Seul un élevage porcin sur deux vaccine contre le circovirus de type 2

Le 24 novembre 2004. C’était hier et pourtant cela fait déjà 10 ans. Le premier vaccin contre le circovirus porcin de type 2, Circovac® (Merial), est enfin autorisé. C’est le soulagement face à la maladie d’amaigrissement du porcelet (MAP) qui décime les portées. Merial a souhaité marquer ce dixième anniversaire et se projeter vers de nouveaux outils, dont l’un de simulation économique.

Circovirus ou circusvirus

« Circovirus ou circusvirus ? » Aujourd’hui responsable marketing et technique porcs-volailles chez Merial, Jean-Bernard Hérin (A 86) a suivi tous les programmes de recherche et de développement sur cette maladie. Il se souvient des débats animés entre les chercheurs qui ciblent le PCV-2 et les « négationnistes » qui moquent ce « circusvirus ». Désormais, le PCV-2 est reconnu comme un agent pathogène majeur et répandu partout dans le monde. « Il est stable et adapté à son hôte. Son éradication n’est pas envisageable. »

Dès 1999, depuis Lyon, Merial est dans les premiers consortiums internationaux de recherche sur ce virus. Cinq ans plus tard, fin 2004, un vaccin made in Lyon, Circovac®, est autorisé pour protéger les jeunes porcelets de la MAP par le colostrum des truies vaccinées. Le vaccin est efficace. La MAP recule chez les porcelets. Le circovirus ne disparaît pas mais se replie chez les individus plus âgés. Des formes cliniques plus frustes et plus tardives apparaissent donc en postsevrage, voire à l’engraissement. À partir de 2008, le premier vaccin destiné aux seuls porcelets est autorisé avec Ingelvac® CircoFlex® (Boehringer Ingelheim), suivi de Porcilis® PCV (MSD) et Suvaxyn® PCV (Zoetis). Une extension d’usage aux porcelets de Circovac® est aussi approuvée en 2010.

Laurel et Hardy

Entre 2004 et 2014, la vaccination des truies, puis des porcelets, a modifié l’infection par le PCV-2. Désormais, les formes subcliniques ou chroniques se traduisent par des performances hétérogènes : des porcs “décrochés”, un syndrome “Laurel et Hardy”…

Mais si le circovirus ne désarme pas, la vaccination marque le pas. Seulement 52 % des éleveurs naisseurs-engraisseurs ont vacciné en 2014 contre le PCV-2 versus 56 % en 2013, selon une enquête annuelle Agrinova menée auprès de 250 exploitations. Cette érosion est plus nette encore avec le taux d’éleveurs qui ont choisi d’arrêter de vacciner contre le PCV-2. Il a presque doublé en 2014, passant de 5 % en 2012 et 2013 à 9 % (^{voir figure 1}).

Les porcs tirent sur la corde

Aujourd’hui, le plus gros marché, celui des porcelets seuls, stagne depuis 2012 à un tiers des élevages vaccinés. Le taux de vaccination des mères est resté stable, aux alentours de 20 % depuis 2007. Mais environ la moitié des éleveurs qui vaccinent les mères vaccinent aussi désormais les porcelets, contre un quart seulement en 2012. Ce marché de la vaccination combinée (mères et porcelets) est d’ailleurs le seul qui progresse (^{voir figure 2}).

Pig simulator avec l’Ifip

Mais comment savoir s’il est pertinent de vacciner les truies ou les porcelets ? Pour identifier sur quels animaux (1^er ou 2^e âge ou à l’engraissement) le PCV-2 circule, Merial distribue un outil original de prélèvement de la salive, la Sanicorde. À tout âge, les porcs en case collective la mâchouillent et l’imbibent de salive. Il y sera détecté le PCV en cas de virémie.

En outre, Merial a collaboré avec l’Institut du porc (Ifip) sur une application web, Pigsim (www.pigsim.com), de simulation économique des performances techniques. Il est ainsi possible de chiffrer l’impact économique d’une maladie qui dégraderait, par exemple, l’indice de consommation, ou à l’inverse, d’évaluer le retour sur investissement d’une vaccination…

Simple d’emploi, l’outil web est accessible sans restriction.