« Communiquer sur les risques permet à chacun de rester vigilant »

Comment avez-vous eu l’occasion de diagnostiquer la tuberculose ?

Depuis 2002, plusieurs cas de tuberculose à M. microti, appartenant au complexe tuberculosis, ont été diagnostiqués autour de Callac, où j’exerçais : chez des chats (dont celui de l’un de mes collègues, qui présentait une pneumonie miliaire) et chez une loutre qui m’a été amenée vivante par l’intermédiaire de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage des Côtes-d’Armor (ONCFS22) en 2007¹. Elle présentait une forme entéritique, avec une diarrhée hémorragique, des granulomes abdominaux palpables. À la coupe, les ganglions mésentériques crissaient et présentaient des cavernes.

Les contaminations de ces différentes espèces pourraient-elles être liées ?

La loutre, par exemple, a sans doute été contaminée par voie intestinale, en ingérant un micromammifère porteur. Ces rongeurs sont d’ailleurs probablement le lien épidémiologique entre les différents cas diagnostiqués à proximité. J’ai effectué le piégeage de 60 mulots dont le foie, les poumons et les ganglions mésentériques ont été analysés par PCR à l’Anses. Cette démarche personnelle d’ordre épidémiologique n’a pas permis de mettre en évidence le portage. La vitesse de renouvellement dans ces populations est une des explications, et cela reste un petit échantillon d’animaux pris vivants.

Grâce au réseau Sylvatub, une augmentation régulière des cas de tuberculose dans la faune sauvage, à M. bovis mais aussi à M. microti, est remarquée. Les sangliers ou les blaireaux, à l’instar de la Grande-Bretagne, en sont des indicateurs biologiques. Le chat, avec son comportement de prédateur, pourrait également en être un. Il est fort probable que la tuberculose est sous-diagnostiquée chez nos animaux de compagnie. Mais il est parfois difficile d’avoir des retours jusqu’aux praticiens quand des cas sont déclarés dans les élevages bovins par exemple. Cela permettrait pourtant d’adapter la vigilance des confrères aux alentours et des chasseurs habilités à réaliser des examens post-mortem.

Les praticiens devraient-ils garder la tuberculose en tête dans leurs diagnostics différentiels ?

Une consœur voisine et “vigilante” m’a récemment appelé pour m’avertir qu’elle suspectait une tuberculose chez un chat de sa clientèle qui présentait des ganglions mésentériques hypertrophiés, ainsi qu’une lésion cutanée sur le côté de la bouche. Elle a réalisé des prélèvements, qui sont revenus positifs pour M. microti. Dans la pratique, la communication avec les confrères permet des avancées et une efficacité accrue. Il me semble aussi essentiel de sensibiliser et d’informer les médecins.

• 1 Voir l’article “La tuberculose à M. microti probablement sous-diagnostiquée”, en page 50 de La Semaine Vétérinaire n° 1600 du 10/10/2014.