MSD veut éviter la chute des prix des antibiotiques… et des marges - La Semaine Vétérinaire n° 1612 du 09/01/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1612 du 09/01/2015

Face à la loi d’avenir

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PHARMA

Auteur(s) : Éric Vandaële

Christophe Maisonneuve, directeur France de MSD Santé animale, dévoile à La Semaine Vétérinaire sa stratégie : se concentrer sur les vaccins, sans vraiment baisser les prix des antibiotiques.

Partagez-vous l’objectif de réduction de 25 % des ventes d’antibiotiques qui fonde la loi d’avenir ?

La loi d’avenir n’est pas une surprise. Elle était en préparation depuis longtemps. Elle est importante pour nous qui réalisons 27 % de nos ventes avec des antibiotiques, surtout des injectables et des intramammaires. MSD Santé animale représente également 19 % des achats d’antibiotiques des vétérinaires. Il est clair que la baisse des volumes aura un impact que nous ne pourrons pas compenser. C’est inéluctable.

Nous irons néanmoins dans le sens voulu par la loi. Nous n’avons pas incité les vétérinaires à stocker sur la fin d’année 2014. Mais, à l’inverse, nous accompagnerons les efforts des filières pour réduire les usages.

La loi d’avenir interdit les remises sur les antibiotiques et toutes les formes de contournement. Comment MSD va-t-il s’y adapter ?

Nous respecterons la loi à la lettre et dans son esprit. Depuis le 1er janvier 2015, aucun de nos contrats ne comporte de remise sur les antibiotiques. Les prix seront identiques pour tous.

Nous ne voulons pas développer les ventes directes. En effet, il importe pour nous de renforcer la logistique mise en place avec les centrales, et non de la fragiliser.

Notre devoir consiste aussi à aider les vétérinaires à surmonter ce cap difficile, en préservant les marges sur les antibiotiques. MSD, en tant que leader, ne doit pas inciter à une perte de valeur. En effet, le maintien des prix d’achat conditionne ceux de revente. Nous limiterons donc autant que possible la diminution des tarifs de nos antibiotiques.

Cela signifie-t-il que les prix ne baisseront pas en 2015 ?

Notre politique est d’éviter une spirale des tarifs à la baisse qui serait contre-productive. Nous avons défini trois axes de changements qui seront à affiner selon les contraintes légales.

Concernant le premier axe, nous appliquerons en 2015 une légère baisse de nos prix, de 5 % environ, sauf pour les antibiotiques critiques (Cobactan® et Posatex®). Car toute diminution de tarif sur ces molécules serait un risque d’augmentation des usages.

Dans le deuxième axe, nous proposerons ponctuellement en 2015 des baisses de prix, jusqu’à 25 %, sur seulement sept à neuf antibiotiques (soit un quart de notre gamme). Tous nos clients y auront accès dès le premier flacon. Notre objectif est clairement de permettre aux vétérinaires de garder un niveau de marge compatible avec le maintien d’un service de qualité et de proximité auprès de leurs éleveurs.

Et le troisième axe ?

Il consiste à transformer une contrainte en une opportunité en faveur de la prévention. Le taux de vaccination ne dépasse pas 15 à 25 % selon les maladies. Le potentiel est élevé. En 2015, les vétérinaires gagneront mieux leur vie avec nos vaccins, c’est une certitude.

En effet, nous avons décidé de consacrer 2 millions d’euros cette année pour aider les praticiens à développer la vaccination chez les ruminants. Nous financerons, par exemple, des actions de formation ou des expertises techniques…

Cette certitude suppose que vous n’ayez plus de ruptures à l’avenir…

Le mot “rupture” est un peu trop fort. Il est cependant possible de nous reprocher de n’avoir pas assez bien communiqué sur les problèmes d’approvisionnement que nous avons rencontrés. Concernant le vaccin Rotavec®, par exemple, nous avons toujours pu honorer 80 % des demandes… Aujourd’hui, il n’y a plus de soucis. Je ne peux pas promettre qu’il n’y en aura plus jamais, car c’est inhérent à la biologie. Mais nous ferons tout pour qu’il y en ait de moins en moins.

D’ailleurs, notre objectif est de croître de 50 % en vaccins pour ruminants d’ici à 2017, de 6 millions de doses en 2014 à 9 millions en 2017, et jusqu’à 12 millions en 2020. Les vaccins représentent déjà le tiers de notre chiffre d’affaires en France, la moitié dans le monde… En cinq ans, nous avons lancé 17 nouveaux vaccins ! Les vétérinaires pourront se développer avec nous sur ce marché de la prévention.

Quel est le devenir de Cobactan® à base de cefquinome, une céphalosporine de quatrième génération classée comme antibiotique critique ?

Cobactan® n’est pas l’antibiotique critique le plus utilisé. Notre premier objectif est de soigner les animaux. Il ne disparaîtra donc pas de l’arsenal thérapeutique des vétérinaires qui peuvent toujours en avoir besoin.

Abandonnerez-vous la recherche de nouveaux antibiotiques ?

Non, au contraire. Nous avons encore une équipe totalement dédiée à cette recherche en Allemagne. Le groupe Merck/ MSD en santé humaine investit aussi dans de nombreux programmes de recherche sur les antibiotiques. En santé animale, ces travaux sont réorientés vers des classes d’antibiotiques sans risque pour l’homme.

Comment abordez-vous le dispositif “anti-cadeaux” et la signature de conventions rendues publiques ?

Pour MSD, ce n’est pas une révolution. Notre laboratoire signait déjà des conventions avec les vétérinaires et s’interdisait toute forme de cadeaux aux ayants droit. Ces conventions sont signées pour leur seul intérêt scientifique, qu’il soit de portée internationale ou locale. Elles sont évidemment déconnectées des achats d’antibiotiques.

Je ne vois aucun bénéfice à y ajouter une transparence supplémentaire. Toutefois, nous n’avons rien à cacher. Nous nous conformerons à ce qui sera exigé par le décret d’application.

Qu’est-ce qui différencie MSD des autres laboratoires ?

Sans hésitation, nos innovations issues de notre propre département recherche et développement (R & D).

C’est banal. Beaucoup de laboratoires disent la même chose…

Sans doute, mais quel autre laboratoire ne commercialise aucun générique ? Quel autre a développé un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) par voie transdermique (Finadyne® Transdermal) ? Un vaccin porc par voie intradermique (Porcilis® M. hyo ID) ? Pour les animaux de compagnie, quel autre laboratoire a lancé un comprimé contre les puces et les tiques avec 12 semaines d’activité (Bravecto®) ? Quel autre continue à investir dans la R & D des antibiotiques princeps de demain ? Car nous en aurons toujours besoin pour soigner les animaux dans 100 ans. Je pourrais citer d’autres exemples. Notre R & D est vraiment dans notre ADN.

Notre objectif n’est pas d’être les premiers sur le marché, même si nous le sommes en productions animales, mais d’être la meilleure entreprise de santé animale.

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