« La borréliose de Lyme doit mobiliser toutes les professions de santé » - La Semaine Vétérinaire n° 1617 du 13/02/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1617 du 13/02/2015

Entretien avec Guy Joncour (A 74)

Actu

SANTÉ PUBLIQUE

Auteur(s) : Lorenza Richard

La proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale par 70 députés le 14 octobre 2014, relative à la borréliose de Lyme, a été renvoyée en commission lors d’un vote en séance publique le 5 février. Retour sur ce projet avec notre confrère Guy Joncour.

Pour quelles raisons a-t-il été proposé de légiférer sur la maladie de Lyme ?

La maladie est en expansion actuellement, et son diagnostic est difficile : les résultats des tests sont d’interprétation délicate et leur fiabilité est mise en cause par diverses associations de malades. Son incidence en France est de 26 000 à 27 000 cas par an, alors que les données prospectives en Allemagne indiqueraient une incidence de 90 000 cas par an, sans doute en raison d’un problème d’harmonisation des méthodes diagnostiques. Ainsi, c’est une zoonose sous-diagnostiquée, et à laquelle les praticiens, notamment les vétérinaires de campagne, sont largement exposés, directement et lorsque leurs clients, chasseurs ou éleveurs, s’adressent à leur cabinet quand apparaît sur eux un érythème migrant. Chez l’homme, cette lésion cutanée, autour de la piqûre de tique, pathognomonique, n’est pas systématique. Les signes cliniques sont protéiformes et peuvent évoluer de façon chronique et invalidante durant plusieurs années. Les symptômes sont souvent peu spécifiques chez les animaux sensibles, voire inexistants. Sans traitement long ou guérison spontanée au premier stade, les séquelles peuvent être graves, quelles que soient les espèces infectées.

Comment expliquer l’expansion de la maladie ?

La prévalence d’infection des tiques vectrices (Ixodes ricinus) vis-à-vis du spirochète du complexe Borrelia burgdorferi est estimée à 12 % en Europe par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. En général, l’incidence des cas de maladies à tiques augmente de façon certaine en Europe. Il semblerait que le réchauffement climatique soit responsable du déplacement vers le nord des différentes espèces de tiques, qu’il favorise leur expansion et, en corollaire, la dissémination des maladies. Nous pensons que les nouvelles habitudes socioprofessionnelles des usagers de la nature y sont pour beaucoup.

En quoi consiste la proposition de loi du 14 octobre 2014 ?

Un plan national était prévu sur cinq ans, de 2015 à 2020, avec cinq axes prioritaires : la recherche, le diagnostic, l’information, la prévention et la déclaration des cas. Le projet est rejeté, mais le gouvernement est interpellé pour mettre en œuvre des actions envisagées dans le rapport du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), publié en décembre 20141. Il souhaite saisir les acteurs de la recherche avant l’été. La maladie doit mobiliser toutes les professions de santé, dont les vétérinaires, qu’ils soient praticiens, agents de l’État, vétérinaires sanitaires, laboratoires d’analyses, médecins, biologistes, pharmaciens ou encore chercheurs.

Les vétérinaires doivent-ils déclarer les cas qu’ils diagnostiquent ?

Ils font partie d’un réseau d’épidémiosurveillance vigile, et l’acquisition de connaissances est l’affaire de tous. Mais seuls les médecins doivent référencer les cas. Cependant, le pelage des animaux rend l’érythème difficilement décelable. En sérologie, des réactions croisées pourraient être observées avec Leptospira spp. et des tréponèmes (maladie de Mortellaro). De plus, la PCR2, de certitude, est inapplicable car la borréliémie est très faible.

Vous organisez des rencontres pour sensibiliser les vétérinaires (et les médecins) aux maladies vectorielles transmises par les tiques. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Les rencontres francophones de Belle-Île-en-Mer, du 24 au 26 avril 2015, présenteront cette zoonose et, notamment, une étude réalisée sur l’île consacrée au portage de 12 agents pathogènes par 628 tiques en 2012. Organisées dans l’optique One Health et One Vet par les groupements techniques vétérinaires (GTV) de Bretagne, des Pays de la Loire, de Normandie et de Poitou-Charentes, elles aborderont également la répercussion du réchauffement planétaire sur la distribution géographique de ces maladies à tiques et les dernières avancées en termes de diagnostic, de traitement et de prévention.

Appel aux auteurs

À l’occasion des rencontres de Belle-Île-en-Mer, en Bretagne, du 24 au 26 avril, un concours de posters réservé aux vétérinaires est organisé, concernant les tiques et les maladies vectorisées par elles, pour toutes les espèces animales et sous tous les angles souhaités (cas clinique, gestion de foyers, programme d’étude, outils de diagnostics, étude économique, etc.).

Le règlement complet peut être demandé à gtv.bretagne@orange.fr, Mme Dominique Laillet, tél. : 02 96 85 60 49.

Plus d’informations sur https://www.facebook.com/groups/299006063622723/

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