Que pensez-vous de l’entrée des non-vétérinaires dans le capital des cliniques ? - La Semaine Vétérinaire n° 1613 du 16/01/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1613 du 16/01/2015

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : Serge Trouillet

Adopter une stratégie qui maintienne l’indépendance

Charles Facon, praticien aux Herbiers (Vendée).

La seule question à se poser, lors de volonté d’ouvrir le capital de sa structure aux non-vétérinaires, est : pour quoi faire ? Si c’est pour assumer d’importants investissements, parce que le souhait est de consolider, de développer l’activité ou d’accélérer la croissance de l’entreprise, il s’agit d’une réelle opportunité. Mais la démarche doit alors être conduite par les associés vétérinaires eux-mêmes, qu’ils en aient parfaitement mesuré les conséquences et qu’ils la maîtrisent.

Pour autant, je m’interroge sur l’avenir des modèles économiques de notre profession en productions animales. Nous avons vu au forum Ergone que, pour des raisons très différentes, dans les laboratoires d’analyses médicales, dans les cliniques humaines voire chez les vétérinaires de certains pays tels que la Grande-Bretagne, d’autres modèles éclosent en raison de la pression subie par les entreprises.

Une compression de la rentabilité engendre mécaniquement des regroupements, des fusions, une massification des structures pour réduire les charges et optimiser le fonctionnement. Et, plus elles grossissent, plus le phénomène aiguise l’appétit des financiers. C’est un engrenage qui pourrait nous amener à perdre notre indépendance et nous détourner de notre vocation principale, ce qui représente alors plus un danger qu’une opportunité. Je suis interrogatif, à cet égard, sur l’impact de la loi d’avenir agricole et l’effet qu’elle pourrait produire.

Nous ne voulons pas de rentiers

Laurent Jamin, praticien mixte, responsable du groupe Anibio à Arzacq-Arraziguet (Pyrénées-Atlantiques).

À titre personnel, j’ai toujours été contre l’ouverture du capital de notre groupe au monde extérieur à la profession. Même dans nos quatre sociétés commerciales, en dehors de nos trois Selarl1, nous en restreignons l’accès aux seuls associés en exercice. Je ne vais pas changer d’avis maintenant. Je pense que nous sommes capables, en matière de gestion de capitaux, d’investir à la hauteur de nos besoins dans notre activité professionnelle.

Nous souhaitons rester maîtres chez nous. C’est notre philosophie. Nous allons même plus loin puisque nous n’acceptons pas d’anciens associés. Si l’un d’entre nous quitte l’entreprise ou prend sa retraite, la totalité de ses parts lui sont remboursées. Nous ne voulons pas de rentiers, c’est-à-dire d’actionnaires qui ne sont pas en exercice professionnel. Le modèle de la clinique médicale privée, avec la séparation de l’activité professionnelle et de celle logistique, cette dernière entièrement entre les mains de capitaux privés, n’est pas le nôtre. Le système de la Selarl nous donne les moyens suffisants pour investir nous-mêmes, tant dans les murs que dans le matériel. Que nous apporteraient de plus des capitaux extérieurs, sinon la perte de notre indépendance ?

En rurale, nous sommes de purs indépendants

Jacques Monet, praticien mixte à Mauriac (Cantal).

J’ai la chance de faire un métier que j’ai choisi, que j’aime, au sein d’une structure juridique qui me convient, la société de fait (SDF). Je gagne correctement ma vie. Lorsque nous devons investir, nous le faisons raisonnablement avec mes associés en sollicitant tout simplement notre banque.

J’ai ainsi le loisir de me consacrer entièrement à mon activité, sans avoir à me préoccuper de questions d’argent qui m’ennuient. Cela n’a jamais été ma motivation. Je conçois qu’une grosse structure souhaitant se doter d’équipements très coûteux, tels qu’un appareil IRM1, ait besoin de financements extérieurs, mais dans les limites maximales actuelles. De toute façon, c’est impossible pour une SDF, qui n’est pas dotée d’une personnalité morale.

En rurale, nous avons précisément choisi ce mode de vie parce que nous sommes de purs indépendants. Nous n’entendons pas nous laisser marcher sur les pieds, encore moins par des financiers qui viendraient nous dicter ce que nous avons à faire. D’ailleurs, sauf à transformer les vétérinaires en esclaves, la profession n’est pas suffisamment rémunératrice pour que cela soit intéressant pour eux. Surtout si nous perdions la délivrance des médicaments ! Plus aucun jeune ne voudrait alors s’installer à la campagne. Il n’y a déjà plus beaucoup de volontaires pour nous rejoindre…

  • 1 Société d’exercice libéral à responsabilité limitée.

  • 1 Imagerie par résonance magnétique.

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