Génotypage du BoHV-4 en Bourgogne : un modèle de collaboration réussie - La Semaine Vétérinaire n° 1610 du 19/12/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1610 du 19/12/2014

Épidémiologie

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SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Lorenza Richard

La prévalence de l’herpèsvirus bovin de type 4 en Bourgogne est assez élevée. Le séquençage de la souche isolée en Saône-et-Loire laisse supposer une origine belge.

Le génome complet de la souche du bovine herpesvirus 4 (BoHV-4) isolée dans les élevages de Saône-et-Loire a été séquencé dans le laboratoire BioSellal. Les résultats de l’étude épidémiologique de ce virus ont été présentés lors de la journée d’échange organisée à Lyon le 4 décembre 2014.

1 500 bovins abattus en Saône-et-Loire

Quatre exploitations de Saône-et-Loire rattachées à un réseau spécialisé dans la recherche de culards avec une souche blanc-bleu belge ont été confrontées à des problèmes sanitaires graves dès 2008-2009, des métrites et des métro-péritonites après le vêlage et des diarrhées néonatales rebelles aux traitements notamment. Les symptômes se sont diversifiés et aggravés au cours des années (orchites, conjonctivites et, en été, explosion de gales psoroptiques et de piroplasmoses en particulier). Face à l’importante hausse des mortalités, trois troupeaux (plus de 1 500 bovins) ont été éliminés en 2013 et en 2014. Une maladie émergente responsable d’une immunodépression a rapidement été suspectée. Une forte prévalence de BoHV-4 ayant été mise en évidence, l’hypothèse d’une souche hypervirulente a été émise.

En janvier 2014, un groupe de travail a été mis en place entre le groupement technique vétérinaire de Bourgogne (GTVB), celui de défense sanitaire de Saône-et-Loire (GDS 71) et le laboratoire départemental d’analyses vétérinaires (LDA 71) pour venir en aide aux éleveurs et aux vétérinaires et, dans le cadre de la nouvelle gouvernance sanitaire, pour confirmer ou infirmer l’hypothèse d’une émergence.

Une origine belge supposée

Un dossier a été envoyé à la commission épidémiologie de la Société nationale des GTV (SNGTV), au service régional de l’alimentation (SRAL) de Bourgogne, à GDS France et à la plate-forme d’épidémiosurveillance, dont les avis sont attendus.

En parallèle, des facteurs de risque ont été identifiés (génétique, conduite d’élevage). Un effet “milieu à risque” est indéniable, car les femelles introduites séroconvertissent fortement, tandis que les?vaches sorties de l’exploitation depuis plus de deux mois ne présentent aucun problème post-partum. Le séquençage complet de la souche isolée révèle une forte homologie avec la souche V. test isolée dans les années 1990 en Belgique, avec cinq mutations concernant des gènes impliqués dans l’échappement au système immunitaire de l’hôte ou dans la réplication du virus. Selon Claire Pelletier (LDA 71), cela laisse supposer une introduction par des animaux importés de Belgique. Une collaboration avec l’université de Parme (Italie) est à l’étude afin de déterminer si ces mutations sont à l’origine d’une hypervirulence de la souche.

Une prévalence assez importante

Une enquête sérologique présentée par Étienne Petit (fédération régionale des GDS de Bourgogne) révèle que 40 % des élevages bourguignons présentent un bovin positif au minimum et que la séroprévalence moyenne individuelle atteint 12 %. De plus, un lien est avéré entre la présence du virus et les surmortalités des jeunes animaux. En revanche, il n’existe aucune différence de prévalence entre les élevages en lien avec le réseau spécialisé dans la recherche de bovins culards auquel appartenaient les troupeaux touchés et les autres exploitations sauf, peut-être, pour l’exposition aux introductions.

Jean-Louis Laurent, président du GTV 71, reconnaît que « la réalisation de ce travail est un bel exemple de collaboration de la nouvelle gouvernance sanitaire, dont il faut retenir une démarche à suivre lors d’apparition d’une maladie émergente ». Le manque de moyens mis à disposition est toutefois déploré. Un appel est lancé pour le soutien économique des dossiers par l’État.

Précisions sur le BoHV-4

Le BoHV-4, endémique en Wallonie, affecte 3,94 % des avortons et 7,43 % des troupeaux, sans effet géographique, de saison ni de race. 75 % des fœtus infectés sont âgés de plus de 6 mois et les primipares ont moins tendance à avorter d’un fœtus positif en polymerase chain reaction (PCR).

Guy Czaplicki, de l’Arsia (Belgique), rappelle que le virus induit une infection de longue durée. Son implication dans des métrites post-partum et des avortements est démontrée, mais en association avec une bactérie (E. coli) qui réactive la réplication du BoHV-4 au niveau de l’utérus. Le virus créerait une immunodépression favorable à d’autres germes induisant des symptômes cliniques variés.

Une transmission verticale maintient l’infection au sein du troupeau. L’immunité humorale n’est pas protectrice, mais elle est témoin de l’exposition au virus et permet le diagnostic par test Elisa. Le prélèvement de choix pour le diagnostic par PCR sur l’avorton est la rate. Aucune réaction croisée n’est possible entre ce virus et le BoHV-1, car ils n’ont pas de parenté antigénique.

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