Rappels concernant le syndrome vache grasse - La Semaine Vétérinaire n° 1615 du 30/01/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1615 du 30/01/2015

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : Lorenza Richard*, GILLES LE SOBRE**, CLAIRE BECKER***

Fonctions :
*unité clinique rurale de l’Arbresle (Rhône)
**VetAgro Sup (VAS)

L’équipe de médecine de troupeau de Vet­Agro Sup (VAS) est appelée pour un audit dans un élevage de 60 holsteins, où sept vaches ont été euthanasiées en 6 mois entre 60 et 80 jours de lactation en raison de paraplégies apparaissant au vêlage. L’administration de solutés phosphocalciques se révèle inefficace. Le vétérinaire de l’exploitation suspecte un syndrome vache grasse.

DES SYMPTÔMES PEU SPÉCIFIQUES

Encore appelé stéatose hépatique ou lipidose hépatique, le syndrome vache grasse serait sous-diagnostiqué dans les troupeaux laitiers. Il apparaît chez les animaux dont la note d’état corporel (NEC) est élevée en période de transition (3 semaines avant et après le vêlage). La lipomobilisation alors engendrée par le déficit énergétique de cette période provoque une libération massive d’acides gras non estérifiés (AGNE), stockés dans les hépatocytes sous forme de triglycérides.

Le fonctionnement du foie est dépassé, ce qui provoque des désordres métaboliques qui ne permettent pas une bonne couverture des besoins énergétiques. La vache maigrit. Les symptômes apparaissent surtout dans la semaine du vêlage ou dans les 4 semaines post-partum, lorsque le taux d’infiltration graisseuse du foie atteint 35 à 45 % (normalement il est inférieur à 20 %). Ils sont peu spécifiques et variés, et le diagnostic différentiel est difficile. L’apparition d’un décubitus, de symptômes nerveux et d’une anorexie prolongée assombrissent gravement le pronostic.

DES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES NÉCESSAIRES

Une NEC élevée vers la mise bas est susceptible d’orienter le diagnostic (toutefois certaines vaches peuvent présenter une NEC normale, mais développer une stéatose hépatique en raison d’une quantité importante de graisse intra-abdominale). De plus, les paramètres biochimiques du foie sont modifiés. Bien que la quantité d’aspartate aminotransférase (Asat) soit souvent légèrement augmentée en fin de gestation, l’affection peut être suspectée si elle dépasse 200 UI. En revanche, un taux normal d’Asat exclut une stéatose. Le taux de g-glutamyltransférase (GGT) peut également être secondairement accru.

Le taux d’AGNE est mieux corrélé à la stéatose hépatique que celui de β-hydroxybutyrate (BHB). Il en est un meilleur indicateur lorsqu’il est supérieur à 0,5 mEq/l avant le vêlage et à 1 mEq/l après celui-ci1. La biopsie hépatique est l’examen complémentaire le plus spécifique de l’affection, mais elle se révèle parfois difficile à mettre en œuvre. Enfin, le diagnostic peut être envisagé au niveau du troupeau lorsque plus de 10 % des animaux présentent un taux butyreux (TB) supérieur à 48 g/l (signe de lipomobilisation) ou un rapport TB/taux protéique (TP) supérieur à 1,5 dans les 2 premiers mois de lactation (signe de déficit énergétique)2.

LA PRÉVENTION, MOYEN DE LUTTE LE PLUS EFFICACE

Il n’existe aucun traitement spécifique de la stéatose hépatique (apport de glucose et de corticoïdes notamment). Le pronostic s’assombrit gravement lors de symptômes nerveux ou d’anorexie durant plus de 3 jours. Une ration appétante et de bonne qualité est préconisée pour favoriser l’ingestion.

La prévention reste donc la meilleure façon d’éviter ce syndrome, par la surveillance régulière de la NEC (au maximum 3 à 3,5 au tarissement comme au vêlage), afin de ne pas voir maigrir de vaches avant la mise bas. L’idéal est de distribuer deux rations au tarissement, l’une surtout fibreuse au début pour conserver un volume ruminal important, la seconde 3 semaines avant la mise bas avec une densité énergétique et un apport protéique supérieurs pour combler le déficit d’ingestion à cette période et couvrir les forts besoins de fin de gestation.

L’HYPOTHÈSE DIAGNOSTIQUE ÉCARTÉE

L’analyse des performances du troupeau audité par l’équipe de VAS révèle que la production laitière est correcte. Une acidose ruminale est suspectée chez les vaches en lactation, avec un déficit énergétique pendant leurs 3 premiers mois de lactation, et la conduite du tarissement n’est pas optimale. La NEC est élevée en fin de lactation (3,5 en moyenne), mais surtout au tarissement (3,7). Le rapport TB/TP du troupeau est supérieur à 1,5 chez plus de 20 % des bovins durant les 3 premiers mois de lactation, mais le taux de BHB est dans les normes le jour de l’audit. Le taux moyen d’Asat du troupeau est légèrement augmenté (157 UI, alors que les normes sont comprises entre 78 et 132 UI), mais la quantité individuelle ne dépasse jamais 180 UI. Ces examens complémentaires permettent ainsi d’éliminer l’hypothèse de syndrome vache grasse dans cette exploitation.

  • 1 Ospina PA, Mcart JA, Overton TR et coll. Using nonesterified fatty acids and beta-hydroxybutyrate concentrations during the transition period for herd-level monitoring of increased risk of disease and decreased reproductive and milking performance. Vet. Clin. North Am. Food. Anim. Pract. 2013;29(2):387-412.

  • 2 Raboisson D, Schelcher F. Critères diagnostiques de maladies métaboliques. Le Point Vétérinaire 2009;40 (numéro spécial):109-115.

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