol, souvent présenté comme un remède naturel de choix contre Varroa, serait ainsi responsable d’anomalies d’apprentissage ou de vision chez les ouvrières, lorsqu’il est utilisé en dehors de sa fenêtre thérapeutique (notamment par accumulation dans les cires lors d’utilisation “hors AMM1”). Des méthodes de lutte alternatives sont à développer, telles que la sélection et l’élevage de colonies d’abeilles VSH (Varroa sensitive hygiene), capables de détecter les phéromones émises par le couvain fortement infesté par le parasite, et de limiter sa multiplication.
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