En Alaska, les ours polaires souffrent d’alopécie - La Semaine Vétérinaire n° 1618 du 20/02/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1618 du 20/02/2015

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FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Marie Sigaud

La fourrure des mammifères marins joue un rôle essentiel dans leur thermorégulation. Toute atteinte portée à leur fourrure peut avoir des conséquences dramatiques sur la capacité de ces animaux à maintenir une température adéquate dans des environnements parfois extrêmement rigoureux. Des cas d’alopécies sont rapportés chez de nombreuses espèces marines, telles que l’éléphant de mer ou le morse. Une récente étude publiée dans Journal of Wildlife Diseases1 décrit un nouveau syndrome alopécique, observé cette fois-ci chez des ours polaires en Alaska.

28 % DES OURS ATTEINTS

Entre 1998 et 2012, 1421 ours polaires sont capturés à l’aide d’hélicoptères aux abords de la frontière canadienne dans le cadre d’un suivi à long terme des populations. L’équipe de chercheurs américains relève la présence, chez 3,45 % des animaux, de lésions alopéciques, avec un pic de prévalence atteignant 28 % chez ceux capturés en 2012.

Le syndrome alopécique observé chez ces ours varie en termes de sévérité et de lésions. Cependant, la plupart du temps les chercheurs notent une perte de poils asymétrique et bilatérale le long de l’axe dorso-ventral de la tête et du cou (voir photos). Les biopsies réalisées révèlent une prépondérance de follicules télogènes et une hyperkératose folliculaire et épidermique. Certains ours affectés présentent également des lésions croûteuses et suintantes. Aucun ectoparasite n’est trouvé.

Les ours polaires se déplacent énormément sur la banquise et dans l’eau, et peuvent nager plusieurs kilomètres dans l’eau glaciale. L’énorme différence de température entre le corps de l’animal et celle extérieure requiert une thermorégulation extrêmement efficace. L’atteinte de l’intégrité de la fourrure de l’ours est susceptible de générer une hausse de la demande énergétique et d’avoir des impacts sur la survie et la reproduction des animaux. Les chercheurs américains constatent, par ailleurs, que ceux qui souffrent d’alopécie présentent une moins bonne condition physique.

D’AUTRES ESPÈCES ÉGALEMENT TOUCHÉES

Dans cette même zone géographique, l’émergence de lésions similaires chez des pinnipèdes, tels que le phoque annelé, est observé. Pourtant, à ce jour, la cause de ce syndrome alopécique reste inconnue. De nombreux facteurs peuvent être à l’origine de lésions similaires, et dans le cas des mammifères marins, les polychlorobiphényles (PCB) sont souvent incriminés du fait de leur interférence avec l’activité thyroïdienne. D’autres cas d’alopécie sont cependant attribués à des déficiences en nutriments, ou encore à des agents parasitaires ou fongiques.

Depuis plusieurs décennies, l’écosystème arctique marin subit de plein fouet les conséquences des activités humaines, notamment les effets du changement climatique. Certains spécialistes suggèrent même que l’augmentation des températures pourrait se traduire par une hausse des niveaux d’exposition des mammifères marins aux agents toxiques, infectieux et parasitaires. Par ailleurs, le réchauffement climatique modifie directement la structure du paysage, avec une diminution de près de 14 % de la zone recouverte par la glace entre 2002 et 2013. Ce phénomène influence, entre autres, les déplacements des ours polaires, contraints de passer davantage de temps à nager entre les zones de banquise. Au final, ce syndrome alopécique est susceptible de représenter une nouvelle menace pour les populations d’ours polaires, déjà mises à mal par de nombreux autres facteurs.

  • 1 Atwood T., Peacock E., Burek-Huntington K., Shearn-Bochsler V., Bodenstein B., Beckmen K., Durner G. 2015. Journal of Wildlife Diseases, 51 (1).

DÉCLIN GLOBAL DES OURS POLAIRES

Le nombre total d’ours polaires est actuellement estimé entre 20 000 et 25 000 individus. Leur population a diminué de plus de 30 % au cours des 45 dernières années. Leur principale menace est la perte de leur habitat particulier, la banquise. Certains experts prédisent la disparition de la calotte polaire dans les 100 prochaines années. De plus, l’ours polaire étant au sommet de la chaîne alimentaire, l’espèce est exposée à de forts niveaux de polluants.

Pour en savoir plus : http://www.iucnredlist.org

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