“Europe : état des stocks de poissons”

L’Association française d’halieutique (AFH) a révélé l’état des stocks des poissons européens.

Avec quelle méthodologie ? Sont ici analysés les avis concernant les trois grandes zones de l’Atlantique fréquentées par les pêcheurs français (Manche-mer du Nord, mer Celtique-Ouest de l’Écosse et golfe de Gascogne-côte ibérique), ainsi que les avis relatifs aux espèces de grand fond. Les stocks des zones mer Baltique, Féroé, Islande-Est du Groenland, mers de Barents et de Norvège, ainsi que ceux de Méditerranée (où aucun quota de pêche n’est défini à l’exception du thon rouge), n’ont pas été pris en compte dans cette synthèse. Les stocks dits “largement distribués”, tels que le maquereau, le chinchard ou le merlu, non plus, car leur évaluation intervient plus tard dans l’année.

Que retenir ? La situation des réserves de poissons des mers européennes reste très fragile. Et il faut encore appliquer des quotas de pêche prudents en 2015 afin de les reconstituer. Une partie (12 %) des 144 stocks étudiés se porte mieux et permet une légère hausse des quotas. Le hareng, le sprat, la plie et l’églefin de mer du Nord ou encore la sole de Manche Ouest sont en quantité suffisante. Au total, 17 stocks représentent un potentiel de l’ordre de 936 000 t, soit presque la moitié (47 %) des captures sous quotas dans la zone considérée. C’est une « bonne nouvelle », insistent les scientifiques, car cela montre que la politique de restriction volontaire des prises porte ses fruits avec le temps.

Toutefois, cette bonne nouvelle ne peut masquer d’autres signes inquiétants. D’abord les nombreux stocks qui ne montrent pas d’améliorations. Et ensuite, le risque qui pèse sur les espèces mal connues : les poissons des eaux profondes, par exemple, dont la biologie reste un mystère, ne sont pas gérés de manière responsable et durable, mais exploités sans souci du long terme.

Finalement, les recommandations des scientifiques proposent des quotas 2015 en augmentation pour 26 stocks, stables pour 49, et en diminution pour 49 autres.

Ces données étant connues, que s’est-il passé au mois de décembre ? Au moment de fixer les autorisations de tonnages pour l’ensemble des espèces pêchées dans l’Atlantique, la France comme l’Espagne se sont félicitées d’avoir obtenu des tonnages supérieurs à ce que proposait la Commission européenne. Or, celle-ci avançait déjà des taux de capture supérieurs à ceux que préconisent les scientifiques.